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Evaluations CM2 : une auto cĂ©lĂ©bration qui nuit Ă  la qualitĂ© scientifique
Article publié le dimanche 5 avril 2009.
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L’étrangeté d’une évaluation bilan passée 5 mois avant la fin de l’année scolaire…. Le trou de 22% dans les remontées qui hypothèque les résultats d’une évaluation délibérément choisie comme massive plutôt que comme diagnostique à partir d’un échantillon…. La contradiction entre une présentation graduée des résultats par le ministère et son interdiction dans la grille de correction imposée aux enseignants ….

 

Aucune de ces questions légitimes n’aura été évoquée dans la communication du ministère sur le « résultat » des évaluations CM2. Il est vrai que la célébration auto satisfaite d’une politique ministérielle aux effets non évalués (nouveaux programmes, aides individualisées, stages de remise à niveau) occupait la place principale.

 

Le SE-UNSA ne peut que déplorer cet exercice d’instrumentalisation d’une évaluation qui aurait pourtant pu alimenter des réflexions et actions pédagogiques importantes. Il aurait fallu pour cela que le ministère pratique la concertation et accepte de concevoir des outils adaptés et assortis d’un calendrier d’utilisation adéquat. Dans ce contexte, même si les résultats présentés apparaissent plutôt bons, le manque de crédibilité scientifique leur nuit.

 

Le SE-UNSA souhaite que de tels errements ne se reproduisent pas à l’avenir, à commencer par les évaluations CE1 à venir.

Le Ministère a publié lundi 30 mars les résultats de l’évaluation CM2. « Nous disposons d’un peu plus de 78 % du total attendu, ce qui constitue une base suffisante pour permettre le pilotage pédagogique » a déclaré, péremptoire, le DGESCO !

A cette occasion, le DGESCO s’est livré à un exercice d’auto-congratulation et de promotion de la réforme de l’enseignement primaire qui ne s’appuie sur aucune étude qualitative précise mais uniquement sur des « impressions ». Qu’on en juge :

Selon lui, cette réforme s’articule autour :

- des nouveaux programmes : « Ces programmes sont plus clairs, plus précis, fixent nettement les connaissances et les compétences à atteindre année après année.
Cette feuille de route, que je crois les maîtres apprécient, le ministre a voulu qu’elle soit connue des parents et distribuée à chacun à l’école élémentaire, et à l’école maternelle ».

- l’aide personnalisée et les stages : « Ces aides sont nouvelles, mais déjà appréciées des maîtres qui en ont bien compris tout l’intérêt pédagogique et des parents ».

- l’évaluation des connaissances et des compétences des élèves  : « un instrument commun de mesure (si j’osais, je dirais un thermomètre commun) référé à une unité commune de mesure : le programme, avec ses progressions. Ces évaluations sont donc un outil pour faire la classe qui manquait en même temps qu’un instrument d’équité ; j’insiste puisque tous les maîtres en France utilisent maintenant le même instrument de mesure […] Les maîtres quant à eux ont très rapidement compris ce nouveau dispositif qui traduit le devoir de l’école de la République de placer tous les élèves face à la même référence nationale, où qu’ils soient et d’où qu’ils viennent. » !

 

Avis du SE-UNSA : Toutes les critiques formulées à l’encontre de cette évaluation restent valables. Le concepteur des programmes en est aussi l’évaluateur… démarche inédite qui ne crée pas une confiance totale à l’égard de cette évaluation !

 

- Une confusion entre les diverses formes d’évaluation (bilan, diagnostique, formative) et l’utilisation que l’institution peut faire des résultats. Une évaluation en milieu d’année ne peut être qu’une évaluation diagnostique et ne peut servir de base à une évaluation des acquis des élèves en fin de cycle et des performances du système scolaire. Ici le Ministre mélange toutes les formes d’évaluations et assigne plusieurs objectifs à un seul outil. Qui peut penser que cela fonctionnera ?

- Interrogé sur d’éventuels « biais » statistiques - « imaginons que les 150 000 tests qui ne sont pas remontés surreprésentent des bons ou des mauvais élèves », le DGESCO convoque le « bon sens »… en lieu et place de données statistiques fiables ! 

 

Ces évaluations sont basées sur les programmes de primaire entrés en vigueur à cette rentrée. Autant dire que les élèves évalués n’auront pas suivi le cursus complet sur lequel ils seront testés !

 

Par ailleurs, les élèves ont été ou seront évalués sur « toutes les compétences du programme ». Cela signifie-t-il que le programme du CE1 devra être bouclé en mai et celui du CM2 en janvier ?

S’il s’agit d’un outil bilan, quel accompagnement sera proposé aux enseignants pour que ceux-ci améliorent leurs pratiques ?

 

- Des évaluations nationales à partir d’échantillons représentatifs et les évaluations internationales sont utiles voire indispensables pour faire le point régulièrement sur les performances du système éducatif, permettre sa régulation et mettre en œuvre des politiques qui permettent de pallier les difficultés et de remédier aux faiblesses du système. 

- Le décalage entre les résultats de ces évaluations et ceux habituellement observés (PISA, HCE, etc.) peut s’expliquer par le fait que les évaluations CM2, contrairement aux assertions du DGESO, portent sur des connaissances et non pas sur des compétences. Or les écoliers français sont mieux préparés à ce type d’exercices.

- La culture d’évaluation est  mise à mal. Ce qui est certain c’est que ce test ministériel a été moins bien accepté par les enseignants que ses prédécesseurs. Alors qu’une évaluation de l’efficacité de l’Ecole est nécessaire, ce test a plutôt retardé l’installation d’une véritable culture de l’évaluation. La prochaine évaluation aura lieu en CE1. Le ministère sera-t-il capable de mieux faire ?

- Enfin, comment comprendre que le DGESCO se félicite aujourd’hui de ces résultats finalement pas très bons alors qu’il y a 6 mois, sur la base de données à peu près identiques, il criait à la faillite du système scolaire ? On le voit, tout est affaire de message politique à faire passer. Aujourd’hui, l’heure semble être à la recherche de la réconciliation avec les enseignants. Pour le Ministre, cela passe, semble-t-il, par l’annonce d’une « embellie », fût-elle factice.

 
 
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