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Malgré la demande du SE-Unsa et d’autres syndicats de reporter à la rentrée 2016 ce nouvel enseignement qui concerne tous les niveaux et toutes les classes du CP à la Terminale, le gouvernement a donc décidé que l’EMC, Enseignement Moral et Civique, soit dispensé dès cette rentrée.
Une telle précipitation a entraîné la parution très tardive des programmes et des pratiques conseillées pour sa mise en place (http://www.education.gouv.fr/cid90776/l-enseignement-moral-et-civique-au-bo-special-du-25-juin-2015.html).
C’est d’autant plus regrettable que ce nouvel enseignement a le mérite de concerner tous les élèves dans le but de forger une identité commune centrée sur les valeurs républicaines, y compris, par exemple, les élèves des classes technologiques du lycée, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent. Et si ces programmes, largement amendés suite aux propositions du SE-Unsa, contiennent des pistes de travail intéressantes et des mises en œuvre alléchantes sur le papier, on ne peut que regretter le refus d’un report, tant il semble évident que tous les enseignants auront bien des difficultés à mettre en pratique l’EMC, faute de concertation, d’anticipation et de formation. Mais chaque enseignant, du CP à la Terminale, va donc faire au mieux pour dispenser ce nouvel enseignement.
L’EMC remplace l’instruction civique en primaire, l’éducation civique au collège, et l’éducation civique juridique et sociale (ECJS) en lycée.
À tous les niveaux, l’accent est mis sur la laïcité, définie comme « la liberté de penser et de croire ou de ne pas croire ». Cependant, chaque cycle dispose de thèmes centraux, comme « la sensibilité et les autres » pour les cycles 2, 3 et 4 déclinés ensuite sous formes de différents aspects par niveau. Le SE-Unsa ne peut que se féliciter que des thématiques comme la laïcité, le vivre ensemble ou l’engagement collectif soient placées au cœur de ce nouvel enseignement.
Plus globalement, c’est l’apprentissage des règles qui régissent notre société (de l’environnement immédiat des élèves au fonctionnement global de la nation, qui est décliné dans un programme aux thématiques larges). Ainsi au collège, à la suite de ce qui sera fait en primaire, quatre valeurs sont mises en évidence :
Au lycée, les thématiques et les pratiques recoupent peu ou prou l’enseignement de l’ECJS. Les dispositifs suggérés incluent l’éducation aux médias, la tenue de débats argumentés, ou encore d’autres formes d’expressions basées sur l’oral.
On ne peut qu’être en accord avec le principe d’ensemble de ce nouvel enseignement, mais bien des questions sont encore en suspens, en particulier en ce qui concerne l’évaluation de l’EMC.
Surtout, si les tragiques événements du début de l’année 2015 ont entraîné des interrogations sur le vivre ensemble dans la société française, et si le rôle de l’École, dans la formation de la personne et du citoyen, est plus que jamais d’actualité, on peut regretter que le calendrier des pouvoirs publics ne corresponde pas au calendrier du monde éducatif.
À vouloir aller trop vite dans la mise en place de l’EMC afin d’éduquer le plus grand nombre d’élèves, le gouvernement risque de manquer sa cible. Il ne faudrait pas que « la grande mobilisation de l’école » pour défendre et pérenniser les valeurs de la République ne soit qu’un effet d’annonce à cause d’une trop grande précipitation !
Des ressources d’accompagnement à l’EMC pour chaque cycle et pour le lycée ont été publiées le 15 septembre de cette année, malheureusement tardivement (http://eduscol.education.fr/pid33120/enseignement-moral-et-civique.html )
Ce sera à nous, enseignantes et enseignants, de trouver les moyens adaptés pour que la mise en place de ce nouveau dispositif ne rate pas son objectif.
Espérons que de son côté, le MEN, par un dispositif complémentaire et efficace de formation, puisse nous aider afin de permettre l’appropriation des nouveaux programmes de cet enseignement, dont les enjeux sont essentiels pour la France d’aujourd’hui et pour son avenir.