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Circulaire de rentrée 2010 : les commentaires du SE-UNSA
Article publié le mercredi 7 avril 2010.
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La publication au BOEN du 18 mars de la circulaire de rentrée du ministère confirme bien des contradictions contenues dans la politique gouvernementale en matière d’éducation. Elle s’inscrit « dans la continuité des réformes engagées ces dernières années » en omettant de faire un bilan sur l’application de celles-ci et fait comme si tout allait bien « dans le meilleur des mondes possibles ».

Selon le texte, elle marque « une étape nouvelle et décisive avec la réforme du lycée et la refonte de la formation des enseignants ». Alors que cette dernière consacre l’arrêt de mort d’une formation professionnelle digne de ce nom, la réforme du lycée ouvre au contraire des pistes intéressantes dans l’accompagnement éducatif des élèves et la préparation à une relative autonomie des lycéens tout en tentant un certain rééquilibrage des filières.

La circulaire décline cinq principes directeurs de la maternelle au lycée :
- maîtriser les fondamentaux et ancrer l’éducation artistique et culturelle,
- personnaliser les parcours scolaires,
- responsabiliser les équipes et les élèves à tous les niveaux,
- accélérer le développement du numérique à l’école,
- renforcer la politique de santé et la pratique du sport.

1) Dans le premier degré, le ministère enfonce des portes ouvertes.

Sur le ton de l’injonction, la circulaire se réfère, dans tous les domaines abordés, aux textes et dispositifs déjà existants. Cette succession d’affirmations d’éléments connus de tous non seulement n’apporte rien de nouveau, mais laisse en plus le sentiment désagréable que les enseignants sont ainsi rappelés à l’ordre. Florilège :
- « Garantir l’application pleine et entière des programmes ». Oui, mais comment avec un temps scolaire de 24 heures et des contenus d’enseignement plus lourds ? Les incantations ne résolvant rien, le ministère préconise de renforcer la « maîtrise des automatismes de base en français comme en mathématiques » ! Enseigner des automatismes… tout un programme.

- « Donner sa pleine mesure à l’aide personnalisée ». La circulaire se contente ici aussi de rappeler les dispositifs existants (pédagogie différenciée, aide personnalisée, stages de remise à niveau, PPRE, Rased, maîtres surnuméraires) qui ont pour objectif de « rendre très exceptionnel le recours au redoublement ». Soit. Sauf que dans le même temps, les Rased ne sont toujours pas complets, les départs en stage Capa-SH se réduisent à peau de chagrin et les 1500 postes supprimés l’an passé ne seront pas récupérés. 

- Aménagement du temps scolaire : la circulaire précise : « Avec le concours des corps d’inspection, les inspecteurs d’académie, directeurs des services départementaux de l’Éducation nationale, soutiendront et accompagneront les projets d’école qui prendront explicitement en compte l’aménagement du temps scolaire pour en améliorer l’efficience, dans le respect des rythmes de l’enfant : semaine de neuf demi-journées, horaires décalés, articulation avec l’accompagnement éducatif, etc. (…) Les recteurs et les inspecteurs d’académie seront attentifs à la gestion des rythmes scolaires, en relation avec les collectivités locales, les parents d’élèves et les enseignants. En visant avant tout l’intérêt de l’enfant, ils étudieront les formules les plus adaptées aux besoins de l’élève. L’organisation de la semaine en neuf demi-journées (du lundi au vendredi en incluant le mercredi matin) est encouragée chaque fois qu’elle rencontre l’adhésion ». Encore une fois, rien de nouveau sur le fond puisque l’aménagement sur 9 demi-journées ou les horaires décalés sont des possibilités mentionnées dans la circulaire n°2008-082 du 5 juin 2008 relative à l’organisation du temps d’enseignement scolaire et de l’aide personnalisée dans le premier degré. L’emballement médiatique autour de cette question ces derniers jours laisse songeur.

- Les réseaux « ambition réussite » évalués et dévoyés dans le même temps : la circulaire rappelle que l’établissement du bilan des quatre premières années de mise en place des RAR aura lieu au cours de la prochaine année scolaire. Mais au lieu de renforcer la politique d’éducation prioritaire dans ces écoles et collèges, le ministère semble au contraire inciter les élèves à fuir ces secteurs et demande aux enseignants de veiller « à ce que les parents des élèves scolarisés dans une école relevant d’un RAR soient informés de la possibilité qui leur est offerte de solliciter le collège de leur choix. Les établissements évités bénéficieront d’une attention particulière des autorités académiques et de la mobilisation des corps d’inspection, afin d’identifier les raisons de la désaffection des familles (…) ». La désectorisation relève bien d’une logique de ghettoïsation institutionnalisée. C’est inadmissible et contraire à la logique qui avait présidé à la mise en place de la politique d’éducation prioritaire. Au lieu d’inciter et de favoriser la mixité sociale, le ministère légitime la ségrégation.

- D’autres annonces transversales concernent aussi l’école primaire : prévention de l’illettrisme (déclaration d’intention sans annonce particulière) ; garantie à tous les élèves les moyens de la maîtrise du socle commun (via le livret de compétences existant) ; ancrage de l’éducation artistique et culturelle (ressources disponibles sur education.arts.culture.fr) ; lutte contre l’absentéisme scolaire ; réponse aux besoins éducatifs particuliers des élèves ; lutte contre les violences à l’Ecole (renvoi aux « Etats généraux de la sécurité à l’Ecole ») ; appropriation de symboles républicains ; éducation au développement durable ; développement du numérique à l’école (annonce prochaine d’un plan numérique) ; stimulation de l’apprentissage des langues vivantes ; mise en œuvre dans chaque école d’un projet éducatif de santé ; développement des pratiques sportives…

Conclusion : pour le ministère, il est urgent de tout faire, de faire mieux, de faire plus. Rien n’est hiérarchisé. Dans ce panorama exhaustif, aucune priorité n’est dégagée. Ou plutôt tout est prioritaire. N’y a-t-il pas là de quoi décourager un peu plus les collègues du premier degré, vu le sentiment d’amertume vécu quotidiennement dans les écoles ? Faire toujours plus avec toujours moins est l’idée directrice du texte. Commencer par reconnaître ce qui est fait, et bien fait, par nos collègues avant de définir quelques actions ciblées aurait sans doute été plus constructif et mobilisateur.

2 - Dans le Second degré

A) Au Collège
Mise en œuvre du socle commun :

Les attestations de maîtrise des connaissances et des compétences du socle commun renseignées au palier 1 et au palier 2 donnent des « éléments d’information pour la mise en place de l’aide et de l’accompagnement au travail nécessaires aux élèves en difficulté scolaire ».
La circulaire rappelle que « tous les enseignements et toutes les disciplines ont un rôle à jouer dans l’acquisition des compétences du socle commun, et donc dans leur évaluation  ».
Une nouveauté : à partir de la rentrée 2010, les collèges disposeront d’une application numérique appelée « Livret personnel de compétences », permettant de renseigner « les compétences validées, d’éditer les attestations pour les familles et d’assurer la transmission des données vers l’application Notanet  ».

Première session du nouveau DNB :

Pour la première fois, la maîtrise des sept compétences du socle sera prise en compte dans la délivrance du DNB à la session 2011. La validation du socle sera examinée par le conseil de classe du 3ème trimestre de troisième et en définitive arrêtée par le chef d’établissement.
De manière symptomatique, cette entrée en vigueur effective du socle coïncide avec l’introduction d’une énième note, en l’occurrence pour complaire à la volonté présidentielle de généralisation de l’histoire des Arts dans le système scolaire. Le SE UNSA continue à réclamer une rénovation profonde du DNB : pour nous, ce diplôme doit correspondre à la validation des compétences du socle et à elle seule. Il faut donc que cesse la juxtaposition de la logique de la note chiffrée et de la moyenne qui masque la réalité des acquis des élèves, et la logique des compétences qui est au cœur du socle.

B) Au lycée

Accompagnement personnalisé  : la circulaire rappelle que tous les enseignants sont « potentiellement concernés par l’accompagnement personnalisé, qui a vocation à être inscrit dans leur service  » et que dans cette perspective, « ils devront développer le travail en interdisciplinarité  ». Si l’on peut partager ces objectifs, il est impératif que les actions de formation soient à la hauteur et qu’un maximum d’enseignants y participe.

La circulaire fait des chefs d’établissement les piliers de la mise en œuvre de la réforme. Si cela n’est pas faux, l’insistance de la circulaire est un peu maladroite. Pour autant, on est heureux de voir écrit qu’il « leur incombe en particulier de veiller au respect des objectifs des nouveaux dispositifs ainsi qu’à leur cohérence globale. Par exemple, l’accompagnement personnalisé ne doit pas se limiter à du soutien dans une ou deux disciplines ; il comprendra obligatoirement un temps de conseil à l’orientation pour tous les élèves  ». Là aussi, une formation pédagogique spécifique semble indispensable.

De même, la circulaire a le mérite de borner l’autonomie des EPLE. Celle-ci ne peut se comprendre qu’en référence à des objectifs nationaux. C’est pourquoi il est opportun que le texte insiste sur la nécessité de prélever deux heures sur l’enveloppe de 10 h 30 afin de porter l’accompagnement personnalisé (AP) à un volume de quatre heures professeurs. Ces deux heures ne seront pas « prises aux disciplines  » : elles sont équivalentes aux 2 heures d’aide et de soutien (AI) qui existaient dans l’ancienne grille. Ainsi, il devient possible de mener l’accompagnement dans le cadre de groupes à effectif réduit, et en lien avec des besoins différenciés si les chefs d’établissement (et les équipes !) prennent soin de mettre en barrettes deux ou trois divisions de seconde. Notons au passage que, très souvent, les adversaires de la réforme refusent d’abonder les 2 heures élèves de l’AP, ce qui leur permet ensuite de dénoncer l’inefficacité d’un accompagnement « à 35 élèves ».

Développer les enseignements technologiques à vocation industrielle

La circulaire se termine sur une « invitation » à ce que les enseignements technologiques à vocation industrielle « bénéficient d’une implantation dans un plus grand nombre d’établissements. De même, les lycées, encore trop nombreux, qui ne proposent pas aujourd’hui de formation technologique de cycle terminal à vocation industrielle seront incités à développer progressivement ces enseignements, dont la rénovation aura considérablement allégé les équipements nécessaires ».

Le SE-UNSA ne peut que souscrire à un tel « souhait » : reste à espérer que le ministère ne se contente pas d’émettre des vœux pour qu’advienne un réel pilotage du système éducatif et de ses priorités…

Langues vivantes

La circulaire tente d’imposer l’organisation systématique en groupes de compétences, ce qui n’est pas acceptable. Une incitation peut être souhaitable, dans la mesure où cette organisation conduit à un travail collectif, une diversification des entrées pédagogiques et une amélioration de l’évaluation des compétences réelles des élèves. Pour autant, elle ne saurait être généralisée brutalement alors que moins de 10% des lycées l’ont expérimentée.

« À la rentrée 2010, l’enseignement par groupes de compétences en langues vivantes 1 et 2 est généralisé au lycée. Les horaires de LV1 et de LV2 ont été globalisés à cet effet et harmonisés entre les séries de la voie générale.

Un alignement des horaires de langues vivantes dans les emplois du temps est préconisé pour faciliter ce mode d’organisation. La constitution des groupes est modifiable au cours de l’année. Elle est indépendante de la série, du statut de la langue choisie (LV1, LV2, voire LV3 pour certaines langues) et de l’organisation par classe. Le regroupement d’élèves de lycées généraux, technologiques et professionnels d’un même secteur est à encourager. »

La promotion des langues vivantes tient ensuite de la collection de voeux pieux reposant sur les initiatives des établissements. A coup de « il convient de… », elle cite le développement de « partenariat avec un établissement scolaire étranger », afin de favoriser la mobilité des élèves, et le développement de l’enseignement en langue étrangère de disciplines autres que linguistiques », lequel « sera étendu peu à peu, en tenant compte des ressources des établissements »….

Référent culture

Dans chaque lycée, le proviseur désignera un « référent culture », professeur volontaire en charge de l’animation de la vie culturelle de l’établissement et des contacts avec le monde culturel. 

La voie professionnelle

La circulaire met l’accent sur la carte des formations, en particulier sur la nécessité de calibrer l’offre de formation en fonction des nouveaux parcours possibles, surtout en 1ère professionnelle.

« Une attention particulière est portée à la classe de première professionnelle. Pour cette classe, l’effet des passerelles, des poursuites d’études, ainsi que l’effet de l’accompagnement personnalisé sur l’évolution des effectifs en cours de cycle et les départs vers l’apprentissage doivent faire l’objet de vigilance dans les prévisions d’effectifs et dans l’évolution de la carte des formations. »

La mise en œuvre de l’accompagnement personnalisé est une autre priorité

 « En ce qui concerne les dispositifs d’accompagnement personnalisé en baccalauréat professionnel, il convient de s’assurer que les heures prévues sont bien attribuées, de continuer la mobilisation des inspecteurs, des chefs d’établissement et des équipes pédagogiques ainsi que la production de ressources. Ces dernières, ainsi qu’un guide questions-réponses, seront rendues accessibles, au niveau national, sur le site Eduscol ».

 
 
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