Le ministère s’apprête à publier des repères annuels en cycles 2 et 3 pour toutes les disciplines en complément de ceux qui existent déjà en  mathématiques et français. Un document hétérogène qui confond parfois progression et programmation et qui entérine un découpage annuel fatal à la logique des cycles. Et cela, malgré un rejet massif du Conseil Supérieur de l’Education (5 voix pour, 39 voix contre, 3 abstentions, 1 refus de vote)

Dans son rapport sur la mise en œuvre des très contestés programmes de 2008, l’Inspection générale avait déploré que de trop nombreuses équipes fonctionnent avec des progressions non-conformes. Il était temps de remettre de l’ordre dans les écoles. C’est pourquoi le ministère s’est attelé à la production de repères annuels dans tous les champs disciplinaires. Attention, ces repères ne sont qu’indicatifs, nous a-t-on précisé, et les équipes sont libres de choisir une autre progression ! Bien sûr...

Ces repères sont censés préciser les acquisitions exigibles de chaque élève à la fin de chaque année et entrent de fait en contradiction avec les programmations établies par les conseils de cycle. On notera que les concepteurs se sont largement focalisés sur les connaissances, ignorant souvent les capacités et les attitudes à développer chez les élèves. La tendance était déjà nette dans les programmes, elle ressort encore davantage dans ces tableaux.

En histoire, on a privilégié une répartition chronologique des thèmes entre les années. En sciences expérimentales et technologie, on a choisi de traiter tous les thèmes tous les ans en les approfondissant. Certains repères confondent acquisitions des élèves et démarches pédagogiques. Au final, on se retrouve avec un produit hybride qui tient à la fois de la progression et de la programmation, du document d’accompagnement des programmes et des repères pour l’évaluation.

Le SE-Unsa conteste sur le fond le choix que fait le ministère de prédécouper en tranches annuelles des programmes conçus par cycle. La logique des cycles, c’est le choix de la souplesse et de l’adaptation possible aux différents rythmes d’apprentissage, l’important étant que chaque élève parvienne au terme du cycle à acquérir ce qui est attendu. Les repères annuels rigidifient l’organisation et rendent plus difficile encore la personnalisation des apprentissages dans la classe. Certes, on nous rétorquera que des repères ne sont qu’indicatifs et que ce document n’est conçu que dans l’unique but d’aider les enseignants à établir des progressions cohérentes mais qu’ils peuvent s’en affranchir s’ils le souhaitent. Cependant, ce texte, annexé à un arrêté, soumis au vote du CSE, prend un statut quasi-réglementaire et sera perçu comme de véritables « instructions officielles », ceci d’autant plus que le ministère en fait un élément fort du programme d’action des IEN pour cette année scolaire.