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SE-UNSA 75


 Par SE-UNSA 75
 Le  mercredi 15 février 2023

CARTE SCOLAIRE : DECLARATION LIMINAIRE DU SE-UNSA PARIS

 

Ce CSA se tient entre deux journées de mobilisation massive des travailleurs.

 

Dans la mobilisation des personnels de l’Éducation Nationale, il faut voir également l’expression de la colère accumulée depuis des mois, pour ne pas dire depuis des années.

 

Tout d’abord, une colère face à des promesses qui ne sont pas tenues. Au premier rang desquelles celle de la revalorisation

Le pacte est une réponse provocatrice aux légitimes revendications de revalorisations salariales. Le « travailler plus pour gagner plus » est toujours à l’ordre du jour, ce que les personnels refusent en bloc. Travailler plus ET gagner plus, c’est juste « normal », cela n’est pas ce qu’il est convenu d’appeler « revalorisation ».

 

Il faut y voir également une colère contre des pratiques ministérielles qui, au-delà de la communication approximative et erratique qui ne surprend plus personne, renouent avec les méthodes méprisantes du précédent ministre. Ainsi en est-il, par exemple, des annonces relatives à la technologie en sixième, faites par voie de presse, alors que les réflexions sur les DGH sont déjà engagées. Cela est générateur d’incertitudes, de désorganisation et de tensions.

 

Colère enfin, parce que la politique éducative qui se dessine est celle d’une dérive bureaucratique de l’École : empilement d’injonctions, de dispositifs multiples, de listes sans fin de priorités, le tout piloté par des indicateurs dont la pertinence n’est jamais questionnée. 

Ne nous y trompons pas, tout cela traduit la méconnaissance profonde de la réalité de nos métiers et du terrain ; tout cela accroît le sentiment de perte de sens exprimé par les collègues et nourrit une rupture profonde avec l’État employeur.

 

C’est dans ce contexte délétère que nous sommes appelés à examiner les mesures budgétaires relatives aux emplois dans l’académie de Paris.

 

Rappelons que notre ministère détient le meilleur taux d’efficience : 1000 agents à gérer pour 6 gestionnaires ! Mais, dans les faits, de quoi s’agit-il ? Il s’agit d’imposer à ces professionnels de répondre           à l’urgence du quotidien, d’absorber un flux de travail intenable, le tout sans avoir la satisfaction   de l’efficacité. Cette réalité est largement ignorée ainsi qu’en atteste la régression globale des emplois des agents administratifs et techniques. Quant aux personnels d’encadrement et d’inspection, ils sont sommés de donner l’illusion que le système fonctionne normalement et d’apporter des solutions sans en avoir les moyens.

 

L'UNSA Education Paris fait le triste constat une fois de plus que la répartition des moyens de l’enseignement scolaire à la rentrée 2023 qui nous est présentée, ne permettra pas d’améliorer le service public d’Éducation sur l’ensemble du territoire et notamment les plus fragiles, ni la lutte contre les inégalités. Nous dénonçons les choix opérés qui sont à rebours des défis posés à l’école.

 

La répartition des moyens du 1er degré fait apparaître sur les 3 dernières années consécutives : la création de 10 postes en 2021, aucun en 2022 et le retrait de 155 postes en 2023.

 

Ce retrait dans le 1er degré, 178 fermetures et seulement 16 ouvertures, c’est comme un remake de massacre à la tronçonneuse. Ce choix du rectorat se fonde uniquement sur la prévision d’une baisse continue du nombre d’élèves.

Pour l'UNSA Education, cette baisse démographique aurait pu être l’occasion de créer des postes de RASED, de renforcer les effectifs de remplacement pour les absences ordinaires et les congés de  formation initiale et continue.

Le problème majeur du remplacement des enseignants ne se résoudra pas. Sans amélioration du nombre d’emplois, notre système éducatif ne pourra pas être amélioré.

Concernant les fusions d'écoles, elles doivent se faire avec préparation, dans un cadre officiel défini et garanti, et bien en amont de la carte scolaire. Nous rappelons que nous demandons un GT décroché de la carte scolaire pour étudier les suivantes, en lien avec les équipes.

 

Monsieur le Directeur, vous mettez déjà en concurrence les établissements entre eux avec l’attribution de la part variable de la prime REP+, et désormais, vous mettez en concurrence les départements en affirmant que notre académie fait partie des académies les mieux loties de France au regard du taux d'encadrement.

Mais arrêtons avec la guerre des chiffres et comparons objectivement ce qui est comparable en tenant compte des réalités du terrain et des professionnels qui y exercent leurs métiers. Et si l’envie vous prenait de persister dans cette comparaison, alors examinons là jusqu’au bout et constatons à quel point notre académie est moins bien gérée que d’autres académies !

 

Autre sujet qui nous tient à cœur : à l’heure de la préparation de la conférence nationale sur le handicap, il est urgent de mettre à plat le fonctionnement de l’Ecole inclusive et de se donner les moyens de répondre effectivement et pleinement aux besoins tels qu’ils existent de façon criante.

Cela nécessite de dépasser une politique purement comptable qui nie les difficultés de la communauté éducative et fragilise les personnels et les élèves.

L’école inclusive, enjeu majeur de l’École, n’est abordée par l’exécutif que comme un slogan sans garantir les conditions d’un accès effectif et réel au droit à l’éducation tel qu’il est défini par la convention internationale des droits de l’enfant.

Cette approche met en souffrance des personnels, des enfants et leur famille en n’offrant pas les réponses adaptées aux besoins des élèves.

  Et que dire des moyens mobilisés par l’employeur en matière de postes adaptés, de moyens mis à disposition pour les aménagements de postes nécessaires au maintien dans l’emploi des personnels en situation de handicap : ils sont indigents.

 

Au lieu d'investir dans le service public d'Éducation, notre employeur choisit les économies budgétaires.

Notre système éducatif vit de multiples crises : crise de sa capacité à faire mieux réussir chaque élève, crise de fonctionnement, crise de recrutement et crise de justice sociale.

L’État refuse de se saisir des défis actuels à leur juste mesure. En conduisant une politique modeste des emplois et d’insuffisance salariale, il ignore les enjeux, en refusant d’y répondre de façon adéquate.

 

Par ses choix et ses orientations, l’État manque encore une fois l’occasion d’offrir des perspectives  positives aux agents ainsi que de redonner confiance en l’avenir à notre pays qui fait face à des crises majeures.

 

Pour terminer, concernant cette journée de CSA, nous vous demanderons de faire preuve de méthode. 

Au vu de la dotation, il nous faudra prendre le temps des échanges et ne pas passer sous silence certaines situations.

Bien évidemment, nous ne sommes pas des machines et vous n’êtes pas des machines. 

C’est pourquoi nous vous demanderons un temps raisonnable de pause déjeuner et, si nous n’avons pas fini nos échanges à 20h, soyons certains que nous ne serons plus en mesure d’avoir des échanges apaisés. 

M. le Directeur, donnons-nous le temps et les moyens de la réussite de ce CSA qui a, aujourd’hui, une tonalité bien amère.

 

Merci de votre attention.