Nous, directrices et directeurs d’école,
depuis l’annonce de la fermeture des écoles en raison de la crise
sanitaire, nous avons mis toute notre énergie à assurer notre mission
auprès de nos élèves et de leurs familles.
Nous, directrices et directeurs d’école,
malgré des informations parcellaires parfois contradictoires, des
injonctions souvent déconnectées de la réalité, nous n’avons eu de cesse
de continuer à informer, dialoguer, organiser la continuité
pédagogique, maintenir le lien avec les familles, la municipalité, nos
collègues enseignants, les Atsem, les AESH, les personnels de cantine,
de garderie et tous les partenaires associatifs.
Nous, directrices et directeurs d’école,
parce que nous sommes aussi et avant tout des enseignants, nous avons
tout mis en œuvre pour inventer, avec nos collègues et pour nos élèves,
une continuité pédagogique à distance sans aucune formation, sans
matériel numérique adapté, bref, avec notre seule bonne volonté.
Nous, directrices et directeurs d’école,
en plus de la continuité pédagogique, nous avons organisé l’accueil des
enfants de soignants avec les enseignants volontaires, par solidarité
avec les personnels indispensables à la gestion de la crise sanitaire.
Nous, directrices et directeurs d’école,
nous avons préparé depuis de nombreux jours cette reprise, annonce
surprise de l’allocution présidentielle. Nous avons enchaîné les
réunions en visio-conférence avec les élus, avec notre hiérarchie, avec
nos collègues, pour étudier les problématiques sanitaires et la
communication avec les familles libérées d’obligation de scolariser,
pour convaincre et motiver certains élèves fragilisés de venir ou de ne
pas venir, pour stabiliser l’organisation des professionnels,
enseignants et non enseignants en présentiel, en distanciel, pour
coordonner les besoins en AESH, pour organiser des groupes d’élèves avec
le renfort de la collectivité, parfois sans la collectivité, avec des
élèves prioritaires, des élèves en partie en présentiel, des élèves
uniquement en distanciel.
Nous, directrices et directeurs d’école,
responsables du matériel, nous en avons coordonné l’installation dans
les classes, dans les toilettes ; nous avons géré le marquage, le
fléchage, l’organisation des flux dans les classes, dans l’école, aux
abords de l’école, la vérification sanitaire, la routine sanitaire,
comment se laver les mains en fonction des sanitaires, la distanciation
dans les flux mais encore la préparation de l’accueil des élèves mais
pas pour tous car il faudra le refaire pour une partie des élèves restés
chez eux lorsque ceux-ci reviendront à l’école.
Nous, directrices et directeurs d’école,
en charge de l’animation de l’équipe pédagogique, nous dressons des
bilans individuels pour savoir où en sont nos élèves, en gardant Ã
l’esprit « l’enjeu de s’assurer que les élèves maîtrisent les
connaissances nécessaires à la poursuite d’études dans la classe
supérieure » (1).
Mais la bonne volonté ne suffit pas toujours ! Elle laisse parfois place au doute, à la colère voire au découragement.
Nous, directrices et directeurs d’école, une fois de
plus, sommes en première ligne pour appliquer une décision prise
précipitamment et sans concertation suffisante avec les professionnels
de l’Éducation. À nous de mettre en œuvre un protocole sanitaire de 60
pages indigeste, communiqué très tardivement et quasi impossible Ã
appliquer car nous ne sommes pas des professionnels de la santé et parce
que nous ne disposons que de moyens matériels limités.
Nous, directrices et directeurs d’écoles,
sommes encore une fois au rendez-vous…
Mais jusqu’à quand ?
(1) Circulaire
relative à la réouverture des écoles et établissements et aux
conditions de poursuite des apprentissages du 04 mai 2020 / point 3.3