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TĂ©moignage d’un enseignant volontaire pour l’accueil des enfants de soignants
Article publié le samedi 21 mars 2020.
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6h30 en chiffres rouges illumine la nuit... j'ai perdu le rythme depuis que je télé-travaille et que j'ai décalé le réveil d'une heure.

Dans la maison encore endormie, je mĂ©dite devant mon cafĂ© : ai-je raison de m'ĂŞtre portĂ© volontaire pour accueillir les enfants de soignants ?

De prime abord, je m'étais inscrit en tant que volontaire sans me poser de question, poussé par cet élan de solidarité envers les blouses blanches, qui, tous les jours, vont sauver des vies au péril de la leur, du fait de leur proximité avec les malades.

Mais ce matin, je me questionne : est-ce que je ne mets pas en danger mes proches en prenant le risque de ramener ce satanĂ© virus Ă  la maison ? Il faudra que je sois prudent et que je respecte les gestes barrières !

Et pour moi ? Je suis en forme et ne fais pas partie des personnes Ă  risque, je me dis que ça devrait aller...

 

Après un petit voyage en voiture, accompagné de mon laisser passer recopié à la main (car mes filles ont vidé les cartouches d'encre pour leur école à la maison), je me rends à l'école.

LĂ , je rencontre la directrice qui est dĂ©jĂ  lĂ  et prĂ©pare des tableaux de prĂ©sence, rĂ©pond au tĂ©lĂ©phone, gère des mails, organise, me fait visiter les locaux, me donne des consignes... Le tout dans une ambiance accueillante. L'intensitĂ© du travail des directeurs ne tarit donc jamais et encore moins lorsqu'il faut organiser l'Ă©cole Ă  distance en plus de tout le reste !

 

8h20 : Après quelques mots Ă©changĂ©s avec l'autre collègue volontaire qui a mis de cĂ´tĂ© sa classe Ă  distance jusqu'Ă  ce soir (nous sommes 2 pour 20 Ă©lèves maximum), j'entends les enfants du pĂ©riscolaire (eh oui, ces fonctionnaires de la ville sont lĂ  aussi, en première ligne!) qui arrivent et des parents et enfants qui entrent dans l'Ă©cole.

Certains enfants ne sont pas rassurĂ©s, car ils ne connaissent ni les locaux, ni les adultes de cette Ă©cole d'accueil. Nous rassurons donc les enfants et leurs parents et j'en profite pour demander Ă  des mamans infirmières des nouvelles du climat Ă  l'hĂ´pital ;

La rĂ©ponse est claire : c'est dur, il y a de plus en plus de malades, de plus en plus de cas graves et mĂŞme des patients de plus en plus jeunes. C'est dur Ă©galement pour tout le personnel soignant qui fatigue, tombe malade... , mais se rend au travail sans hĂ©sitation pour sauver des vies !

A ce moment, j'ai rĂ©alisĂ© que j'avais bien fait de venir ce matin et d'apporter un peu de solidaritĂ© Ă  ces personnes qui remplissent si bien leur rĂ´le de fonctionnaires ! (vous savez, ceux qui sont tant dĂ©criĂ©s et jalousĂ©s)

 

Une fois les mains désinfectées, les 7 élèves de la GS au CM2 installés à un mètre d'écart, je peux commencer à aider chacun des élèves à faire le travail que leur enseignant leur a préparé à distance (et je peux constater l'investissement important de chacun de mes collègues en cette situation inédite).

Cependant, je réalise alors qu'il n'est pas possible de garder l'écart d'un mètre pour travailler en individuel avec ces enfants et en plus, sans masque... mais cette pensée s'envole vite lorsqu'un enfant me demande de l'aide...

 

13h30: L'après midi a Ă©tĂ© plus dĂ©contractĂ© : nous avons fait art visuel, lecture...

 

16h30: Puis est venu  le temps de rendre les enfants au pĂ©riscolaire et Ă  des parents, dont une soignante de nuit qui après avoir dormi quelques heures devait bientĂ´t y retourner.

 

Bilan de la journĂ©e :

Je sors de l'école content d'avoir été solidaire avec les familles de soignants, mais tout cela avec un risque de contamination...

Ceci m'a permis aussi de rencontrer ces fonctionnaires, qui, avec altruisme, font tourner au mieux ce service public, qui, pendant des années a été négligé, dépecé et même moqué par certains...

Il est donc grand temps qu'on se rappelle que la France n'est pas une « startup nation Â» mais bien un pays fait d'humains qui ont besoin de services publics de qualitĂ©, utiles Ă  la population, pourvus d'Ă©quipements et de moyens matĂ©riels suffisants, avec du personnel reconnu, bien considĂ©rĂ© et capable avec des moyens adaptĂ©s et suffisants de nous protĂ©ger tous les jours et mĂŞme en cas de coup dur !

FF
 

 
 
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