Une expérimentation dès mars 2024 ?
L’expérimentation devait débuter en septembre 2024 et durer deux ans dans les territoires volontaires, notamment parce que les collectivités locales seraient amenées à financer une partie du trousseau. La tenue serait donc identique partout avec comme seule possibilité de distinction, un écusson.
Cependant, les annonces du président Macron le 16 janvier accélèrent la mise en œuvre de cette expérimentation et rebat les cartes. Nous ne savons pas si ce qui était prévu par l’ancien ministre sera repris par la nouvelle mais la volonté présidentielle est d’anticiper le début de cette expérimentation dès le retour des vacances d’hiver.
Des Ă©quipes volontaires ?
Le volontariat des collectivités locales est à la base de l’expérimentation. La communication politique affirme que les écoles, collèges et lycées se trouvant dans la
liste publiée par les médias sont aussi volontaires. Le SE-Unsa a appris que certains de ces établissements et écoles n’ont pas donné un avis favorable à cette expérimentation. Or, si on ne veut pas tendre le climat scolaire avant de prétendre l’améliorer avec une tenue identique, il faudra, avant toute chose, vérifier l’adhésion ou pas à l’expérimentation par les communautés éducatives.
Un hors-sujet pour résoudre les problèmes de l’École
L’objectif du ministère est de mesurer l’impact sur le climat scolaire et les résultats des élèves. Qui peut réellement croire que ce sont les véritables objectifs et que cette mesure est à même de résoudre les difficultés de l’École ? Cette décision est aussi présentée comme un moyen de gommer les origines sociales des élèves. Là encore, ce serait faire fi des chaussures, des bijoux, des téléphones et de toutes les conversations entre élèves qui montreront ces différences. Pour le SE-Unsa, le camouflage risque de ne pas être opaque très longtemps.
Une véritable expérimentation ?
L’Éducation nationale a l’habitude des expérimentations qui n’en sont pas et qui ne servent qu’à commencer à mettre en place une mesure automatiquement généralisée l’année suivante, sans aucun bilan. Qu’en sera-t-il de celle-ci ? Le comité scientifique, non connu à cette heure, doit assurer le suivi de cette expérimentation. Sera-t-il neutre ? Sur quels critères d’évaluation s’appuiera-t-il ?
Une mesure qui pourrait compliquer le quotidien des Ă©quipes
Il est assez peu probable que l’ensemble des élèves et des parents d’une école, d’un collège ou d’un lycée souscrivent au port de l’uniforme, quand bien même le conseil d’école ou d’administration aura modifié le règlement intérieur en ce sens. Il y a donc fort à parier que des refus compliqueront le quotidien des directeurs d’école, des enseignants, des CPE et des assistants d’éducation.
L’avis du SE-Unsa
S’agissant de la mise en œuvre de l’expérimentation, le SE-Unsa refuse toute pression sur les personnels visant à imposer l’uniforme à leurs élèves. Seul le vote d’une modification du règlement intérieur de l’école ou de l’établissement permet de mesurer l’adhésion de la communauté éducative. Par ailleurs, le SE-Unsa alerte sur les difficultés à venir pour les personnels face au refus de l’uniforme par certaines familles, ou encore face à la lourdeur organisationnelle. Enfin, le SE-Unsa reste opposé à une généralisation, les études déjà réalisées ne démontrant rien de probant.
Face aux problématiques réelles d’inégalités, l’École a besoin en premier lieu de courage politique pour restaurer une mixité sociale dans les classes, les écoles et les établissements. L’École a aussi besoin de mieux accueillir tous les élèves dans leurs différences par davantage de moyens et de personnels pour aider à dépasser les difficultés scolaires. Aussi, les personnels attendent prioritairement des financements, non pas pour une tenue vestimentaire mais pour des sorties scolaires, du matériel pédagogique innovant et d’adaptation aux élèves à besoins éducatifs particuliers, le renouvellement du parc informatique, l’entretien et la réfection des bâtiments scolaires entre autres besoins.
Pour le SE-Unsa, habiller les élèves de façon identique, tout comme les faire apprendre de façon uniformisée, relève surtout du renoncement à prendre des mesures sérieuses pour répondre aux urgences de l’École.