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SE-UNSA 81


 Par SE-UNSA 81
 Le  mercredi 4 juin 2014

SEGPA : le choix de l’inclusion provoque des divergences syndicales

 

Le 27 mai s'est tenue la 3ème réunion du groupe de travail ministériel consacré au devenir des SEGPA.

Le Ministère nous a présenté 3 scénarios d'admission des élèves dans cette structure en nous rappelant la volonté affichée depuis le début de tendre vers une sixième plus inclusive et le respect de l'organisation en structure.

3 hypothèses :

  • conserver les procédures d'orientation à l'identique, soit une arrivée en SEGPA prononcée à l'issue du CM2
  • prendre en compte le nouveau cycle de consolidation CM1, CM2, 6ème et procéder à des orientations en fin de cycle, donc à l’issue de la 6ème
  • organiser une "pré orientation " en CM2 ne devenant éventuellement effective qu'en fin de 6ème

Des éléments de réflexion :

Le rapport Delaubier sur la grande difficulté scolaire a pointé les conditions floues d'orientation vers la SEGPA en réfutant la notion de "profil d'élève".

Par ailleurs des études menées sur des cohortes importantes ont démontré le caractère reproducteur de la ségrégation scolaire en SEGPA.

C’est l’objet d’une excellente enquête réalisée en 2012 en Haute-Garonne*. Éclairante sur les origines et les profils des élèves, elle montre que l'effet reproducteur et sélectionneur de notre système éducatif joue à plein. Le profil d'élève de SEGPA est loin d'être caractérisé́ uniquement par la difficulté́ scolaire. Pas si étonnant que l’on retrouve très massivement des enfants de familles socialement défavorisées (73% !!) ou d’origine étrangère... Les prédictions sont encore très présentes dans les orientations.

*L'orientation vers les enseignements adaptés, «Diversité» n°169, Scéren-CNDP, juillet 2012.

Ce que le SE UNSA a dit :

Le public des élèves de SEGPA a fortement évolué depuis 10 ans, il est composite autour de 3 groupes :

  • issus de l'école élémentaire, canal historique mais de moins en moins nombreux,
  • réorientés après une, voire deux années de collège, de plus en plus présents parfois pour de mauvaises raisons souvent liées au comportement,
  • en situation de handicap orientés pas la CDA.

Le SE UNSA défend l'idée d'une sixième plus inclusive placée dans le cadre d'une structure qui apporte incontestablement un bonus en fin de parcours. Cette organisation nécessite un maintien, voire un renforcement des moyens et une formation adaptée de tous les enseignants. Nous avons porté notre exigence du maintien d'un cadre permettant à certains élèves d'être pris en charge en groupe restreint par des enseignants spécialisés.

Tous ne peuvent être lâchés dans le grand bain de la sixième « commune » sans dommage.

Le SE UNSA a demandé :

  • que les éléments scolaires du dossier d'orientation soit revus car laissant pour l'instant trop de place à l'appréciation approximative.
  • que les CDOEA soient précédées de commissions de secteur dotées de pouvoirs renforcés. 
  • que des enseignants spécialisés soient affectés auprès des DIVEL pour assurer le suivi de l'affectation des élèves de SEGPA.
  • que l'on prenne le temps de la réflexion en tenant compte des expérimentations conduites actuellement en particulier dans l'académie de Lille.

Des interrogations subsistent :

  • Il n'existe pas de SEGPA dans tous les collèges, comment prendra-t-on en compte dans ce cas les élèves sur une année de 6ème inclusive et donc quand procédera-t-on aux orientations?
  • Quelle formation recevront les enseignants spécialisés et ceux des classes d'accueil ?

Des clivages syndicaux qui se précisent :

Des organisations syndicales, telles la FSU, sont hostiles à l’école inclusive et défendent des structures fermées vers lesquelles orienter des élèves en cours de cycle. Elles proposent de maintenir l’orientation en fin de CM2, laissant aux hasards de la bonne volonté des équipes de proposer des inclusions réduites et ponctuelles. Tout cela est assorti d'un discours nauséabond autour de la distinction entre les collégiens  et " ces élèves"  considérés comme autant de passagers clandestins indésirables.

Ces organisations ont porté leur projet : orientation par la CDOEA en fin de CM2 et maintien de la classe de 6eme avec un zeste d'inclusion à l'occasion de sorties communes et de tournois sportifs !

Pour le SE UNSA, ce n’est pas admissible.

Il y a ceux qui veulent « repeindre les grilles de la cage » et ceux qui veulent l'ouvrir. Nous nous situons résolument dans le deuxième camp. L'école inclusive est une nécessité démocratique à laquelle les enseignants adhérent massivement et qui est notre boussole syndicale au SE UNSA.

Pour lire les comptes rendus des précédents GT : http://www.se-unsa.org/spip.php?rubrique966

Notre projet pour les SEGPA en version numérique : http://www.se-unsa.org/spip.php?article6741