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Une expérimentation d’évaluation des écoles a débuté au premier trimestre 2021, après celle instaurée dans le second degré. À compter de cette rentrée 2022, le ministère prévoit la généralisation de ce dispositif, à raison de 20% des écoles par an. La finalité de ces évaluations reste floue, et cela génère beaucoup d’inquiétude dans les équipes.
Pourquoi ces évaluations ? Quelle utilisation pourrait être faite de ses conclusions dans chaque école ? Nous ne le savons pas à ce jour. Nous n’avons même pas de retour sur l’expérimentation menée l’année dernière.
A la lecture du document ministèriel que vous trouverez ici, le SE UNSA vous livre une première analyse.
Les parents, évaluateurs du pédagogique ?
Le point d’ombre important dans le dispositif pour nous est la question de la place donnée aux familles. Si celles-ci ont certainement à se positionner sur des aspects liés à la vie de l’école (qualité des espaces, accueil des enfants…), en aucun cas elles ne doivent, pour nous , être autorisées à donner leur avis sur la pédagogie de l’enseignant de leur enfant. L’IEN est le seul interlocuteur dans ce domaine et doit le rester. Pour nous, il y a ici une ligne rouge à ne pas franchir et nous nous opposerons à tout dispositif qui laisserait les familles, ou même la municipalité, faire de l’ingérence dans les choix pédagogiques des enseignants.
La charge de travail pour les écoles qui souhaiteraient entrer dans le dispositif nous parait colossale et, à la question du temps attribué aux équipes pour ce travail (posée en CTSD le 2/09 dernier), M. Gauthier nous a répondu que ce travail serait effectué sur la deuxième journée de pré-rentrée et la journée de solidarité !
A l’heure où des IA-DASEN de nombreux autres départements ont fait le choix de "dispenser" d’animations pédagogiques les équipes concernées par les évaluations d’écoles, notre Inspetrice d’Académie place une nouvelle fois un travail supplémentaire dans la case des "heures incochables" !
Pour le SE-Unsa 87, c’est NON !!
Pour nous, il est impossible d’ajouter ce dispositif aux 108h extensibles à outrance. Si l’on demande aux enseignants volontaires de travailler ensemble sur ce type de projet, pourquoi ne pas banaliser du temps scolaire comme le texte le prévoit pour les écoles de REP+ ?
Pour information , cette évaluation d’école demande :
1. La création de la procédure liée à l’école ( choix des indicateurs, du but recherché…).
2. La rĂ©daction du questionnaire : « Toutes les parties prenantes doivent participer Ă l’auto-Ă©valuation dans tous les domaines examinĂ©s, sans cloisonnement ou spĂ©cialisation : enseignants, personnels Ă©ducatifs (AESH), personnels de la collectivitĂ© (dont les ATSEM), parents d’élèves, Ă©lèves et, le cas Ă©chĂ©ant, partenaires participant de manière importante Ă la vie de l’école. Concernant les Ă©lèves et leurs parents, si la participation des reprĂ©sentants Ă©lus ou dĂ©signĂ©s est importante pour conforter leur rĂ´le dans la vie de l’école, des modalitĂ©s de recueil de point de vue le plus exhaustif possible seront recherchĂ©es. » Cette phase implique un temps de rĂ©daction et d’adaptation très important.
3. Création d’un comité de pilotage (directeur, personnels de l’éducation nationale et de la collectivité, élèves, parents, partenaires) qui organise si nécessaire le travail en petits groupes, par exemple par grands domaines
4. Accueil des Ă©valuateurs externes
5. Traitement des résultats, analyse et rédaction
6. Présentation du résultat en Conseil d’école
Le document ministĂ©riel Ă©nonce : « Le rapport dĂ©finitif est communiquĂ© d’une part au directeur d’école, qui le restitue au conseil d’école, d’autre part aux autoritĂ©s de rattachement : autoritĂ© acadĂ©mique (recteur, DASEN, IEN de circonscription) et commune ou EPCI compĂ©tent. Aucune autre diffusion du rapport ne fait partie du cadre de l’évaluation. » La communication des rĂ©sultats aux communes, quand on sait parfois les relations difficiles entretenues avec les Ă©quipes, est très problĂ©matique. Le besoin de formation des Ă©quipes relève de l’interne et ne peut pas ĂŞtre lancĂ© sur la place publique. Rappelons que dans les petites communes, conseillers municipaux et parents d’élèves se confondent souvent.
L’absence de possibilité d’évaluer les manques de l’institution qui pèsent sur nos pratiques ( manque de remplaçants, manque de personnels spécialisé…)
Notre pratique pédagogique est aussi liée aux moyens disponibles. Ainsi, lorsqu’il n’y a pas les personnels spécialisés, personnels de santé ou d’AESH nécessaires dans l’école, il est difficile d’afficher dans le projet d’école que les élèves à besoins particuliers pourront bénéficier des aides adaptées. Lorsque les locaux sont peu pratiques avec un manque de salles criant ( pas de bibliothèque, de salle des maitres, de bureau pour recevoir les parents…), là aussi l’école ne dispose pas de la souplesse nécessaire. Enfin, peut on passer sous silence, le manque de remplaçants qui a obligé les classes à fermer ou imposer des répartitions parfois plusieurs semaines dans l’année ? La formation des personnels est rendue caduque.
Or, l’évaluation d’école ne permet pas d’après les IEN d’interroger ces aspects pourtants essentiels de la vie de l’école.
En l’état c’est donc un bilan tronqué, une photographie mal cadrée qui ressortira de l’évaluation.
Les écoles, les personnels et les élèves viennent de vivre deux années de crise sans précédent. Les enseignants ont dû porter à bout de bras un système à bout de souffle. Ils se sont adaptés en permanence devant les difficultés quotidiennes, les protocoles incessants, les personnels non remplacés, …
En ces temps où nous espérons retrouver un peu le chemin de la normale, les enseignants aspirent juste à exercer leur mission auprès des élèves dans la sérénité. Au lieu de cela, on veut leur imposer un protocole d’évaluation chronophage et non souhaité.
Pour nous, ces évaluations d’école arrivent bien mal, et ne sauraient être bien reçues par les équipes dans un tel contexte. Pénurie de remplaçants, crise du recrutement.
Si nous commencions plutôt par faire le bilan de ces 5 ans, par évaluer les carences de notre administration ? Si on s’attelait au problème de la crise du recrutement, à la rémunération des personnels ? Si on dressait un bilan des nombreuses journées d’absence non remplacées rien que sur l’année scolaire passée ? Si on se demandait pourquoi à la rentrée 2022, le nombre de personnels contractuels augmente encore, précarisant chaque jour un peu plus notre profession ?
En mettant ainsi le curseur sur l’évaluation des écoles, l’Etat chercherait-il à nous faire croire que les problèmes de l’Ecole publique sont uniquement de la faute des enseignants ? Une évaluation d’école qui ne prévoit aucun volet, aucune question sur le fonctionnement de notre administration en tant que telle, nous questionne réellement. Comment imaginer remplir sa mission quotidienne de manière optimale sans remplaçants, sans RASED complets ?
Pour faire valoir tout cela, nous avons besoin de vous et de vos retours ! Vous êtes concernés par une évaluation d’école ? Pour savoir comment cela se passe dans votre école, ce qui vous a été présenté et que vous trouvez démesuré... Contactez-nous ! A plusieurs, nos voix porteront !
La première rencontre où nous aborderons ce sujet avec Mme l’Inspectrice d’Académie aura lieu le mardi 13 septembre. Alors à vos claviers !