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Violences Ă  l’Ă©cole : le ministre de l’Ă©ducation aura-t-il le courage d’engager un travail de long terme ?
Article publié le mercredi 7 avril 2010.
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Luc Chatel a annoncé la tenue d’états généraux de la sécurité à l’École suite à des incidents graves. Ils auront lieu ces 7 et 8 avril 2010 à Paris. Le premier "plan violence" avait été lancé par Jack Lang en 1992. Les plans et les annonces se sont succédé depuis. Sans succès. Le ministre aura-t-il le courage d’amorcer un travail à long terme ?

La violence revient au premier plan médiatique, après les incidents dans des établissements du Val-de-Marne (académie de Créteil). La colère des personnels traduisant un réel désarroi, un sentiment d’abandon de la part d’un ministère jugé trop éloigné des préoccupations quotidiennes de terrain.

Existe-t-il une montée de la violence ? Les réponses des spécialistes sont diverses et parfois contradictoires. Interrogé par le site en ligne Rue89, un représentant du Syndicat de la magistrature déclarait (1) : "Dans les faits, le parquet de Créteil, dont dépend le Val-de-Marne, ne constate pas d’augmentation de la violence scolaire dans le département. Ce n’est pas un fait sociologique. C’est […] une déformation liée à la focalisation des médias et à la mobilisation des enseignants." Il est vrai que la médiatisation des faits les plus gravissimes masque leur caractère exceptionnel et imprévisible. Si la presse monte parfois en épingle les évènements ayant lieu dans des secteurs "difficiles", force est de constater que les violences extrêmes, en cas de passage à l’acte individuel, peuvent concerner tous les types d’établissement, urbains ou ruraux, en ZEP ou en centre-ville, publics ou privés.

Pourtant, nombre de chercheurs ont le sentiment qu’on "peut supposer" que la violence s’accroît. Mais il n’y a pas d’outil d’évaluation fiable (2), depuis la disparition nécessaire du très contestable logiciel Signa. On sait qu’il peut y avoir un écart entre le sentiment d’insécurité, et l’insécurité elle-même. Mais les actes de violence en réunion, par intrusion "pour régler un compte" ou à l’intérieur des établissements, sont une réalité sur laquelle il ne faut pas fermer les yeux. Au-delà même des agressions violentes, c’est l’accumulation des incivilités, l’impossibilité de commencer effectivement le cours, la démultiplication des incidents verbaux ou des provocations, les phénomènes de groupe, aussi, qui conduisent les élèves et les personnels à venir le matin "avec une boule au ventre" (3).
Dans certains cas, la question de la sécurisation des locaux peut se poser. Plus largement, la suppression de dizaines de milliers de postes en quelques années (50 000 en trois ans) a entraîné une diminution sensible du nombre d’adultes assurant une mission de surveillance ou plus simplement une présence, avec des répercussions incontestables. L’augmentation de la présence d’adultes est une urgence nécessaire mais pas plus suffisante que les solutions miracles énoncées hier (portiques) ou aujourd’hui (vidéosurveillance).

Le droit à la sûreté
La question des violences se pose à plusieurs niveaux. Il nous faut donc différencier violence et stress lié à la dégradation des conditions de travail, aux tensions liées à la ghettoïsation qui pose des problèmes tout à fait particuliers. Même quand deux établissements accueillant des populations similaires connaissent des problèmes de violence et d’incivilités, il y a toujours une spécificité de l’environnement local. Depuis vingt ans d’ailleurs, tous les "plans miracles" ont échoué : si les états généraux annoncés par Luc Chatel pour avril ont un sens, c’est bien pour amorcer un travail de fond qui prendra, on le sait du temps, à un rythme bien plus long que celui du temps médiatique ou politique. Si le "droit à la sûreté" figure dans la Déclaration de 1789, les réponses ne seront efficaces que si elles sont aussi sociétales et éducatives. La fédération UNSA Éducation et ses syndicats sont prêts à s’investir dans le débat sans angélisme ou démagogie : le ministre aura-t-il le courage d’amorcer un travail à long terme ?

(1) www.rue89.com "Non, la violence scolaire ne grimpe pas par contagion", 16 février 2010.

(2) Interviews d’Éric Debarbieux, universitaire spécialiste de la violence à l’école, et de Sébastian Roché, chercheur spécialisé dans la violence des jeunes dans Le Monde du 18 février 2010.

(3) Témoignages d’enseignants et de personnels d’éducation dans Libération du 16 février 2010.

 
 
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