Article publié le vendredi 8 mars 2024.
La ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse a reçu les organisations syndicales le jeudi 7 mars afin de leur faire part des arbitrages rendus par Matignon sur la mise en œuvre du Choc des savoirs. Si l’organisation des enseignements de français et de mathématiques en groupes en 6e et en 5e à la rentrée prochaine est maintenue, la notion de « niveau » disparaît. Une victoire pour le SE-Unsa et l’ensemble des personnels mobilisés.
Groupes de niveau vs groupes de besoin
L’émoi provoqué dans le corps enseignant par la mise en place de groupes de niveau au collège à la rentrée prochaine et la forte opposition syndicale au Choc des savoirs de Gabriel Attal ont eu raison des groupes de niveau, mesure phare du désormais Premier ministre, ou presque.
En effet, dans les textes à paraître, les cours de français et de mathématiques demeureraient organisés en groupes, sur l’ensemble du volume horaire de ces deux disciplines. Mais il s’agirait désormais de groupes réduits dont l’objectif est de répondre aux besoins différents des élèves.
Pour le SE-Unsa, qui a toujours porté les groupes de besoin qui permettent de travailler par exemple sur l’acquisition de compétences du socle commun, et qui ne sont pas constitués exclusivement d’élèves en grande difficulté, c’est incontestablement une victoire. Surtout, le séparatisme inacceptable induit par les groupes de niveau n’a plus lieu d’être.
Une organisation plus souple mais Ă accompagner
La disparition du vocable « niveau » n’est pas la seule concession accordée par la ministre : est également introduite la possibilité d’une « dérogation » au dispositif « groupes » pour permettre aux élèves de revenir sur la classe de référence (celles de tous les autres enseignements) sur des périodes de l’année, selon une organisation laissée à la main des équipes. Les collèges qui dérogeraient au texte initial ne seraient donc plus contraints d’organiser les cours de français et de mathématiques sur la totalité du volume horaire de ces disciplines, dont les professeurs pourront continuer à enseigner ponctuellement à la classe entière.
Ces annonces interviennent malheureusement après que les établissements ont organisé et anticipé la rentrée prochaine sous la contrainte du projet initial. Pour les collègues enseignants et chefs d’établissements qui souhaiteront déroger au texte, une nécessaire réorganisation devra être envisagée.
L’avis du SE-Unsa
Le SE-Unsa se réjouit de cette nette évolution du dispositif. Pour autant, l’installation d’un dispositif certes revu, mais dans un contexte de moyens insuffisants et soumis à un calendrier tardif, devra très vite être accompagnée de consignes claires quant à la mise en œuvre.
Les enseignants comme les chefs d’établissements ont besoin d’accompagnement, sans aucune pression ni contrainte, et surtout de temps pour préparer cette rentrée atypique. Les rectorats devront avoir pour consigne d’accorder toute confiance aux équipes concernant le choix de l’organisation qui sera adoptée dans les collèges. Ce sont bien elles qui devront avoir souplesse et liberté sur la constitution des groupes, ainsi que sur le nombre de périodes de retour en classe entière et leur durée.
Le SE-Unsa continue de maintenir la pression pour que soient abandonnées les autres mesures du Choc des savoirs (classe de prépa seconde, généralisation des groupes en 4e et en 3e, labellisation des manuels, évaluations nationales prédominantes) afin que ne restent de la politique éducative de Macron que des mots à visée électoraliste et non un système éducatif qui accompagne mal les élèves en les étiquetant, en les uniformisant, et qui contraint les équipes au lieu de leur faire confiance.