La légende de l’uniforme des temps passés

Si les écoliers de jadis ont porté une tenue uniforme (la blouse grise des photos de Doisneau) c’était pour des raisons pratiques et hygiéniques. En effet, la blouse n’a jamais incarné un idéal républicain égalitaire, mais une pragmatique protection contre les taches d’encre à une époque où ni la « fast fashion Â» et ses tonnes de vêtements interchangeables, ni les lave-linge n’existaient. Pour autant, les partisans du « c’était mieux avant » s’emparent de cette légende pour remettre au goût du jour la nécessité d’une tenue uniforme dans l’école du 21ème siècle. Elle serait une miraculeuse solution pour éviter les marqueurs sociaux, et les atteintes à la laïcité.

Pas de solution miracle !

Il n’existe pas de solution miracle aux difficultés multiples et complexes qui traversent le système éducatif. On ne peut résoudre la baisse de niveau dans la maîtrise de la langue française grâce à une méthode unique d’enseignement de la lecture, de même, on ne peut effacer les différences de capital culturel qui mettent à la peine certains enfants et jeunes pour s’émanciper en leur faisant porter les mêmes jupes, pantalons et chemises. Certes, certains territoires, certains établissements ont déjà fait le choix d’une couleur unique portée sur un t-shirt qui associée à un jean, cultive le sentiment d’appartenance. Mais, est-il besoin de généraliser par la loi une telle pratique ? Ne peut-elle en rester à l’autonomie des établissements et s’inscrire dans leur projet, accompagnée d’autres moyens de lutte contre les inégalités, contre les atteintes aux valeurs républicaines ?

Un uniforme, comme son nom l’indique, ça uniformise. Ça dissimule les différences, mais ça ne les gomme pas. Il est  plus complexe d’éduquer au respect des différences, au multiculturalisme, que de vouloir en cacher les résistances par le port d’un vêtement unique.

Stop aux solutions simplistes et inefficaces ! L’UNSA Éducation s’oppose aussi bien à l’uniformisation des individus qu’à une société conçue comme la juxtaposition de communautés ou de groupes auxquels pourraient être reconnus des droits ou devoirs différents. Au contraire, l’UNSA Éducation souhaite, dans le respect des valeurs de la République, l’émergence d’une société qui unit et qui permet la cohérence par-delà l’expression des différences. C’est une des conditions pour parvenir à une société inclusive, émancipatrice, plus juste et plus solidaire.