SECTION SE-Unsa de la HAUTE SAVOIE - BOURSE DU TRAVAIL - 7 RUE DU MOLE - 74100 ANNEMASSE
Tél. 04 50 39 73 85 - Por. 06 16 90 33 54 - 74@se-unsa.org

 
Retraites : une rĂ©forme prĂ©occupante pour les femmes
Article publié le lundi 30 janvier 2023.
  • Lnk_facebook
  • Lnk_google
  • Lnk_twitter

Explication en vidéo : https://youtu.be/OGyr_vqsqqU

Les femmes sont bien souvent les grandes oubliées des réformes. Celle concernant les retraites n’échappe pas à la règle. En raison de salaires plus bas et de carrières discontinues, les femmes cotisent généralement moins pour leur retraite et se retrouvent donc à toucher moins de droits. Ainsi, la réforme proposée qui vise à augmenter l’âge de départ à la retraite et l’allongement de la durée de cotisation, changera-t-elle la situation déjà très inégalitaire ? À vouloir « sauver » à tout prix nos retraites ne risque-t-on pas au contraire d’aggraver encore davantage la situation des femmes ? Pour essayer d’y voir plus clair, l’UNSA Éducation revient sur les conséquences de la réforme pour les femmes dont l’étude d’impact présentée en Conseil des ministres, ce lundi 23 janvier, apporte des éclairages.

Les femmes touchent en moyenne une pension inférieure de 40% à celle des hommes.

Pour rappel, le montant des pensions dépend :

  • du salaire initial (75 % du traitement brut hors primes des six derniers mois dans la fonction publique, 50 % de la moyenne des 25 meilleures annĂ©es dans le secteur privĂ©)
  • de la durĂ©e de cotisation nĂ©cessaire pour avoir une retraite Ă  taux plein avec la prise en compte d’une dĂ©cote ou d’une surcote
  • de l’âge d’ouverture des droits ( 62 ans actuellement)

Avec le système actuel, les femmes sont dĂ©jĂ  les grandes perdantes. En effet, les inĂ©galitĂ©s de salaires- y compris Ă  diplĂ´me Ă©quivalent- et la carrière professionnelle souvent saccadĂ©e des femmes -rythmĂ©e par des temps partiels frĂ©quemment subis et des taux d’activitĂ© plus faibles- agissent comme une « double peine Â» pour les femmes Ă  la retraite.

Or, la réforme envisagée va aggraver cette situation.

Les inégalités salariales sont au cœur des différences de pensions

Ă€ travail Ă©gal, les femmes gagnent en moyenne 16,1% de moins que les hommes.

Dans la Fonction Publique, la diffĂ©rence de salaire est de 11,6 % au dĂ©triment des femmes et en fin de carrière celle-ci atteint 18%. En effet, si les femmes y sont très majoritaires elles sont, en revanche, surreprĂ©sentĂ©es dans la catĂ©gorie C, c’est-Ă -dire la catĂ©gorie la moins rĂ©munĂ©rĂ©e de la fonction publique.

Une majorité de femmes exclues du minimum vieillesse à 1200 euros

Le rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) en septembre dernier rappelait que les femmes sont moins souvent en emploi que les hommes quel que soit l’âge. Les chiffres clĂ©s de 2022 font apparaĂ®tre cet Ă©cart qui est, selon les classes d’âge, de 4 Ă  8,4 % en deçà de celui des hommes avec un Ă©cart maximal entre 25 et 49 ans.

De plus, les chiffres clĂ©s de 2022 font Ă©tat du taux de pauvretĂ© selon le sexe et le type de famille or, 35% des personnes pauvres, c’est-Ă -dire dont le niveau de vie est infĂ©rieur au seuil de pauvretĂ© soit 1 102 euros par mois en 2019, sont des mères de famille monoparentale.

Elles sont Ă©galement plus nombreuses Ă  vivre en dessous du seuil de pauvretĂ© : 4,9 millions de femmes contre 4,3 millions d’hommes en 2019. C’est donc bien une « double peine Â» qui s’exerce sur ces femmes puisque le minimum vieillesse annoncĂ© Ă  1200 euros leur sera très difficilement accessible puisqu’il ne concerne que les carrières complètes Ă  taux plein.

Une pénibilité du travail qui concerne aussi les femmes mais qui n’est pas toujours reconnue comme telle

Les femmes sont nombreuses Ă  exercer des mĂ©tiers prĂ©caires, pĂ©nibles avec des horaires atypiques. Cependant, la pĂ©nibilitĂ© de ces mĂ©tiers n’est pas toujours reconnue comme telle. Augmenter l’âge de dĂ©part Ă  la retraite, c’est risquer d’exposer davantage les femmes Ă  des conditions de travail difficiles notamment en raison du caractère physique et/ou rĂ©pĂ©titif de leur travail et des horaires irrĂ©guliers, en mettant leur santĂ© en pĂ©ril ou en les contraignant Ă  partir prĂ©maturĂ©ment.

 

Le temps partiel des femmes impacte Ă  la baisse le montant de leur pension

Le temps partiel concerne essentiellement les femmes : 1 femme sur 4 contre 1 homme sur 10. Dans la moitiĂ© des cas, il est pris pour raisons familiales, c’est-Ă -dire pour s’occuper des enfants. Or, si le travail Ă  temps partiel n’a pas d’incidence sur la durĂ©e d’assurance pris en compte pour la retraite, il en a sur le montant de cette dernière qu’on relève du rĂ©gime public ou privĂ©- dans ce dernier cas, les revenus annuels doivent ĂŞtre suffisants pour valider 4 trimestres.

Ainsi, avec la réforme, les femmes seront bien les grandes perdantes. L’argument avancé du gouvernement d’une retraite plus élevée pour les femmes ne fonctionne pas si on compare à âge égal, 64 ans. En effet, les femmes ne bénéficieront plus de la surcote éventuelle à laquelle donnait droit une carrière complète à partir de 62 ans et dont elles auraient pu bénéficier avant la réforme.

De plus, l’accĂ©lĂ©ration du report de l’âge lĂ©gal va obliger plus de femmes Ă  repousser leur dĂ©part Ă  la retraite dĂ©jĂ  amorcĂ© par la rĂ©forme Touraine de 2014-les 43 annĂ©es de cotisations requises pour partir Ă  taux plein interviendraient dès 2027 et non plus en 2035-. Ce phĂ©nomène concerne davantage les femmes que les hommes. En effet, celles-ci bĂ©nĂ©ficiaient de trimestres validĂ©s grâce au congĂ© maternitĂ©-qui peuvent reprĂ©senter jusqu’à 8 trimestres supplĂ©mentaires par enfant-pour partir Ă  taux plein Ă  62 ans. DĂ©sormais, ces trimestres pourront ne plus ĂŞtre d’aucune utilitĂ© pour les femmes qui devront poursuivre, quoi qu’il en soit, leur activitĂ© jusqu’à 64 ans.

Pour l’UNSA Éducation, la rĂ©forme proposĂ©e qui vise donc Ă  augmenter l’âge de dĂ©part Ă  la retraite et Ă  allonger la durĂ©e de cotisation pĂ©nalise davantage les femmes qui ont des carrières plus courtes et des salaires plus bas que les hommes. Avec une telle rĂ©forme, les femmes risquent d’avoir plus de difficultĂ©s Ă  atteindre les conditions d’âge et de cotisations requises pour une retraite complète. C’est tout un système Ă  reconsidĂ©rer Ă  la lumière des Ă©volutions de la sociĂ©tĂ©.  La question de la pension de rĂ©version Ă©largie au Pacs en est une. La prise en compte de la carrière professionnelle des femmes et de ses spĂ©cificitĂ©s en est une autre. Toutes ces questions doivent impĂ©rativement faire l’objet d’une vĂ©ritable rĂ©flexion, si on souhaite pouvoir attĂ©nuer les inĂ©galitĂ©s et garantir une retraite Ă©quitable Ă  toutes les femmes.

 

Lire d'autres articles retraites : https://sections.se-unsa.org/74/spip.php?rubrique62

 

 

 

 

 

 

 
 
PĂ©tition
 
Nos campagnes
 
Santé
 
Aides spécifiques
 
Mouvement
 
Conditions de travail
 
Concours
 
ALC
Prendre un rendez-vous
RDV