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SE-UNSA 68


 Par SE-UNSA 068
 Le  samedi 9 mai 2020

Courrier DASEN du 7 mai 2020 aux PE et aux directeurs : analyse et avis du SE-Unsa 68

 

Vous avez toutes et tous été destinataires d'un courrier de la DASEN le 7 mai (téléchargeable ci-dessous).  Le SE-Unsa 68 analyse et décrypte ce courrier pour vous :

Valorisation de la continuité pédagogique :

La « débrouille » a été la règle, avec des réussites indéniables. Nos collègues se sont souvent investis au-delà du raisonnable pour s’approprier à toute vitesse des outils numériques et imaginer des contenus pour leurs élèves. Mais il n’est pas question de passer sous silence des aspects moins reluisants :

  • L’impréparation de l’Institution qui fait échos aux affirmations médiatiques du ministre Blanquer au mois de mars "tout est prêt pour assurer la continuité pédagogique"…
  • Les outils institutionnels souvent inopérants et le bricolage avec des outils d’opérateurs privés peu respectueux des données personnelles
  • Un « télétravail » qui n’en est pas réellement. Cette modalité de travail est bornée réglementairement et ouvre des droits qui ne nous ont pas été octroyés.
  • Cette continuité pédagogique a été réalisée avec les outils personnels des enseignants, financés sur leurs deniers personnels : ordinateur, connexion internet, téléphone, …
  • Le dispositif « flux de devoirs » arrivé très tardivement, d’une infinie complexité et avec des délais d’acheminement beaucoup trop lents.

Première priorité : la sécurité sanitaire

Demande d’une stricte application du protocole sanitaire mais impossibilité pratique

Dans les domaines de la pédagogie et du suivi des élèves, c’est l’usage dans l’éducation nationale : demander aux agents de faire des choses dont on sait qu’elles sont irréalisables. Mais dans les domaines de la santé et de la sécurité, c’est une autre affaire. Toute carence dans l’application des règles sanitaires peut engager la responsabilité des personnels.

« Doublepensée » Orwellienne

Ou comment faire accepter simultanément deux points de vue opposés et ainsi mettre en veilleuse tout esprit critique. La ficelle est un peu grosse…

Il est exigé une mise en œuvre stricte du protocole, préalable indispensable à la réouverture des écoles. Mais cela n’empêche pas l’IA-DASEN, dans un autre contexte (CHSCTD du 30-04) d’affirmer que tout s’est très bien passées sans lui pour l’accueil des enfants des personnels indispensables à la gestion de crise depuis le 17 mars (pour mémoire, quatre pôles d’accueil ont tout de même été fermés dans le Haut-Rhin pour cause de cas avérés de covid-19).

Alors, application stricte du protocole ? Vraiment ?

La priorité donnée au sanitaire vient se heurter à une autre priorité, plus impérieuse pour l’Institution : accueillir des élèves le plus rapidement possible. Chacun mesure l’impossibilité de garantir l’application stricte du protocole national avec deux jours de préparation. Le « en même temps » ou la conciliation de l’inconciliable trouve ici ses limites.

Cet affichage, avant tout destiné à rassurer les parents d’élèves, mets les équipes dans une situation intenable. Mais prenons la consigne de l’IA-DASEN au pied de lettre et signalons tout manquement dans l’application du protocole (voir courrier type du SE-Unsa ICI). Ne laissons pas de place aux interprétations un peu trop « légères » de ce document !

Equipe mobile de sécurité sanitaire et référent santé

La nomination d’un référent santé par école est une bonne nouvelle.
Quant à l’EMSS, elle sera pilotée par la chargée de mission formation continue. Soit. Nous attendons de voir si des réponses valables seront apportées rapidement aux équipes. Il est aussi indispensable que le CHSCT soit informé des écoles dans lesquelles des difficultés de mise en oeuvre du protocole seront constatées.

Calendrier

L’emploi du mot « prérentrée » est malheureux : il laisse entendre qu’il ne s’est rien passé de sérieux depuis le 6 mars… « pré-reprise en présentiel » aurait été plus adapté.

On note aussi une contradiction : une prudence est affichée sur le retour des autres niveaux que le CM2 et le CP à partir du 2 juin mais, en parallèle, l’extinction des pôles d’accueil est annoncée à cette même date.

L’épineux problème du retour des élèves de maternelle n’est pas évoqué, peut-être pour faire taire provisoirement la contestation. Nous en sommes convaincus : l’application du protocole et impossible dans ces écoles. Les consignes de distanciations sont contraires à l’un des objectifs principaux de l’école maternelle : socialiser en favorisant les interactions.

Les collègues seraient face à un dilemme cornélien : prendre des libertés avec le protocole ou transformer la classe en une garderie maltraitante...

Cadre général souple, étude au cas pas par cas : qu’en est-il concrètement sur le terrain ?

En réalité, des instructions générales ont déjà données par certains IEN (exemple : accueil des ULIS dès le 14 mai par groupe de 10 élèves au maximum). Idem pour les classes multiniveaux (CM1/CM2). On est loin d’une étude au cas par cas et d’une véritable concertation. D’un autre côté, des maires d’un même secteur annoncent des organisations très différentes. Ce qui est certain, c’est qu’il pourra y avoir un ralentissement du calendrier défini au niveau académique mais pas une accélération (instruction de la Rectrice en CHSCTA le 6-5).

Si des solutions qui vous semblent aberrantes vous sont imposées et que vous subissez des pressions, contactez-nous !

Conseil d’école « extraordinaire »

Le code de l’éducation ne prévoit que des conseils d’école. Le conseil d’école « extraordinaire » est une invention dont on ne connait pas précisément l’origine.

Cela signifie qu’il n’y a pas de procédure d’exception : il est notamment indispensable de transmettre les convocations 8 jours avant la réunion. Ainsi, réunir cette instance avant le retour des élèves est tout simplement impossible dans les écoles où les CM2 reprennent la semaine prochaine.

Le libre choix des familles…

Prétexter l’impératif de justice social pour rouvrir les écoles dans la précipitation et laisser le libre choix aux familles semble contradictoire. Il suffit pour cela de constater la faible proportion d’élèves qui reprendront à Mulhouse, dans les écoles d’éducation prioritaire…

Rassurer les élèves... et les personnels ?

Pour être dans une posture d’écoute bienveillante face aux élèves, nos collègues, qui ont été durement éprouvés ces dernières semaines, ont besoin d’être rassurés. Nous pensons particulièrement aux directeurs qui ont été très sollicités ces dernières semaines et qui continueront à l’être à partir du 11 mai.

Pas sûr que le soutien et la confiance de leur Inspectrice d’académie suffise. Des consignes cohérentes et stables, du temps et des moyens seraient certainement plus utiles.