Après la séquence étouffante que vient de vivre notre République, la Ministre de l’Éducation nationale a réuni les organisations syndicales le 12 janvier afin d’échanger sur l’avenir et l’aide à apporter aux personnels.
C’est l’École qui doit aujourd’hui, encore une fois, trouver les ressources pour aller à la rencontre de tous les élèves, écouter et entendre, convaincre, ferrailler contre les idées reçues, les amalgames faciles, le sectarisme, la violence. Paradoxalement, cette École qui a vu passer entre ses mains les trois terroristes est la même qui a conduit plus de trois millions de personnes à estimer devoir se lever pour dire non à la violence, au racisme, à l’antisémitisme.
Pour l’Unsa Éducation, l’École ne peut pas tout. Elle est, comme toujours, l’exact reflet de notre société. Elle est aussi l’institution dont les acteurs, quotidiennement, âprement, pied à pied, luttent contre la violence, le racisme et la xénophobie. Ce combat est un long combat. Certes, il faut bâtir un plan d’urgence, sur le court terme, mais il est également vital de mener un travail sur le temps long, pour montrer aux équipes qu’elles sont soutenues dans la transmission des valeurs républicaines. Accompagner les personnels, cela signifie aussi, les former. Fournir des outils sera vain si l’on n’apprend pas à les utiliser.
L’École est en première ligne et ses personnels sont aujourd’hui extrêmement mobilisés. Ils demandent juste d’être accompagnés, soutenus. Ils se battront pour les valeurs de la République qui ont conduit dans la rue des millions de personnes ces derniers jours. Mais ils ne peuvent le faire seuls.
Au cours de la discussion avec la Ministre, l’Unsa Éducation a fait valoir les arguments suivants :
Les recteurs sont réunis le 13 janvier afin de leur demander de mobiliser les ressources locales : personnels de direction, corps d’inspection, référents laïcité, référents mémoire et citoyenneté mais aussi les conseils d’école, conseils d’administration, conseils de vie lycéenne et collégienne.
Des outils seront de nouveau mis à disposition :
À savoir :
Un livret de prévention de la radicalisation est en cours de finalisation au niveau interministériel ;
Les semaines de la presse à l’Ecole et de lutte contre le racisme seront également mises à profit.
La sauvagerie à l’état brut. Dix-sept vies froidement détruites. Des familles anéanties et un pays sous le choc. Des larmes, de l’incompréhension, du dégoût, de la colère… et dans le même temps un élan d’empathie, de fraternité ainsi qu'une vague de solidarité qui franchit toutes les frontières géographiques, linguistiques ou culturelles.
Avec l’attaque de l’hebdomadaire satirique, ce sont des symboles puissants qui ont été fauchés à l’arme lourde. Des hommes assassinés dont le seul tort aura été d'avoir croqué l’humanité d’un crayon acerbe, insolent, irrespectueux, parfois féroce mais ô combien salutaire.
À travers eux, c’est la liberté d’expression et donc le cœur battant de la démocratie qui a été frappé par un obscurantisme à son paroxysme avec les attaques qui se sont poursuivies.
Ces atrocités viennent de réveiller une république assoupie sur ses principes et notamment celui de laïcité. La laïcité qui reconnaît à chacun le droit à sa propre spiritualité, religieuse ou pas, et qui permet ainsi de rassembler les diversités dans la République. C’est au nom de cette laïcité de la République que l’École a pour mission inlassable de former des citoyens éclairés capables de forger leur libre arbitre et de vivre ensemble : une École libératrice des jougs les plus conservateurs qui emprisonnent et empoisonnent les esprits.
C’est le souffle de cette liberté de penser que crayonnaient les caricaturistes. C’est cette flamme que l’École doit sans relâche entretenir et raviver.
Je suis Charlie.
Je suis toutes les victimes.
Christian CHEVALIER
Secrétaire général du SE-Unsa