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Scolarisation des Ă©lèves en situation de handicap : comment l’Ă©cole s’adapte-t-elle ?
Article publié le vendredi 20 février 2009.
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La scolarisation des élèves en situation de handicap est devenue une obligation avec la loi du 11 février 2005. Comment l’Ecole s’adapte-t-elle à ce droit nouveau ? Quelles formations proposer pour répondre à ces nouveaux contextes ? Entretien avec Philippe Mazereau, maître de conférence à l’Université de Caen et auteur d’une recherche commandée par l’UNSA Education.

En posant le principe de la scolarisation dans l’Ecole ordinaire, la loi de 2005 a-t-elle modifié les représentations et les pratiques des enseignants ?
Une loi enregistre toujours une évolution déjà là. Le changement dans l’esprit des enseignants, c’est la conviction que la scolarisation ordinaire est favorable aux élèves handicapés mais ce qu’ils soulignent surtout c’est son aspect socialisant, voire anti-ségrégatif. Pour les pratiques, les évolutions sont plus lentes et dépendantes des contextes de scolarisation. Notre travail met en évidence, au-delà des idées, le poids important des situations concrètes de scolarisation. De multiples différences existent entre premier et second degré, entre établissements avec ou sans dispositif spécialisé (CLIS ou UPI), selon aussi les liens de proximité avec les services médico-sociaux etc. Globalement, on peut dire que la loi a "objectivé" la définition du handicap en la confiant aux Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) tout en assignant à l’école la mission d’organiser la scolarisation. Cette dernière bute sur la prégnance de la classe comme collectif indifférencié d’apprentissage, ce qui freine l’individualisation incontournable pour les élèves handicapés. La notion de dispositif spécialisé, évolutif selon les besoins des élèves, a encore du chemin à parcourir. 

Quelles vont être les répercussions sur l’identité professionnelle des enseignants généralistes et spécialisés ?
Les enseignants ordinaires prennent conscience des nouvelles responsabilités liées à la scolarisation mais pour cela, ils ont besoin de soutiens. D’une part, le soutien institutionnel à travers un fonctionnement bien repéré dans l’organisation de l’école vis-à-vis des familles : rôle de la direction, des enseignants référents, des équipes de suivi. D’autre part, le soutien pédagogique d’enseignants spécialisés pour leur permettre d’adapter leurs pratiques. La nouveauté se situe là : à l’avenir, les enseignants spécialisés ne seront plus seulement référés à des élèves mais à des situations de scolarisation qui englobent enseignants ordinaires, élèves à besoins particuliers et classes ou dispositifs. Jusqu’ici, l’identité spécialisée s’adossait là aux seules caractéristiques des élèves en termes de catégorie de difficulté. Aujourd’hui, leur travail est appelé à devenir plus systémique. Ce changement est de taille. Du côté des enseignants ordinaires, de nouvelles compétences sont à construire mais le soutien spécialisé sera toujours nécessaire.

Quels dispositifs de formations proposez-vous ?
La formation des enseignants est en cours de transformation complète, il est difficile de présenter des dispositifs précis pour les formations spécialisées. Nous pouvons cependant dégager des pistes. Mettre l’alternance au cœur des formations est indispensable pour rester proche des préoccupations de terrain. Mais il faut en améliorer le confort pour les formés, par rapport à ce qui se pratiquait, car c’est un investissement lourd. Par ailleurs, il faut revoir le périmètre et le contenu des options. Le tronc commun doit être beaucoup plus important et s’appuyer sur l’identité du soutien spécialisé aux situations de scolarisation. Ensuite des formations ciblées apporteront des réponses plus "techniques" pour les handicaps sensoriels, les troubles du développement… Cela implique également de mieux intégrer les recherches en éducation dans les pratiques scolaires.

De nombreux pays européens ont adopté le concept de besoins éducatifs particuliers. Cette approche est-elle transposable dans notre pays ?
Cela me paraît urgent, c’est la condition pour que le handicap soit réellement "désinsularisé" comme le dit Charles Gardou*. En effet, les enseignants ordinaires abordent, ou du moins devraient aborder les élèves, handicapés ou non, sous l’angle des difficultés spécifiques qu’ils manifestent dans leurs apprentissages. En même temps, la notion de besoins éducatifs est plus favorable à une réflexion qui associe l’élève et son environnement, elle permettrait d’assouplir les frontières, surtout en France où nous avons une vision catégorielle très forte. Aborder un élève handicapé d’abord sous l’angle de ses besoins scolaires spécifiques, et non pas seulement en fonction de son handicap, voilà la véritable intégration.

* Président du Collectif Reliance sur les situations de handicap, l’éducation et les sociétés.

Une recherche commandée par l’UNSA Education
La recherche "De l’intégration à la scolarisation des élèves handicapés : état des lieux et nouveaux besoins de formation des enseignants » a été confiée à Philippe Mazereau par l’UNSA Education. Ce travail apporte des éléments de réponse intéressants, dans une période charnière pour la formation des enseignants.

La recherche devrait faire l’objet d’une publication dans les Cahiers du Centre Henri Aigueperse au cours de l’année 2009. La recherche dirigée par Philippe Mazereau est en libre accès ICI

 
 
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