Article publié le jeudi 15 octobre 2020.
Les nouvelles formations en constellation sont mises en place à la rentrée 2020. Elles correspondent à la mise en place du Plan Français et du Plan maths et soulèvent de nombreuses questions.
Des points positifs
L’idée de construire des petits groupes de pairs (les constellations) qui suivront un même parcours peut sembler intéressante sur certains aspects :
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La création d’un « réseau » permet aux collègues d’une même constellation d’échanger sur la durée autour des pratiques professionnelles ; le ministère met ainsi en avant l’intelligence collective.
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Les collègues qui travaillent dans les petites écoles trouveront dans cette modalité l’opportunité d’échanger avec d’autres collègues que ceux de leur école de manière régulière.
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Un groupe pourra co-construire un projet ou un objet pédagogique commun et disposera d’un temps et d’un espace vraiment dédiés pour le tester et l’améliorer.
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La récurrence des rencontres permettra aux collègues et aux CPC de travailler régulièrement ensemble.
Des doutes
Ce nouveau dispositif porte toutefois en creux des inquiétudes et installe de nouvelles difficultés :
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Le cycle moyen annoncé pour que chaque collègue intègre une constellation est de six ans. À l’allure où vont les réformes dans notre ministère, gageons qu’il existe de fortes chances que ce fonctionnement soit perturbé par une nouvelle réforme avant même la fin d’un premier cycle.
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Certains collègues ne se sentiront pas à l’aise dans les modalités des constellations, or la venue d’un CPC ou d’un groupe pour observer la pratique en classe doit se faire dans un cadre de confiance. Elle ne doit pas être vécue comme une inspection détournée ou une intrusion dans leur pratique professionnelle.
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Cette nouvelle modalité de formation induit une nouvelle charge de travail pour les CPC, déjà impactés par la multiplicité de leurs tâches.
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Que faire également en cas de mutation d’un collègue en plein milieu d’un cycle ? Difficile de l’intégrer dans un nouveau cycle dans un autre département sans dévoyer l’esprit même de ce dispositif.
Une formation hélas imposée
Avec ce plan, le ministère souhaite renforcer le poids des fondamentaux dans la formation des professeurs des écoles. Certes, certaines données pourraient lui donner raison. Certes, la formation en constellation présente tous les atours d’un dispositif pédagogique intéressant (co-construction entre pairs, progressivité, long terme, feed-back régulier, travail en petits groupes…). Mais ce plan, qui consomme l’intégralité des 18 heures dévolues aux animations pédagogiques, ne pourra rencontrer l’adhésion des équipes s’il continue d’être ainsi imposé, qui plus est au détriment d’autres formations.
Ces nouvelles modalités renforcent le sentiment que les personnels n’ont plus leur mot à dire en ce qui concerne les contenus de la formation continue, et c’est bien là que le bât blesse. Certains se souviennent d’un temps où la formation continue permettait de valoriser des projets de terrain, de consolider et développer des pratiques qui correspondent aux besoins d’un territoire, de répondre aux attentes précises d’une équipe, d’un collègue ou d’une circonscription.
Une formation continue ainsi déployée en imposant verticalement des priorités ministérielles néglige la liberté pédagogique des collègues, et l’expertise des acteurs de la formation.
Le SE-Unsa sera exigeant sur la mise en œuvre de ce dispositif et demandera des point d’étapes réguliers. Les modalités décrites ne peuvent se concevoir que dans un groupe bienveillant où les formateurs auront établi une relation de confiance avec tous.
Les CPC doivent pouvoir être associés rapidement et consultés régulièrement, et les enseignants qui participent aux constellations doivent également pouvoir évaluer l’efficacité de ce dispositif.
Pour ces raisons, le SE-Unsa demande que ce plan, comme tout dispositif de formation continue, repose sur un engagement volontaire des enseignants.