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SE-UNSA 88


 Par SE-UNSA 088
 Le  dimanche 3 mai 2020

Le 11 mai ... mais !

 

Au sujet de la reprise, le SE Unsa 88 ne fait pas d'effet de manches, de menaces ou d'appel à la grève... car chacun doit prendre sa part dans cette situation grave et inédite  et on veut croire à l'histoire du colibri...

Cependant, on aurait préféré qu’on parle d’"accueil" plutôt que d’école à partir du 11 mai, car ça correspond davantage à la réalité de ce qui va se passer  ...et ça aurait aidé les parents à comprendre que ce ne sera  pas vraiment l’école d’avant avec ses apprentissages et que garder son enfant à la maison ne va pas  le pénaliser pour sa scolarité. C’était plus honnête et évitait les tergiversations parentales de ceux qui ont en effet le choix. 

On aurait élargi l’accueil des soignants aux enfants dont les parents ne peuvent pas être en télétravail et à ceux qui voulaient venir faire leurs devoirs en classe, cela aurait évité les inquiétudes et des fausses joies, comme celle de faire croire à un moment  à un retour au système précédent avec de réelles activités scolaires et les retrouvailles avec les copains ...

D’autant que le télétravail paraissait bien installé ... D’ailleurs d’aucuns veulent continuer à préparer leurs cours / activités comme en télétravail afin de pouvoir l’envoyer à tous et le faire en classe avec les élèves présents ...

De plus, pour  la pédagogie, le télétravail permettait de suivre 90% des enfants,  et à partir du 11 mai ? un tiers ? La moitié au mieux ?

Il a été dit - et c'est une bonne chose! - que l'enseignant en classe ne doublait pas sa journée par du télétravail, alors ? un autre collègue s'occupera des enfants restés chez eux ? sur quel programme ?

De la même façon, que deviennent les élèves dont l’enseignant(e) est en télétravail pour raison de santé / vulnérabilité ? Seront-ils accueillis par un(e) collègue masqué(e)  dans une autre classe que la leur avec peut-être même un autre niveau ???

Que penser de l'accueil des petits ? quel plaisir pour eux ? ils ont besoin de mouvement, de manipulation, de concret, d’aide à la concentration. Ils requièrent des activités variées, avec des alternances concentration-action, comme beaucoup mais en plus vital pour eux. L'école leur a appris la socialisation, le jeu avec les autres, le partage et tout va changer ...

Quant aux espaces, l’effectif maximal devrait être de 10 élèves en primaire et de 5 à 8 en maternelle, notamment compte tenu de la taille des salles de classe qui se réduit au vu de la neutralisation de certains endroits. La notion de distanciation entre les élèves n’inclut pas celle de l’enseignant, il faut donc 2 mètres entre chaque élève pour que l’enseignant puisse circuler.

Qu'en est-il  enfants en situation de handicap, bénéficiant ou non d’une aide humaine et qui ont besoin d’être « manipulés »,  aidés de façon rapprochée ? Comment être AESH et ne pas s'approcher de l'élève, ne pas toucher ses affaires ? 

Les ATSEM également s'interrogent : Comment s’occuper d’un « accident » sans toucher l’enfant et en respectant la distanciation ?  Leur rôle déjà crucial va l’être encore plus avec ce lavage des mains systématique et répété près de 10 fois par jour pour chaque enfant...

Un mot encore sur les directeurs* dont nous admirons l'engagement dans ces délais contraints : informés la veille du 1er mai, les directeurs d'école doivent consulter les municipalités, les parents, les collègues et "rendre leur copie" en début de semaine... que de réunions, de visio, d'inetrrogations, de préparations, de coups de fil sur un grand week end...Pourquoi ces délais contraints alors que l'annonce de la reprise éventuelle date du lundi de Päques ?  (mais si, rappelez-vous, ce lundi qui débutait la quinzaine de "vacances" où on a cru pouvoir reprendre notre souffle après la mise en route à marche forcée du télétravail et où l'annonce présidentielle a  juste ajouté un peu de questions à notre charge mentale déjà conséquente..) Ces délais sont raccourcis par la parution tardive ( ce 3 mai pour la version officielle) des protocoles sanitaires à décliner localement le plus rapidement possible pour un retour aux familles...

Il aurait mieux valu, pour la reprise de l’activité économique, décider de n’accueillir que les enfants de soignants et de parents pour lesquels le télétravail est impossible, en élargissant l'accueil à l'aide aux devoirs. Et c'est peut-être ce à quoi ça va finalement ressembler car les parents sont eux aussi inquiets des informations contradictoires concernant ce virus méconnu et dangereux.

D'autant que l’éducation aux gestes barrière, la contention des ardeurs inhérentes à l’âge de nos élèves, l’hyper-vigilance requise pour les faire respecter ne va sans doute pas laisser beaucoup de temps pour les apprentissages chez les plus jeunes.

 
*Le SE-Unsa souhaite la création d’une fonction de directeur d'établissement public d’enseignement : l’enseignant des écoles, directeur de cet établissement et déchargé totalement, serait alors un interlocuteur institutionnellement reconnu.Nos articles sur le sujet : http://sections.se-unsa.org/88/spip.php?rubrique10

De nombreuses questions demeurent, c'est pourquoi le Se Unsa intervient dans les différents GT et CHSCT en prenant en compte vos questions et remarques (qui sont toujours les bienvenues par mail au 88@se-unsa.org)

Nous n'avons pas pour habitude de nous détourner de nos responsabilités à l'UNSA, mais un retour à l'école ne saurait se faire si les professionnels que nous sommes ne sont pas certains de la mise en oeuvre possible de ce protocole.

En cas de manquement à la sécurité, le Se Unsa vous rappelle que les déclarations se font en ligne , voir notre article Dématérialisation des registres santé et sécurité au travail, danger grave et imminent