Article publié le jeudi 9 janvier 2020.
En ce début d'année, nous vous proposons un état des lieux sur l’avancement du dossier retraite dans l’Éducation nationale. Où en sommes-nous après les deux appels à la grève du 5 et du 17 décembre portés par le SE-Unsa dans l’Éducation nationale pour obtenir une revalorisation qui reconnaisse nos métiers à leur juste valeur et qui permette le maintien du niveau de nos pensions ?
Depuis l’ouverture du dossier sur la réforme des retraites, réforme que nous n’avons pas demandée, le SE-Unsa est l’une des rares organisations syndicales à se battre pour la revalorisation de nos métiers. Alors que d’autres se sont enfermés sur une ligne de rejet total de la réforme, le SE-Unsa a jugé qu’il était plus pertinent dans l’intérêt des personnels de combattre les points négatifs de la réforme en elle-même (comme l’âge pivot) et de s’emparer de la question de la revalorisation dans l’intérêt des personnels enseignants, d’éducation et des psychologues.
Nos objectifs principaux sont les mêmes depuis le départ et n’ont pas varié
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La réforme ne doit faire ni perdant, ni puni.
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La revalorisation pour permettre le maintien du niveau de nos pensions doit être conséquente et concerner tout le monde, y compris ceux qui ne seront pas impactés par la réforme.
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La revalorisation ne doit pas porter que sur l’indemnitaire mais doit aussi passer par les grilles indiciaires et une restructuration de la carrière.
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Le SE-Unsa refuse que les négociations sur la revalorisation soient liées à la redéfinition des métiers (missions, temps de travail…).
État des lieux du dossier et de ses dernières évolutions
En ce qui concerne la réforme des retraites :
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Recul de la première génération concernée. Ce n’est plus 1963 mais 1975 qui est prévu. Cela ferait que 47% des enseignants seraient impactés par la réforme, les générations antérieures à 1975 n’étant pas concernées.
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Âge de départ maintenu à 62 ans mais instauration d’un âge d’équilibre (appelé également âge pivot) à 64 ans avec 5% de décote par année si départ avant (c’est-à -dire 10% si départ à 62 ans, 5% si départ à 63 ans). Si le rapport Delevoye évoquait une surcote après 64 ans de 5% par an, le Premier ministre évoquait un système de bonus-malus dans son discours du 11 décembre.
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L’âge d’équilibre serait appliqué à tout le monde, y compris les générations antérieures à 1975. C’est bien là l’aspect paramétrique de la réforme que dénonce l’Unsa et qui a été la principale revendication de la grève du 17 décembre.
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La décote, dans le système actuel qui peut s’élever à 25% maximum et qui disparaît à 67 ans serait progressivement abaissée puis supprimée. Dans la phase où les deux décotes co-existeraient, ce serait la plus défavorable des deux qui serait appliquée.
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La retraite progressive serait étendue à tous les salariés et donc ouverte aux enseignants.
En ce qui concerne la revalorisation des enseignants, CPE et PsyEN :
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L’enveloppe totale après la montée en charge serait de l’ordre de 10 milliards de plus que le budget actuel de l’Éducation nationale. Il s’agit bien d’une enveloppe spécifique dédiée qui serait sécurisée, comme nous l’avons demandé, par une loi de programmation.
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La montée en charge débuterait dès 2021 et prendrait entre 10 et 20 ans. Les différents scénarii seront au cœur des négociations en janvier.
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À l’issue de la montée en charge, l’augmentation moyenne mensuelle brute serait donc potentiellement entre 750 et 950 euros. Mais ce n’est qu’une moyenne, il y aurait une différenciation dans sa répartition.
Après des mois d’attente, les lignes commencent enfin à s’éclaircir et à bouger au niveau du ministère de l’Éducation nationale. Toutefois, il est encore beaucoup trop tôt pour se satisfaire de ce qui nous est donné à voir, il subsiste toujours de trop nombreuses zones d’ombres. Sans oublier qu’au-delà de la seule Éducation nationale, la question de l’âge pivot reste une ligne rouge.
Pour donner le temps aux négociations d’avancer, le SE-Unsa n’a pas appelé à la grève en cette semaine de rentrée. Cependant une alerte sociale est d’ores et déjà déposée pour le mois de janvier de façon à pouvoir appeler la profession à se remobiliser si l’évolution des négociations l’exige.