Le SE-Unsa demande que le ministère propose plutôt aux enseignants des formations de qualité, s’appuyant sur les dernières avancées de la recherche pour les aider à mettre en œuvre les programmes de 2015 et 2016.
- Le BO spécial et le guide pour enseigner la lecture et l’écriture au CP
Le BO spécial est composé de 4 notes de service sans portée réglementaire. La seule référence qui s’impose aux enseignants, ce sont les programmes.
Ces 4 notes de service :
« Lecture : construire le parcours d'un lecteur autonome » concerne l’école primaire et le collège
« Enseignement de la grammaire et du vocabulaire : un enjeu majeur pour la maîtrise de la langue française » concerne les cycles 2, 3 et 4
« Enseignement du calcul : un enjeu majeur pour la maîtrise des principaux éléments de mathématiques à l'école primaire »
« La résolution de problèmes à l'école élémentaire »
Elles ne contiennent pas de « révélations » pédagogiques mais ont pour point commun de prôner une pédagogie « explicite », conçue comme une progression structurée du simple au complexe, fondée sur l’acquisition d’automatismes et sur la pratique d’exercices plutôt « traditionnels ».
Ces exercices sont présentés comme ayant fait la preuve de leur efficacité, y compris avec les élèves les plus fragiles. On peut juste se poser la question de pourquoi il y avait de l’échec scolaire au moment où l’école ne fonctionnait que sur ce modèle-là .
Ces notes de service, ainsi que le guide publié sur éduscol
http://cache.media.eduscol.education.fr/file/Actualites/50/3/Lecture-ecriture_PM2_936503.pdf ,
sont présentés comme s’appuyant sur des discours scientifiques irréfutables. Ils ne font pas de place à la nécessité de donner du sens aux activités d’apprentissage pour faciliter l’adhésion des élèves et leur motivation interne et remettent en cause certaines démarches conseillées dans les programmes.
- La communication du ministre et du syndicat
Cette publication est accompagnée d’un plan de communication du ministre, en particulier une double page dans le Parisien d’aujourd’hui, qui va au-delà des recommandations pédagogiques elles-mêmes, pour s’adresser au grand public. On retrouve dans cette communication le « populisme politique » beaucoup trop fréquent en éducation, qui consiste à communiquer sur un programme d’action publique « flattant les attentes perçues de la population sans tenir compte des propositions et des connaissances produits dans le cours de l’action publique par les corps intermédiaires ou les spécialistes du sujet » (X.Pons).
Ainsi, le ministre met en avant la méthode syllabique, le calcul mental et la dictée… et dénonce de manière inutilement polémique « l’anarchisme pédagogique ».
Nous ne revendiquons pas la liberté pédagogique comme un acquis social mais comme une responsabilité professionnelle d’exercer des choix pédagogiques pour répondre aux besoins diversifiés des élèves. Les modèles de leçons-types minutées sont à cet égard contre-productifs et irrespectueux de la professionnalité des enseignants.
Enfin, en laissant entendre qu’il se fait n’importe quoi dans les classes, le ministre nourrit la défiance des familles vis-à -vis de l’école alors que la réussite des apprentissages au CP passe par une alliance éducative fondée sur la confiance dans l’action de l’enseignant.