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SE-UNSA 88


 Par SE-UNSA 088
 Le  jeudi 22 février 2024

CDEN du 22 février 2024 - ce fut bref !

 

Petit rappel: Le CDEN (conseil départemental de l'Education Nationale) est composé de differents représentants :

- de l'administration EN, DASEN, IA, responsable pôle premier degré ...

- des collectivités locales (mairies et conseil général) ;

- des usagers (fédérations de parents d'élèves , DDEN, Ligue de l'enseignement, UDAF, ...).

 - des organisations syndicales représentant les personnels des établissements d'enseignement et de formation. 

Il est présidé par Madame le Préfet

LE CDEN de ce jour a été bref : après le "choc des savoirs", c'était en effet aujourd'hui le "choc des annonces" puisque un décret paru ce matin annonce que 691 millions d'euros sont supprimés du budget de l'enseignement scolaire...soit la suppression d'un grand nombre de postes dans l'Education nationale - voir la déclaration intersyndicale 88 de ce jour en PJ -

Les représentants des Organisations syndicales ont donc quitté l'instance du CDEN après avoir lu leurs déclarations liminaires, afin de montrer leur incompréhension et leur indignation.


Vous trouverez ci-dessous la déclaration préalable de l'UNSA Education 88 lue en début d'instance.

 

Madame la préfète,

Madame l’Inspectrice d’Académie,

Mesdames et messieurs les membres du CDEN,

 

C’est dans un contexte d’instabilité ministérielle, de dénigrements assumés et revendiqués de l’école publique et laïque, de propos mensongers et irrespectueux contre ses personnels, de changements de cap et de directions sans évaluation des dispositifs établis, d’effets d’annonces sans information des professionnels, d’absence de cadre législatif que notre éphémère ministre de l’Education a mis à mal les personnels.

Les principales mesures budgétaires pour la rentrée 2024 actées au plan national se déclinent donc désormais localement. Vous présentez, Madame l’Inspectrice, la répartition des moyens entre les différentes écoles vosgiennes et différents collèges vosgiens. Elles se traduisent par la perte de 38 Equivalents Temps Plein dans le primaire et de 5 ETP dans les collèges dans un contexte de baisse démographique dans notre département des Vosges. Mais il serait intéressant de mettre en face de cette courbe descendante une autre courbe, invisible mais pourtant bien réelle et en hausse constante : celle du nombre d'élèves en grande difficulté sociale ou en détresse psychologique, comme les élèves de DITEP que l’Etat veut inclure au forceps dans l’acte II de l’école inclusive, mais aussi celle du nombre d'élèves allophones, celle du nombre d'élèves à besoins éducatifs particuliers de plus en plus nombreux à être identifiés par la MDPH.

Constatez avec nous que si le taux d’encadrement est effectivement maintenu, il n’en demeure pas moins que les conditions d’enseignement ne permettent pas de favoriser la réussite de tous les élèves.

Avec cette baisse de moyens, il n’y a aucune possibilité d’augmenter la brigade de remplaçants dans le primaire, ni même d’abonder les RASED qui font cruellement défaut dans nos territoires ruraux dépourvus d’établissements médico-sociaux !

En Collège, les remplacements sont de plus en plus souvent assurés par des contractuels, parfois peu formés, car les Titulaires sur Zones de Remplacement sont nommés à l’année en raison de la pénurie dans le recrutement des enseignants. Les PACTES, quand ils sont pris, sont une solution de remplacement court qui n’est pas durable sur l’ensemble de l’année.

Ces moyens ne permettent pas non plus l’installation de la réforme baptisée « choc des savoirs » et voulue par le Premier Ministre. Aujourd’hui, au lieu des trois groupes annoncés, seuls deux groupes de niveaux sont financés dans 10 établissements et 5 collèges vosgiens travailleront avec un seul groupe de niveau. Les groupes de niveaux dont Mme Belloubet, nouvelle ministre de l’Education Nationale, ne veut plus prononcer le nom et qu’on cache sous les euphémismes de « groupes de besoin » ou « groupes de réussite » sont en réalité financés par la disparition du dispositif de soutien en Français et en Mathématiques réalisé l’an dernier par les enseignants du primaire, et seuls 20% des établissements vont disposer de moyens supplémentaires pour les mettre en place. Les principaux de collèges ne voient par ailleurs pas les moyens à mettre en face du théâtre et de l’histoire des Arts au point que les collègues d’Education Musicale et d’Arts Plastiques s’inquiètent et se demandent si le gouvernement ne va pas prendre sur leurs horaires d’enseignement.

En conséquence, faute de moyens, les enseignants et les chefs d’établissement vont au devant d’une dégradation de leurs conditions de travail pour la rentrée 2024. Les groupes de niveaux seront difficiles à mettre en place dans bon nombre d’établissements qui ne disposent pas du nombre d’enseignants nécessaire ou qui partagent les professeurs de Mathématiques et de Français en Complément de Service. A ceci s’ajoute une désorganisation générale des emplois du temps des personnels.

Disons un mot ici aussi de la dégradation des conditions de travail des AESH qui se plaignent de ne plus pouvoir suivre la scolarité des élèves dont elles ont la charge depuis la mutualisation accélérée installée dans les PIAL. Comment venir en aide à un élève en devoir quand on n’a pas assisté à tous les cours de l’enseignant ? L’UNSA rappelle à ce titre qu’elle réclame pour les personnels AESH la création d’un corps spécifique de fonctionnaires, la création d’une indemnité de fonction qui tienne compte des sujétions du métier et la comptabilité des temps de déplacement pour les AESH exerçant sur plusieurs établissements.

Pour finir, l’UNSA-EDUCATION constate que les AESH sont de plus en plus nombreuses à subir des violences régulières ce qui  lui donne l’occasion de rappeler que, même si elle est favorable à une politique d’inclusion centrée sur le bien-être et la bienveillance à l’égard des élèves, celle-ci n’est pas toujours souhaitable ni possible en milieu ordinaire.

Cette baisse des moyens occasionnant une dégradation des conditions de travail n’est pas passée inaperçue chez les parents d’élèves. Bon nombre d’entre eux, dans plusieurs villages vosgiens, ont voulu par voie de presse attirer l’attention, qui sur la disparition d’une classe, qui sur la menace pesant sur une école rurale.

Alors aujourd'hui, Madame l’Inspectrice d’Académie, nous nous faisons l’écho non seulement de notre profession, mais aussi des parents et des élus que nous avons rencontrés lors de nos échanges sur la carte scolaire.

L’UNSA-EDUCATION espère qu’un retour à la stabilité au sein du Ministère de l’Education sera à même de corriger la réforme du « choc des savoirs » telle qu’elle existe aujourd’hui en en revoyant l’esprit et les moyens.

Nous terminons en remerciant les services de l’Inspection pour les documents communiqués et pour la qualité des échanges lors des groupes de travail.

Je vous remercie pour votre attention.

 

Vous trouverez en pièce-jointe le communiqué intersyndical lu devant la Préfecture à l'issue de ce CDEN.