Nos collègues directeurs et directrices ont reçu un mail émanant du service information du Ministère de l’Education Nationale « mettant à votre disposition Â» un document* que l’on vous « remercie de bien vouloir distribuer aux familles Â».

Le SE-UNSA 72 vous exhorte à ne pas le faire.

 

En effet, il s’agit à notre sens d’un outil de propagande gouvernementale comportant des relents de « prof-bashing Â», autrement dit dénigrement des professeurs.

 

Le titre « ce qui change pour votre enfant Â» n’est pas un problème. Par contre, l’affirmation qui suit, « Des professeurs mieux rémunérés Â» pour « reconnaitre leur engagement Â» est intolérable.

Certes, chacun et chacune d’entre nous verra son salaire augmenté en septembre. Mais, ce tract propagandiste rappelle-t-il que ce n’est que justice (et mauvaise justice !) que d’être augmentés en contexte inflationniste alors même que notre pouvoir d’achat n’a cessé de diminuer depuis 30 ans ? Que cette augmentation ne couvre pas la perte de pouvoir d’achat de ces 2 dernières années ?

Et on nous dit, à nous, quand nos parents d’élèves sont augmentés ?

Qui croient-ils berner en parlant reconnaissance quand toutes les unes des journaux français, toutes les émissions, indiquent que le métier est déserté. Ça se saurait si nos professions étaient mieux reconnues. Les concours feraient le plein.

 

Ensuite, l’item « lecture, écriture et mathématiques Â». 2h par jour seront dédiées à la lecture et l’écriture. M’enfin ! C’est déjà le cas ! Si ce n’est plus ? Entre les apprentissages disciplinaires et transversaux, le compte est bon ! Quant aux exercices réguliers … euh… mais il croit que l’on fait quoi avec nos élèves, le ministre ?

La lecture … il est vrai que nous ne l’encourageons pas. Le ¼ d’heure de lecture devait tout résoudre pourtant ! Des textes longs de 1000 mots, et bien pourquoi pas. Laissons tomber le travail de compréhension, de lecture à voix haute, de fluence, d’interprétation. Lisons 1000 mots puisque seul ce nombre semble compter. Toujours cette politique du chiffre. « Pas une classe sans enseignant Â», « augmentation de 120 € à 250 â‚¬ Â», « 1000 mots Â» « 2 textes Â», « 30 minutes d’APQ Â», « 100 000 heures supplémentaires Â», et des numéros verts !

Quant à la pratique de l’écriture … tiens, en lisant la fin de la ligne, on s’aperçoit que le ministre évoque en fait la production d’écrit !

Prof-bashing encore … tout ce paragraphe sur le « plus de savoirs fondamentaux Â» laisse croire à tout un chacun que nous ne le faisions pas jusqu’à présent.

 

La fameuse égalité des chances. Selon le ministre :

Egalité des chances = soutien hors temps scolaire et moins de vacances si tu es en difficulté.

Ah, tiens, on replace que les collègues « méritants Â», qui acceptent/peuvent travailler plus (dans le cadre du pacte) gagneront plus. Quelle chance !

Pour le SE-UNSA, l’égalité des chances c’est une école qui donne la même chance à tous les élèves, sans punir les élèves les plus en difficulté, mais en répondant à leurs besoins. Pour le SE-UNSA, cela doit passer par des RASED complets, des brigades de remplaçants d’AESH, des élèves qui ont droit à une orientation et un accompagnement de qualité et adaptés, des psychologues et personnels médico-sociaux en plus grand nombre, des effectifs réduits. Des professeurs formés à la différence. 

Cela doit passer par la suppression de la mention du lycée d’origine dans Parcours sup, davantage de mixité sociale et scolaire, un investissement massif dans l’École Publique et Laïque.

 

Les évaluations. Au SE-UNSA, nous pensons que les évaluations n’ont que peu d’intérêt pédagogique. Dans professeur il y a pro. Laissez-nous faire notre métier ! Nous savons évaluer nos élèves et adapter les apprentissages en fonction de leurs besoins. Les évaluations ne servent qu’à remplir des tableaux de statistiques de l’Education Nationale. Et justifier des primes variables, ou la notation des établissements.

 

L’accueil dès 2 ans pour ceux qui le souhaitent se résume surtout à ceux qui le peuvent. Le dédoublement des classes de GS a considérablement réduit les espaces (et les professeurs) disponibles. N’y aurait-il pas un travail à mener dans le milieu de la petite enfance plutôt que dans les écoles ? Dans les faits, c’est surtout dans les zones rurales, afin d’éviter des fermetures de classe, que l’accueil en TPS est mis en place. Ou dans les établissements privés… justifiant des financements publics toujours plus importants.

 

En bref, le SE-Unsa appelle à ne pas respecter la consigne adressée aux directeurs d’imprimer ce qui n’est rien d’autre que de la propagande ministérielle.

Utiliser l’injonction alors que le ministère dispose des moyens de s’adresser de façon dématérialisée et individuelle à chacun de ses agents - ce qu’il ne se prive d’ailleurs jamais de faire - est une provocation supplémentaire.

Cette injonction intervient dans un contexte où les directrices et directeurs voient déjà leurs tâches alourdies par la mise en place d’un Pacte dont ils ne veulent pas assurer la gestion et qui nourrit des tensions sur le terrain. 

 

Demander d’imprimer cette propagande est par ailleurs en totale contradiction avec la nécessité de réduire les impressions papiers inutiles dans le cadre d’une démarche écoresponsable. 

Alors que les personnels enseignent chaque jour les impératifs de la lutte contre le gaspillage et les déchets, le ministère s’affranchit donc à cette occasion de ses obligations dans le cadre de la stratégie nationale de développement durable. A moins qu’il ne considère que faire planter un arbre par chaque élève de 6^ème compense cette aberration écologique ?

 

Pour le SE-Unsa, c’est non ! Les directrices et directeurs ont d’autres tâches à accomplir et des sujets plus importants à gérer. Ils n’ont pas de temps à perdre !

Le SE-Unsa a interpelé le ministère mardi 5 septembre au matin pour dénoncer une telle demande et l’informer de sa consigne syndicale à venir. Le SE-Unsa appelle les collègues à ne pas distribuer cette communication institutionnelle.

 

*Ces documents sont déclinés par type d’établissement : Ecole, Collège, Lycée général et technologique, Lycée professionnel.