Bonjour,

Je suis enseignante spécialisée chargée de psychopédagogie dans un CMPP qui pour la première fois a fermé ses portes lundi.
Les parents et enfants contactés à leur domicile, ont tous  bien reçu de leurs écoles respectives les instructions pour que l’apprentissage se poursuive à la maison. Ils se disent très reconnaissants de ce qui a été mis en place par l’éducation nationale. S’ils comprennent qu’ils ont toutes et tous un rôle à jouer, cela reste parfois bien compliqué dans la mise en œuvre.
Sensibles à ce premier contact téléphonique, aux premiers mots échangés, ils s’autorisent à partager leurs difficultés, leurs inquiétudes. Petits et grands s’organisent avec plus ou moins grande facilité. Encore surpris par ce qui arrive, ils  tentent  dans un espace et un temps encore mal apprivoisés à se mettre au travail. Tout leur est transmis, tout est bien programmé structuré, mais on ne s’improvise pas élève de ses parents, on ne s’improvise pas  professeur de ses enfants. 
Ce qui nous arrive de si éprouvant de si terrifiant, nous rend profondément fragiles humains; alors tout à coup de grands élans de solidarité s’organisent ici et là.

Aujourd’hui, troisième jour de cette première semaine de confinement, après avoir refermé la porte de mon nouveau bureau, j’ai imaginé une belle chaîne de solidarité, qui relierait celles et ceux qui le souhaiteraient et qui le pourraient, élèves, collégiens, lycéens, étudiants. Les plus expérimentés répondant aux plus nécessiteux pour les aider  à comprendre ce qu’ils ne comprennent pas encore. 
Ainsi la petite Léa* qui ne réussit pas encore à calculer une division pourrait apprendre de l’expertise d’un collégien par exemple qui se découvrirait alors de nouvelles compétences pédagogiques. Par ailleurs, Léa pourrait tout à fait expliquer à son tour comment s’y prendre pour résoudre un petit problème de mathématique. 
J’ai pensé à Tom* l’imaginant profiter du savoir faire d’un autre plus expérimenté pour chercher à améliorer et enrichir son slam. En se posant la question sur ce qu’il pourrait transmettre à son tour, c’est bien du sens à ses apprentissages qu’il se construirait alors.
Je la vois bien cette chaîne de solidarité mais c’est d’un véritable maître d’œuvre dont j’aurais besoin maintenant. 
Alors je reste à l’écoute de ce qui pourrait se construire, une sorte de chef d’œuvre collective parce que l’humain a plein de richesses insoupçonnées qui continuent à nous étonner pour aujourd’hui tout simplement nous aider à vivre.
Catherine Hatier 

* les prénoms ont été changés..

Si vous aussi voulez témoigner, n'hésitez pas à nous écrire ;)