Déclaration liminaire de l’Unsa-Éducation au CSA-SD des Vosges le 16 février 2024

Madame l’Inspectrice d’Académie, Mesdames et Messieurs les membres du CSA SD,

La baisse drastique des postes alloués à notre académie de manière générale et les fermetures de classes, beaucoup trop nombreuses dans notre département, ne pourront que dégrader les conditions de la rentrée 2024 pour les élèves et les personnels.

Certes, la baisse démographique se poursuit, comme on peut le constater malheureusement, mais il serait intéressant de mettre en face de cette courbe descendante une autre courbe, invisible mais pourtant bien réelle, celle du nombre croissant d' élèves en grande difficulté sociale, d' élèves qui "débordent du cadre", d'élèves allophones, d'élèves à besoins éducatifs particuliers...

Cette baisse démographique pourrait être l’occasion d’offrir un meilleur accompagnement de tous les élèves et de meilleures conditions de travail pour leurs enseignantes et enseignants.

Il ne faudrait pas négliger deux particularités propres à notre département : des écoles en zone urbaine qui nécessitent d’être en éducation prioritaire, et des écoles en zones rurales, pour certaines désavantagées socialement et culturellement.

C'est peut-être ce qui explique le grand élan citoyen que cette carte scolaire a suscité. Vous avez, de votre côté Mme l’Inspectrice d’Académie, reçu bon nombre d’élus, de parents d’élèves, en proie à de vives inquiétudes quant au devenir de leurs écoles. A l’UNSA Education, si la carte scolaire se faisait par le passé quasiment uniquement en lien direct avec les collègues et les écoles, nous avons vu les sollicitations arriver de toutes parts cette année. Qu’en déduire, si ce n’est que toutes les parties en présence constatent unanimement la dégradation du service public d’éducation ? Nous ne comptons plus les articles de presse qui recensent les actions pour faire entendre la voix des habitants de communes qui ne comprennent pas pourquoi on retire une classe à « leur » école alors que les effectifs  mettaient les élèves dans des conditions idéales d’apprentissage…

 Alors aujourd'hui, Madame l’Inspectrice d’Académie, nous nous faisons l’écho non seulement de notre profession, mais aussi des parents et des élus que nous avons rencontrés lors de nos échanges sur la carte scolaire : il nous faut davantage de postes pour préparer la rentrée scolaire 2024 ! Et nous espérons, Madame l’Inspectrice d’Académie, que vous saurez vous faire le relais de cette demande forte de nos collègues, des parents d’élèves et de nos élus pour obtenir quelques-uns des 150 postes mis en réserve au Ministère (ils avaient été annoncés lors du CSA MEN de décembre dernier).

En effet, si le taux d’encadrement est effectivement maintenu, il n’en demeure pas moins que les conditions d’enseignement ne permettent pas de consacrer autant de temps que nécessaire pour la réussite de l’ensemble des élèves.

Avec  cette baisse de moyens, il n’y aura aucune possibilité d’augmenter la brigade de remplaçants, ni même d’abonder les RASED qui font cruellement défaut dans nos territoires ruraux dépourvus d’établissements médico-sociaux ! C’est pourquoi l’Unsa Education vous demande  Mme l’Inspectrice d’Académie de rester vigilante sur la répartition pédagogique et de regarder avec attention les écoles hors éducation prioritaire qui ont un Indice de Positionnement Social comparable.

 Les discours politiques sur la lutte contre la difficulté scolaire ou sur l’École inclusive ne peuvent suffire à établir une vraie politique éducative. Sans moyens à la hauteur de l’ambition républicaine pour l’École, ce seront encore et toujours les plus fragiles qui resteront sur le bas-côté, renforçant la fracture sociale et scolaire, alors qu'il faut faire vivre et soutenir l'Ecole publique laïque, selon nous la seule qui permette à nos élèves de s'élever et de s'émanciper dans le respect des valeurs républicaines.

Je vous remercie pour votre attention.

Catherine Renard,

Secrétaire départementale du Se Unsa 88