L’Institut de recherches économiques et sociales (IRES) vient de publier La France du travail, un ouvrage qui brosse un portrait économique et social incisif de la France d’aujourd’hui. Les idées reçues y sont malmenées, l’argumentation toujours solide.
(L’UNSA Education fait partie des organisations syndicales qui gèrent l’IRES).

Extraits choisis :
Et si la croissance ne créait pas d’emplois ?
"C’est la croissance qui fait l’emploi. A court terme, il s’agit d’une évidence et l’effet de la récession de 2008-2009 sur l’emploi en fournit une illustration brutale. (…) A moyen terme, la relation entre l’emploi et la croissance ne fonctionne plus. Premier constat : les effectifs du secteur privé se retrouvent en 1994 au même niveau qu’en 1978. Sur cette période, les créations d’emplois des années de bonne conjoncture ont donc tout juste compensé les destructions des mauvaises années. Le bilan de ces quinze années de « panne de l’emploi » est frappant : le PIB a augmenté de 40% sans entraîner aucune création durable d’emplois".

Les allocations logement, grandes oubliées de la protection sociale
Les allocations logement "offrent une prestation d’un montant moyen d’environ 200 euros. Elles concernaient 6 millions de ménages fin 2007, soit près d’un quart des ménages, les moins fortunés. (…) Le montant moyen des aides a augmenté de 11% environ entre 2002 et 2007 quand, expression de la crise du logement, les loyers augmentaient quant à eux d’environ 17%. (…) Les aides au logement jouent de moins en moins leur rôle de protection pour les ménages modestes locataires".

Le pouvoir d’achat des minima sociaux décroche
"Le pouvoir d’achat des minima sociaux n’a pas été amélioré entre 1983 et la fin des années 1990. A cette période, une petite revalorisation au dessus de l’inflation a été accordée à certains minima comme le minimum vieillesse et le RMI. Un coup de pouce supplémentaire pour le minimum vieillesse et l’AAH est également prévu d’ici 2012. Reste que les minima sociaux ont beaucoup décroché par rapport aux revenus (revenus moyens, salaires, SMIC, etc.). Lors de la dernière décennie, le décrochage par rapport au revenu médian a encore été de l’ordre de 15%. Les revenus minima garantis s’éloignent de plus en plus du seuil de pauvreté retenu habituellement (60% du revenu médian). (…) Pour retrouver aujourd’hui une situation analogue à celle de 1984, il faudrait rehausser le niveau moyen des minima sociaux de plus de 40%".

Le temps partiel absorbe la moitié des gains de pouvoir d’achat du SMIC
Le SMIC "reste une garantie horaire de rémunération et ce plancher protège de moins en moins les salariés avec le développement du temps partiel et des emplois précaires. (…) Le pouvoir d’achat du SMIC horaire net a augmenté d’environ 45% depuis 1978. Si l’on prend en compte la durée moyenne du travail des emplois proposés, cette hausse a été deux fois moins rapide. En d’autres termes, le développement du sous-emploi a absorbé environ la moitié des gains de pouvoir d’achat du SMIC depuis trente ans".

Inégalités de salaires : un écart de 1 à 7 (et non de 1 à 3)
"Dans tous les cas, l’inégalité de salaire est bien plus forte que celle mesurée par l’INSEE sur le champ restreint des salariés à temps complet du secteur privé et semi-public, laquelle reste quasiment immuable depuis plus de quinze ans, aux alentours de 3. En termes de revenu salarial, l’écart inter-décile est maximum dans le cas des femmes et reste très élevé pour les hommes. Une fois ajoutées les allocations chômage, il est de 7,25 pour l’ensemble des salariés. Cette mesure des inégalités ignore les très hauts salaires et donne une vision très partielle des inégalités. (…) Entre 1996 et 2006, la part de masse salariale allant aux 1% des salariés les mieux payés a augmenté d’un point. Cela représente plus du quart de la masse salariale absorbée par l’ensemble des smicards".

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