SECTION SE-Unsa de la HAUTE SAVOIE - BOURSE DU TRAVAIL - 7 RUE DU MOLE - 74100 ANNEMASSE
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Haute-Savoie : les sacrifiés de la Fonction publique
Haute-Savoie terre de Misère, Inquiétude sur les conditions de vie, ce ne sont pas des slogans syndicaux mais des articles de la presse locale reprenant nos actions sur la vie chère dans le département. Suite à vos témoignages (voir site) et à notre enquête se basant sur les données officielles de l’Insee et d’agence de locations (voir site), nous avons demandé une audience au préfet, aux sénateur·rices et aux député·es du département (*). C’est ensuite avec les plus proches conseillers du ministre de l’Éducation que nous avons porté les mêmes revendications en compléments de celles habituelles sur les conditions de travail (voir site).
Les constats
Le décalage entre le niveau de vie moyen de la région genevoise (36 000 €) et le revenu moyen d’un fonctionnaire est abyssal. À cela s’ajoute le gel du point d’indice depuis 2008 amenant une perte du pouvoir d’achat de plus de 25 %, un coût du logement deux fois plus élevé que la moyenne nationale, des frais de garde d’enfant pouvant s’élever jusqu’à 115 €/jour, le coût des transports : les profs n’arrivent plus à joindre les deux bouts (Le Dauphiné libéré).
Des collègues sont contraints de vivre en colocation, d’être aidés par leurs parents, d’avoir un double emploi malgré la charge déjà conséquente de travail (43 h selon la Depp) et les contraintes imposées par l’administration sur le cumul, et/ou ne peuvent plus payer des études à leurs enfants.
C’est la réalité paradoxale de la Haute-Savoie, carte postale magnifique pour certains, prison de verre pour d’autres ; département riche mais composé de représentants de l’état se paupérisant. Il est nécessaire qu’un Service public de qualité perdure mais malheureusement l’État ne s’occupe pas de l’équité territoriale et des conditions d’exercice de ses agents, les poussant ainsi à quitter leur poste.
Nos propositions pour le logement
L’urgence, c’est l’accès au logement. Pour cela nous proposons :
Cependant, ces mesures sont contraintes par la temporalité, la disponibilité de terrain, la répartition géographique des besoins et des possibilités de constructions. Or les besoins sont urgents et concentrés sur les zones les plus fortement tendues. De plus, certains collègues ont souscrit un crédit à une époque où il était encore possible de l’assumer (avant 2010), mais peinent aujourd’hui à le rembourser.
Nos revendications concernant la rémunération
Ces pistes sont donc nécessaires mais elles doivent arriver en complément d’une augmentation du revenu. Nous rappelons l’absolue nécessité de l’amélioration du revenu des enseignants sans contrepartie.
D’autres pistes sont déjà connues comme l’indemnité de résidence, allouée dans certains secteurs où la vie est pourtant moins chère qu’en Haute-Savoie. Cette indemnité est fixée par une circulaire de 2001 (non actualisée depuis) où sont indiquées les villes précises permettant d’en bénéficier. Aucune ville haut-savoyarde n’y figure alors que, selon les critères de cette circulaire, 58 % de nos communes seraient concernées par l’indemnité de 1 % et 30 communes pourraient prétendre aux 3 %.
Pour le SE-Unsa, c’est tout le département qui doit en bénéficier mais cette compensation, par son faible taux, ne permet pas l’accessibilité au logement, par loyer ou crédit, ni à un niveau de vie digne de notre métier et de notre engagement.
Certaines collectivités territoriales ont également mis en place des primes de fidélisation et de stabilité. L’État employeur pourrait reprendre l’idée dans toutes les fonctions publiques.
Le SE-Unsa revendique, d’une part, la revalorisation urgente et consĂ©quente de l’ensemble des agents de l’État de France et, d’autre part, la rĂ©Ă©valuation de l’indemnitĂ© de rĂ©sidence, la crĂ©ation d’une prime Ă la vie chère en Haute-Savoie (mais aussi en ĂŽle-de-France et pour les grandes agglomĂ©rations, ainsi que pour certains dĂ©partements frontaliers et les zones en tension immobilière), ainsi qu’une compensation pour l’accession au logement.
Les réactions des élus, aux frontières du réel ?
Loïc Hervé semble connaître la situation et reconnaitre le bien fondé de nos propositions sur le logement, Mme Petex-Levet compatit sans apporter de solutions, M. Pellevat ne prend pas la parole. Mme Noel pense quant à elle que la revalorisation de 3,5 % peut combler les 25 % perdus.
M. Armand, proche du prĂ©sident Macron, confirme l’importance du travail spĂ©cifique sur le logement mais nous dit qu’après une « revalorisation historique » il ne devrait pas y avoir d’augmentation indiciaire. De plus très attachĂ© au « pacte » de rĂ©munĂ©ration, il nous en fait l’éloge sans se rendre compte que les propositions sont impossibles et inacceptables.
Madame Duby-Muller nous rappelle son attachement Ă cette lutte, notamment pour l’obtention de l’IR et nous dit avoir rencontrĂ© Ă ce sujet le Ministre de la Fonction Publique qui s’est "montrĂ© lucide et avec une volontĂ© d’agir" pour l’attractivitĂ©, notamment par l’accès au logement.
Les représentants du ministre nous disent que la situation est bien comprise à force d’interventions et que des pistes sont à l’étude.
Depuis 20 ans que l’Unsa porte le dossier, les élus sont enfin plus réceptifs. Des rendez-vous entre élus et le ministre de la Fonction publique ont été pris et le dossier semble avancer sans qu’il n’y ait toutefois de mesures concrètes à ce jour. Pour nous, il y a urgence et aucune contrepartie ne doit être demandé en échange de mesures liées à réduire les inéquités territoriales.
Et maintenant ?
Il est plus facile de se rĂ©signer que de militer. C’est parce qu’au SE-Unsa nous militerons toujours que l’action continue devant l’association des maires de France et devant le ministre du logement auprès desquels nous avons sollicitĂ© des audiences. L’audience au minstère du Logement est prĂ©vue pour le 31 mai.
Au-delĂ du « pouvoir de vivre dignement » c’est aussi une question d’accessibilitĂ© Ă la fonction d’enseignant en Haute-Savoie. Sans pouvoir se loger, sans pouvoir assumer sa famille, sans pouvoir vivre de son seul mĂ©tier ce n’est pas possible. Franchissions la frontière : 500 mètres plus loin une Ă©cole vous rĂ©munère 97 000 francs suisse/an, soit environ 98 800 €.
Pour rendre notre action encore plus pertinente, plus fine, plus proche du terrain, n’hésitez pas à nous faire part de votre situation.
(*) Les deux sénateurs et la sénatrice, les député·es Petex-Levet (LR), Duby-Muller (LR) et Armand (Renaissance) ont accepté notre proposition d’échanger. . Mesdames Riotton, Violland et monsieur Roseren n’ont pas répondu.