Vous êtes fonctionnaire d’État dans l’éducation nationale. Combien avez-vous perdu de pouvoir d’achat à cause du gel du point d’indice ?

En cette période de forte inflation c’est une question brûlante. Pourtant c’est bien depuis 2000 que notre pouvoir d’achat est peu à peu grignoté par ce gel, car la valeur du point d’indice représente l’essentiel de nos rémunérations.

Mélanie est enseignante dans le second degré (depuis septembre 1993). En septembre 2000, son indice était de 437 points. Elle a gravi les échelons suivant les modalités statutaires classiques et, aujourd’hui et jusqu’en septembre 2023, son traitement indiciaire brut sera calculé sur la base de 673 points.

  • Durant cette pĂ©riode, elle aura vu sa progression de carrière amputĂ©e par le gel du point d’indice. En effet sur cette pĂ©riode, l’inflation cumulĂ©e a Ă©tĂ© d’un peu plus de 48%. Pendant la mĂŞme pĂ©riode, le point n’a Ă©tĂ© revalorisĂ© que de 16% environ.

Cela représente pour Mélanie une perte de pouvoir d’achat due au gel du point d’indice de près de 22% sur la période.

  • On peut regarder cela autrement : les grilles statutaires auraient pu lui faire bĂ©nĂ©ficier d’une augmentation de 54% de son traitement indiciaire brut, mais Ă  cause du gel du point d’indice, celle-ci n’aura Ă©tĂ© que de 19% (en 23 ans, soit environ 0,76% par annĂ©e d’expĂ©rience).

Près des deux tiers de l’augmentation statutaire de Mélanie auront été annulés par le gel du point d’indice.

  • Mais cela ne s’arrĂŞte pas lĂ . Chaque mois, MĂ©lanie a donc gagnĂ© un peu moins que si le point avait suivi l’inflation. Ces pertes se sont accumulĂ©es et, au fur et Ă  mesure des annĂ©es, cela reprĂ©sente une somme plus que consĂ©quente : 93 300 euros bruts et encore davantage en euros constants (en annulant les effets de l’inflation).

En 23 ans MĂ©lanie aura perdu plus de 108000 euros bruts en euros constants.

Certains cherchent à savoir pourquoi l’éducation nationale a du mal à recruter depuis deux décennies. Mélanie sait pourquoi.

Depuis qu’elle a commencé à travailler, elle a vu ses conditions de travail se dégrader, les prix augmenter. Elle espérait que sa progression de carrière et l’accumulation de son expérience professionnelle lui permettraient avec les années de mieux vivre. Elle espérait que ces 30 ans au service du public seraient reconnus à leur juste valeur. Ce n’est pas le cas. Au contraire, sur la même période, les prix du logement ont explosé et représentent une part de plus en plus importante de ses dépenses.

Comme elle, d’autres agent·e·s, quelles que soient leurs fonctions au sein de l’éducation nationale ont subi les mêmes pertes à cause du gel du point d’indice. Des mesures catégorielles ont parfois été mises en place. Des primes ont été octroyées pour certain·e·s. Les grilles de rémunération ont évolué pour un petit nombre d’entre nous. Mais rien de tout cela n’a réellement compensé les pertes colossales dont nous parlons ici.

Mélanie est amère car elle entend beaucoup parler de revalorisation dans les médias depuis plusieurs années mais ne voit jamais rien venir et les annonces récentes ne la rassurent pas, bien au contraire.

Croyez-vous que Mélanie conseillerait à d’autres de se mettre au service du public ? Si vous n’avez pas la réponse, demandez lui si vous la croisez (ou si vous croisez un·e de ses collègues).

L’UNSA Éducation reste à disposition de ceux qui souhaiteraient contester ces chiffres et ces calculs et se fera une joie de prouver par A plus B que c’est une réalité. Les lecteurs nous feront grâce des décimales pour une lecture plus claire de cet article mais celles-ci sont présentes dans nos calculs.

Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur les données ayant conduit à ces résultats : lire cet article

Contactez nous si vous voulez en savoir plus sur votre cas personnel : fp@unsa-education.org