Article publié le jeudi 15 novembre 2007.
Le document d’orientation pour l’école primaire est présenté par Xavier Darcos comme un ensemble de propositions soumises à discussion, pour « définir un nouvel horizon pour l’école primaire ». De fait, il tente surtout de donner un habillage éducatif a posteriori à deux mesures annoncées sans aucune concertation, la suppression des cours du samedi matin et l’utilisation des heures ainsi récupérées pour une aide particulière aux 15% d’élèves les plus en difficulté.
Le document fait l’impasse sur tous les dispositifs d’aide existants, qu’il s’agisse par exemple des RASED ou des PPRE. Il cite le « socle commun » mais ignore sa logique : continuité éducative entre école et collège, acquisition de compétences, individualisation dans le temps scolaire. Il sépare artificiellement, dans le temps scolaire, « le temps de la transmission des savoirs et le temps de l’accompagnement éducatif » au risque de réactiver un débat qu’on croyait dépassé. Surtout, il rejette le traitement de la très grande difficulté hors du temps scolaire. Le principe est en lui-même contestable et sa mise en œuvre soulève de nombreuses questions : comment garantir que ces dispositifs s’adresseront effectivement aux élèves les plus en difficulté ? Comment organiser les transports scolaires pour les élèves qui resteront en soutien ? Le dispositif sera-t-il le même dans toutes les écoles alors que les publics présentent des caractéristiques très différentes d’une école à l’autre ?
Plusieurs propositions portent sur une révision des objectifs et des programmes de l’école maternelle et de l’école élémentaire. Souvent imprécises, elles nécessiteront toute notre vigilance : la priorité affirmée à la maîtrise de la langue ne doit pas se traduire par une fermeture de l’école au monde et à la diversité des savoirs, ou par une remise en cause de l’unité de la maternelle.
Enfin, le flou caractérise les nombreuses références à l’évaluation jalonnant le texte. Citées à tout propos, elles prennent l’allure d’une usine à gaz, là où, au contraire, elles devraient clarifier les objectifs et les pratiques.
Pour le SE-UNSA, cette réforme de l’école primaire doit viser la réussite et l’épanouissement de tous les élèves sans se traduire par une dégradation des conditions de travail des enseignants. C’est dans cet esprit qu’il participera aux discussions qui vont s’ouvrir.