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TĂ©moignage directeurs et directrices de la Vienne
Article publié le vendredi 7 janvier 2022.
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A l'initiative de plusieurs directrices et directeurs de la circonscription de Poitiers Sud, une lettre ouverte a été rédigée et remise à la rectrice. Le SE-Unsa 86 se fait le relais de cette lettre ouverte.

 

 

Nous, enseignants et enseignantes, directeurs et directrices de la Vienne souhaitons témoigner de ce qu’est l’école aujourd’hui, de ce que signifie maintenir les écoles ouvertes sans avoir donné aucun moyen, ni pris aucune mesure pour que cette école puisse permettre aux enfants de réussir leur parcours scolaire et devenir des citoyens émancipés.

 

Depuis 2 ans, les professionnels de l’éducation, les enfants, les familles ont Ă©tĂ© abandonnĂ©s : les mesures qui se succèdent sont prises sans aucune concertation avec le terrain, sans mĂŞme que l’information prenne la voie officielle. Nous sommes informĂ©s par les mĂ©dias. 

 

Depuis 2 ans, nous n’avons jamais pu anticiper : nous avons été mis devant le fait accompli.

 

Nous sommes tĂ©moins et acteurs de relations dĂ©gradĂ©es avec les familles : en tant que  premiers interlocuteurs des familles, nous avons dĂ» du jour au lendemain leur apprendre que la classe fermait, ou qu’en l’absence de remplacement, nous ne pouvions accueillir leur enfant, ou qu’il y avait une succession de remplaçants diffĂ©rents, ou que leur enfant ne pourrait venir qu’une fois testĂ© …. Comment crĂ©er de la confiance avec les familles quand nous leur demandons l’impossible, sans le plus souvent ĂŞtre en capacitĂ© de leur proposer un message officiel en attestant ou un document pour leur employeur ?

 

Nous sommes tĂ©moins de la dislocation des Ă©coles : ici, des absences en grand nombre non remplacĂ©es par manque de personnels enseignants,  lĂ , l’obligation d’assurer la classe avec ceux qui sont prĂ©sents et de faire aussi la classe pour ceux Ă  distance; ici, pendant la fermeture de la classe, assurer les apprentissages Ă  distance avec son matĂ©riel personnel, lĂ , organiser les tests salivaires dans son Ă©cole tout en faisant sa classe, ou encore appeler avec son tĂ©lĂ©phone personnel le week-end, le soir ou le matin tĂ´t les familles d’une classe.

 

Nous sommes tĂ©moins de ce que supportent  les enfants ballottĂ©s de protocoles en protocoles : alors que tous les adultes cherchent un moyen de se soulager en enlevant le masque,  on contraint les enfants Ă  le garder pendant la rĂ©crĂ©ation et quelquefois durant 10h  avec la garderie. Alors que nous ne pouvons vivre sans relations sociales Ă©largies, on demande aux enfants de ne pas s’ouvrir aux enfants des autres classes. Alors que tous les lieux publics restent ouverts, on les prive de sport, d’évĂ©nements culturels, de moments festifs et de dĂ©placements, sans parler du poids psychologique que le monde adulte, et en particulier les mĂ©dias, leur fait porter quand on les compare Ă  des agents pathogènes ou Ă  des vecteurs de contamination.

 

Nous sommes tĂ©moins du mĂ©pris envers les directeurs et directrices, qui, le week-end, doivent se dĂ©brouiller seuls face aux cas de covid, seuls face Ă  des documents Ă  remplir,  chronophages et peu ergonomiques, seuls pour prĂ©venir et expliquer aux familles, seuls pour convaincre l’équipe, seuls pour rassurer les enfants, seuls pour dĂ©crypter les nouvelles directives lourdes de contradictions, seuls pour assurer en mĂŞme temps la classe et les tâches de direction augmentĂ©es depuis le covid sans qu’aucune autre tâche ne soit rĂ©duite.

 

Nous sommes tĂ©moins de cette Ă©cole lĂ . C’est cette Ă©cole qui est restĂ©e ouverte, une Ă©cole en discontinu, privant les Ă©lèves d’un nĂ©cessaire bien-ĂŞtre et de continuitĂ© pĂ©dagogique, Ă©puisant les enseignants et les directeurs en leur faisant tenir un système Ă  bout de bras sans leur donner les informations et les moyens pour le faire. C’est une Ă©cole qui n’a pas choisi le parti des enfants et qui n’a pas choisi d’aider les enseignants.  Nous voulons tĂ©moigner car derrière les mots se cache une rĂ©alitĂ© et nous craignons qu’il y ait un lourd prix Ă  payer pour avoir abandonnĂ© l’école.

 

Les équipes sont épuisées, les enfants sont résignés, les familles sont perdues.

 

Avec l'annonce d'une nouvelle vague portĂ©e par le nouveau variant Omicron; nous, les directeurs d'Ă©cole, ainsi que les Ă©quipes enseignantes, nous apprĂ©hendons fortement l'arrivĂ©e de nouvelles injonctions, de nouvelles tâches ; ce qui, dans un tel contexte, ne ferait qu'alourdir davantage le poids de notre charge et qu’aggraver notre Ă©puisement,  nous dĂ©tournant encore davantage de notre principale mission en un tel moment : offrir aux enfants, nos Ă©lèves, le meilleur cadre pour un enseignement solide, serein et bienveillant.

 

 

* Dans le respect du Règlement Général de Protection des Données et puisque nous n'avons pas d'accord de la part des premiers signataires - qui ont simplement inscrit leur nom sur un document partagé sans avoir l'information que celui-ci se retrouverait sur le site d'organisations syndicales - nous avons pris la décision de ne pas afficher les noms des signataires sur notre site.

 

 
 
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