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SE-UNSA 78


 Par SE-UNSA 78
 Le  mercredi 22 octobre 2008

Réforme du lycée : point d’étape du Ministre

 
Mardi 21 octobre, X. Darcos a présenté un "point d’étape" sur la Réforme du lycée. Le SE-UNSA a immédiatement fait connaître sa réaction dans un communiqué. Il rend compte et analyse ici le projet dans son intégralité, point par point et rappelle ses exigences pour des conditions d’enseignements améliorées.
 
> Réforme du lycée : rendez-vous manqué
 
Communiqué de presse du 21 octobre 2008
 
Les objectifs s’annonçaient ambitieux, mais le soufflé sera vite retombé. Les annonces de M. Darcos sur le lycée sonnent comme un rendez-vous manqué. Dans la nouvelle architecture que le ministre vient d’annoncer pour la classe de seconde à la rentrée prochaine, rien ne changera fondamentalement les logiques d’aujourd’hui.
Pour les 2/3 de l’horaire des élèves, rien de nouveau : les enseignements fondamentaux n’étant pas organisés de façon modulaire, ils seront comme aujourd’hui répartis sur l’année scolaire.
Quant aux « nouveautés », elles auront une part si congrue qu’elles n’auront qu’une influence marginale sur le parcours des élèves :
  • 4 modules annuels, les seuls pour lesquels un découpage de l’année en deux semestres a un sens, mais dont rien ne dit qu’en dehors du changement d’étiquette, certains ne fonctionneront pas comme les options actuelles…
  • un accompagnement individualisé fourre-tout où les travaux interdisciplinaires entrent en concurrence avec l’aide méthodologique, l’orientation et le soutien scolaire…
Cette « seconde Darcos », si peu éloignée de l’actuelle, ne peut qu’aboutir aux mêmes travers structurels qui s’opposent à des parcours souples non-enfermants et non ségrégatifs. Qui s’étonnera que, dans ces conditions, le ministre annonce déjà le maintien d’une organisation du cycle terminal en deux voies étanches et, à coup sûr, socialement hiérarchisées ?
 
Pour le SE-UNSA, des objectifs de la réforme, il n’en restera qu’un, jamais avoué mais toujours présent : celui des économies budgétaires.
 
> Analyse du point d’étape sur la réforme du lycée
 
Des objectifs ambitieux affichés dans le point d’étape du 17 juillet, il ne reste que peu de choses : une organisation semestrielle pour les modules d’exploration et 3 heures d’accompagnement du lycéen en seconde. Le lycée napoléonien en tuyaux d’orgue a encore de beaux jours devant lui, les voies générales et technologiques restant bien distinctes. Le calendrier précipité était une indication que la réflexion de fond n’aurait pas lieu. Toutes les inquiétudes que le SE-UNSA avait portées dans son courrier à la mission Gaudemar s’avèrent justifiées : au final, il ne restera sans doute, qu’un seul objectif atteint, jamais avoué mais toujours présent, celui des économies budgétaires.
 
Dans le cadre étroit posé par le ministre, il reste cependant des points à travailler, des choix à défendre pour une plus grande réussite des élèves et de meilleures conditions d’enseignement pour les enseignants. En classe de seconde, les grilles horaires ne sont pas arrêtées dans le détail, les moyens d’enseignement sont à négocier.
L’organisation du cycle terminal est encore largement à élaborer. L’intégration de l’accompagnement des élèves dans le service des enseignants est à gagner. Les contenus de formation et les méthodes pédagogiques doivent être réexaminés pour mieux préparer les élèves à la réussite dans l’enseignement supérieur. La formation et l’accompagnement des enseignants sont un enjeu important dans ce contexte. C’est pourquoi le SE-UNSA, fidèle à sa conception du syndicalisme, continuera à discuter avec la mission de Gaudemar et le ministre mais toujours en avançant ses propositions et en fixant ses exigences.
 
Les exigences du SE-UNSA :
  • Des conditions d’enseignement améliorées
  • Des moyens en postes maintenus dans les lycées
  • Un service des enseignants, défini sur une base hebdomadaire, incluant les missions d’accompagnement et la concertation,
  • Une évaluation régulière de la « réforme »
 
LES ANNONCES
 
A) La classe de seconde :
 
L’horaire élève sera de 30 heures hebdomadaires (3 heures de plus que les hypothèses de travail de la mission de Gaudemar).
Xavier Darcos a donné des précisions horaires sur la ventilation entre enseignements fondamentaux, enseignements complémentaires et accompagnement :
  • 21 heures pour les enseignements fondamentaux (français, maths, histoire-géo éducation civique, sciences expérimentales, LV 1 et 2, EPS).
 
Commentaire du SE-UNSA :
La répartition entre ces disciplines n’est pas connue : le temps des marchandages n’est donc pas clos. Il n’est aucunement fait mention de semestrialisation des enseignements fondamentaux. Il n’y aura donc, sans doute pas de changement dans l’organisation de ces enseignements, si ce n’est l’éventuelle suppression des actuelles heures de modules et d’aide individualisée.
Par rapport aux réflexions évoquées par la mission Gaudemar, c’est la vision traditionnellement disciplinaire qui marque des points Les enseignements de « tronc commun » sont en effet augmentés d’environ 30 % au détriment de l’accompagnement.
  • 6 heures pour les enseignements complémentaires : les élèves suivront quatre modules par an à raison de deux par semestre choisis au sein des domaines humanités, sciences, sciences de la société et technologies.
  •  Humanités : littérature française, langues et culture de l’antiquité, langues vivantes étrangères ou régionales, arts et histoire des arts.
  • Sciences : mathématiques, physique-chimie, SVT, informatique et société numérique.
  •  Sciences de la société : SES, initiation aux sciences de la gestion, histoire et géographie.
  •  Technologies : initiation aux sciences de l’ingénieur et de la production, initiation aux sciences médico-sociales, techniques de laboratoire, design, initiation aux technologies de l’hôtellerie et de la restauration, activités physiques et sportives.
 
Commentaire du SE-UNSA :
Le ministre n’a donné aucune indication quant aux contraintes qui pèseront –ou non- sur les choix des élèves (obligation de choisir des modules dans au moins deux dominante ? d’en choisir au moins un au sein de la dominante technologie ?). En revanche, l’argumentaire qu’il développe pour vanter les mérites de ces enseignements est révélateur : « cette organisation incite les élèves à conserver en seconde une certaine variété des enseignements qu’ils reçoivent afin qu’ils ne s’enferment pas trop tôt dans des filières dont ils ne pourront plus sortir »… Extraordinaire aveu d’un ministre qui s’apprête à ne pas toucher à la structuration rigide des « filières » du lycée en maintenant la distinction voie générale / voie technologique.
  • 3 heures hebdo consacrées à un « accompagnement personnalisé ». En fonction des besoins des élèves, il prendra la forme d’un soutien scolaire, d’une aide méthodologique, d’un conseil d’orientation, de travaux interdisciplinaires ou encore , « pour les plus à l’aise », d’un « travail d’expertise » (sic).
 
Commentaire du SE-UNSA :
Dans les projets « Gaudemar », le temps de l’accompagnement correspondait à trois modules sur l’année soit 4h 30 hebdo. Nous l’avions jugé insuffisant et revendiqué un quatrième module spécifiquement consacré au tutorat individualisé avec le professeur-référent. Dans la « seconde Darcos », l’accompagnement ressemble à un fourre-tout aux objectifs contradictoires. Pourquoi mélanger soutien, travaux interdisciplinaires et orientation alors que ces derniers points doivent concerner tous les élèves ? Ce temps sera-t-il inclus dans le temps de service des enseignants ? Comment seront-ils formés à ces nouvelles dimensions ?
  • l’organisation de l’année de seconde : l’année est divisée en deux semestres séparés par une semaine de temps de « bilan et d’orientation » (sic), où les élèves pourront « s’exercer à l’oral »… Cette nouvelle répartition du temps permettrait d’organiser quatre rendez-vous annuels avec l’élève (deux conseils de classe plus deux conseils de mi-semestre). L’indemnité de suivi et d’orientation serait réévaluée.
 
Commentaire du SE-UNSA :
On peut se réjouir de l’annonce d’une augmentation tant attendue de l’ISOE. Sur le fond, cette semaine de « bilan et d’orientation » n’avait pas été évoquée au cours des discussions avec la mission lycée. Pour l’heure, ses contours sont particulièrement flous. Le principe d’une semaine consacrée au bilan en fin de période fonctionne pour le premier semestre, mais qu’en sera-t-il pour la fin du 2ème semestre où une véritable procédure d’orientation sera maintenue ?
 
B) Le cycle terminal :
 
Xavier Darcos a été très rapide sur le sujet, évoquant seulement trois principes qui selon lui s’imposent :
  • des dominantes clairement identifiées parce qu’il ne veut pas d’un « lycée unique dans lequel chacun suivrait les mêmes enseignements » ;
  • le maintien de la voie technologique
  • le maintien du baccalauréat dans sa forme actuelle
 
Commentaire du SE-UNSA :
En quelques mots, Darcos a montré combien la « grande réforme du lycée » ne changerait finalement rien à la situation actuelle. Maintenir une voie technologique séparée, c’est conserver la logique des voies et séries socialement marquées. Dans le contexte de la chasse au redoublement (économies obligent) et sans alternative pédagogique crédible, c’est l’assurance du maintien d’une orientation vers la voie technologique principalement par défaut.