A l’heure où certains crient à la catastrophe de voir passer la Loi Rilhac (au SE, contrairement à d’aucun, nous ne qualifions pas les collègues directeurs de « chefaillon »), nous avons pris le temps de la réflexion et nous nous interrogeons.
Si certaines avancées peuvent être notoires (comme notamment l’avancement accéléré des directrices et directeurs d’écoles, la décharge d’APC des directeurs de moins de 4 classes, ou encore des « facilitations » administratives telles que la mise en place du vote électronique pour les élections de représentants des parents d’élèves), cette loi demeure bien loin des attentes des directrices et directeurs d’école. Il s’agit d’un rendez-vous manqué, nous devrons donc collectivement continuer à revendiquer d’autres améliorations pour les conditions de travail des directeurs.
Au SE-Unsa, nous avons depuis bien longtemps distingué autorité fonctionnelle et autorité hiérarchique. L’autorité fonctionnelle, dont il est question dans ce projet de loi, ne doit pas aller sans une vraie réflexion de fond sur le statut de l’école. L’autorité fonctionnelle ne serait que la reconnaissance d’une autorité de fait. Quand il s’agit de prendre une décision de type signature de convention, de partenariat avec les clubs, est-il nécessaire de passer par l’IEN ? Une autorité fonctionnelle résoudrait ce problème et ferait gagner un temps précieux aux directrices et directeurs.
L’autorité hiérarchique, quant à elle, impliquerait pour les directrices et directeurs d’écoles d’intervenir notamment dans l’évaluation de leurs collègues adjoints, ce qui n’est nullement le cas ici. Nous ne le souhaitons pas non plus. La directrice ou le directeur doit rester un pair parmi les pairs et un lien de supériorité hiérarchique ne serait pas opportun.
Donc, au final, ne fait-on pas beaucoup de bruit … pour pas grand-chose ?
Si certains pans de ce projet de loi pourraient aller dans le sens de la simplification des tâches de la direction d’école, le SE-Unsa revendique par ailleurs :
- le renforcement du conseil d’école comme levier de l’expression du pilotage par l’équipe autour de la directrice ou du directeur, mais aussi d’attribuer à la directrice ou au directeur la décision de maintien ou de passage anticipé d’un élève en fin d’année scolaire pour mettre en œuvre la décision du conseil de cycle sans avoir besoin de la validation systématique de l’IEN ;
- la possibilité pour la directrice ou le directeur d’organiser les 108 heures en toute autonomie ;
- du point de vue salarial, une augmentation de la bonification indiciaire ; la création d’un groupe 4 à 9 classes, et celle d’un groupe supplémentaire 15 classes ; une indemnité de sujétions spéciales de 250 € mensuels minimum.
Enfin, l’aide administrative est nécessaire pour aider les directrices et directeurs d’école dans l’exercice de leurs fonctions mais il ne peut en aucun cas revenir aux collectivités locales de la financer. Les écoles seraient encore une fois sous le coup d’inégalités dues à la disparité des moyens des communes. L’égalité de traitement passe par une assistance administrative pérenne, assurée par une personne formée et financée directement par l’Etat. Encore une fois, il s’agit là d’un raté de cette loi.
En conclusion, cette loi est un rendez-vous manqué.
Le SE-Unsa 87 a toujours porté la problématique de la direction d’école et continuera à travailler en ce sens. Conscient que l’usage de la parole syndicale a des répercussions dans la profession, sur le climat des écoles, il le fera avec force tout en étant respectueux de l’ensemble de la profession.
Anabel ROY,
Secrétaire départementale du SE-Unsa 87