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SE-UNSA 91


 Par SE-UNSA 91
 Le  mardi 15 octobre 2013

Retraites : marée humaine à Paris

 

Des centaines de milliers de personnes ont défilé dimanche à Paris pour réclamer le retrait du plan Fillon sur les retraites et obtenir l’ouverture de nouvelles négociations, une mobilisation d’envergure avec également d’importants cortèges en province.

Ces manifestations ont renforcé la détermination des syndicats à obtenir le retrait du projet de réforme mais François Fillon leur a opposé sans attendre une fin de non-recevoir.

Invité du 20 heures sur TF1, le ministre des Affaires sociales et du Travail a en effet répondu par la négative à la demande des syndicats d’une réouverture des négociations, jugeant que le débat était désormais "politique", avec pour cadre naturel le Parlement.

FO a estimé dimanche que le gouvernement "s’obstine", après le refus exprimé sur TF1 par François Fillon de rouvrir des négociations sur la réforme des retraites, et l’a accusé de n’avoir "toujours pas compris" malgré l’ampleur de la manifestation nationale.

600.000 personnes selon les syndicats ont défilé dans les rues parisiennes (300.000 selon la police), une mobilisation comparable à celle du 1er mai 2002 quand 600.000 ou 400.000 manifestants, selon les sources, avaient condamné la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle.

Au total, quelque 730.000 personnes, selon un décompte effectué par l’AFP à partir de chiffes syndicaux, ont défilé dans toute la France, plusieurs manifestations ayant été organisées en province pour les militants qui n’avaient pu monter à Paris.

La crise a pris une connotation plus politique avec l’appel des partis de gauche au retrait du projet Fillon, alors que Jean-Pierre Raffarin a exprimé "sa détermination sereine".

Le premier secrétaire du PS, François Hollande, présent dans la manifestation parisienne, a jugé que le gouvernement ne devrait "surtout pas présenter mercredi" en conseil des ministres un texte "aussi contesté".

Organisée par la CGT, FO, la FSU et l’Unsa, la manifestation nationale et interprofessionnelle, outre une très forte participation de la Fonction publique, a aussi réuni des salariés du secteur privé (Citroën, Alstom, Air Lib, Toyota).

Devant l’afflux de manifestants, dont un très grand nombre d’enseignants, trois parcours ont été ouverts entre la place de la Nation et la place d’Italie. Les derniers manifestants n’ont commencé à défiler que vers 17h00, quatre heures et demie après le départ du carré de tête.

Hormis quelques personnes prises de malaise, la manifestation s’est déroulée sans incidents dans une ambiance généralement bon enfant et familiale.

Au milieu d’une forêt de drapeaux et de ballons, les pancartes proclamaient : "Dis papy, c’était quoi l’Education nationale ?" ou "Une retraite solidaire ! Pas de fonds de pension précaires !".

Les militants CFDT opposés à la ligne confédérale étaient venus en nombre, arborant des autocollants : "Non à l’accord Fillon/Chérèque !". Le secrétaire général de la fédération des Transports CFDT, Claude Debons, avait pris place au côté des chefs de file des syndicats organisateurs.

En province, des dizaines de milliers de personnes ont également manifesté : à Marseille 40.000 selon les organisateurs, 10.000 selon la police et 18.000 ou 10.000 selon les sources à Avignon, 2.200 à 6.000 à Toulouse, 7.000 à 20.000 à Bordeaux.

Le PS, le PRG et les Verts ont demandé dimanche le retrait d’un plan Fillon qui, selon les sondages, rencontre une incompréhension majoritaire dans l’opinion. Le PCF a réclamé l’ouverture de nouvelles négociations.

Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, s’est félicité de la mobilisation en affirmant : "Si le gouvernement n’entend pas la demande de réouverture des négociations maintenant, ce qui apparaîtrait alors comme une volonté de passer en force, nous nous retournerions vers les salariés et avec eux, nous définirions d’autres formes d’action".

Marc Blondel, secrétaire général de FO, a affirmé être "prêt à repartir le 27 mai avec une grève franche", soulignant qu’il est encore temps de "négocier".

Une rencontre CGT-FO-UNSA-FSU est prévue mercredi après le conseil des ministres.

Selon un sondage CSA pour Le Parisien, la manifestation est perçue positivement par 65% des Français. Par ailleurs, 55%, selon un sondage Ifop pour Dimanche Ouest-France, jugent que le gouvernement "doit engager de nouvelles négociations avec les syndicats" : seulement 24% pensent qu’il doit maintenir ses projets, même au prix d’une épreuve de force avec les syndicats.

Le ministre des Affaires sociales François Fillon devait s’exprimer sur TF1 dimanche soir.

Quelque trois cents personnes ont organisé une contre-manifestation place de l’Hôtel de Ville à Paris à l’appel de cercles libéraux pour dire "oui à la réforme des retraites" et "non au blocage des rues et des transports".