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SE-UNSA 68


 Par SE-UNSA 068
 Le  lundi 17 septembre 2018

Appréciations Hors-classe 2018 : des discriminations géographiques inacceptables !

 

La CAPD s’est réunie ce lundi 17 septembre 2018.

Le seul point à l’ordre du jour concernait les changements de grade des professeurs d’école, c'est-à-dire les passages à la hors-classe.

Depuis l’entrée en vigueur du protocole PPCR (parcours professionnels, carrières et rémunérations) les modalités d’accès au deuxième grade des PE ont radicalement changé.

Alors qu’auparavant on se basait essentiellement sur l’échelon détenu (coefficient 2) et sur la note pédagogique obtenue lors de la dernière inspection (coefficient 1), on s’appuie dorénavant sur l’ancienneté acquise au sein d’une plage d’appel (débutant après deux années passées au sein du 9ème échelon de la classe normale) et sur une appréciation de la DASEN (reposant elle-même sur l’avis de chaque IEN).

Pour l’ensemble des collègues qui ont bénéficié d’un rendez-vous de carrière, au cours de l’année scolaire 2017-2018, l’appréciation, définitive, sera formulée à l’issue d’un processus cadré (visite en classe, selon une grille de compétences connue de tou.te.s, rédaction d’un compte-rendu détaillé sur lequel l’évalué.e pourra formuler des remarques…).

Ce n’est hélas pas le cas pour tou.te.s celles/ceux qui ont déjà atteint le seuil minimum des deux ans au sein du 9ème échelon : pour ces centaines de PE (pas moins d’un quart des enseignant.e.s du 1er degré de notre département), qui se trouvent ballotés entre une procédure abandonnée et une nouvelle qui n’est que transitoire, cela ressemble… à une grande loterie…

En effet, pour cette campagne, et uniquement pour celle-ci, les appréciations ont été attribuées, dans l’urgence, par les IEN, sans aucune directive, sans le moindre cadrage, sans préconisation formelle des autorités académiques.

On imagine l’ampleur de la tache… En quelques semaines, chaque IEN avait à se prononcer sur la valeur professionnelle (non pas récente, mais acquise depuis l’entrée dans la fonction !) de trente à cent agents selon les circonscriptions ! Le tout sans le moindre entretien, sans parfois même les connaître ou les avoir jamais rencontrés !

Alors, certes, on peut admettre qu’un.e IEN nommé.e depuis de nombreuses années dans la même circonscription et ayant déjà inspecté un.e enseignant.e à plusieurs reprises puisse avoir sur elle/lui un avis relativement objectif de ses « mérites ».

A contrario, on peut légitimement douter de la pertinence de l’avis porté par un.e IEN nouvellement nommé.e dans une circonscription, quand bien même elle/il va tenter pour cela de s’appuyer sur les éléments les moins subjectifs à sa disposition (derniers rapports d’inspection, les membres de l’équipe de circonscription, véritables « mémoires de la circonscription (sic !) »…).

« Dans le doute, abstiens-toi », recommande le très vieil adage. C’est peut-être ce qui a conduit, en toute logique, certain.e.s IEN à n’émettre aucun avis défavorable à des enseignant.e.s qu’elles/ils ne connaissaient pas. Tant mieux pour eux !

Une étude statistique approfondie

Une liste de 1 181 personnes promouvables avait été transmise à l’ensemble des représentants des personnels, mentionnant à la fois leur ancienneté au sein de la plage d’appel (et le nombre de points qui en découlent dans le nouveau barème) et également les appréciations proposées par chacun.e des IEN et confirmées (ou, éventuellement, amendées par la DASEN).

En amont de la réunion, nous nous sommes attelés à effecteur un certain nombre de statistiques à partir des documents de travail.

Vous trouverez, dans le document téléchargeable ci-dessous, la répartition des mentions attribuées par circonscription.

En l’absence de cadrage, force est de constater que les évaluateurs ont apprécié, de manière très différente, les enseignant.e.s sous leur responsabilité.

Des écarts énormes apparaissent :

  • Pour la mention A consolider, les pourcentages s’étalent de 0 à 33% (ce qui signifie que, dans la circonscription concernée, un tiers des enseignant.e.s les plus expérimenté.e.s ne donnent pas satisfaction…).
  • A l’inverse, pour la mention Excellent, les pourcentages varient de 5 à 28% (un rapport de 1… à 6 !

En additionnant les pourcentages correspondants aux appréciations les plus favorables (Excellent et Très satisfaisant), les disparités, d’une circonscription à l’autre, ne s’estompent que très peu : on remarque ainsi qu’à Wittelsheim seulement 12% des enseignant.e.s de la plage d’appel obtiennent une des deux mentions les plus favorables, alors que dans la circonscription voisine, celle de Wittenheim, ce sont 49 % des collègues à qui ont été attribuées ces mêmes mentions.

Nous avons fait part de ces différences conséquentes à la DASEN lors d’une audience que nous avions sollicitée. Malheureusement, nous n’avons pas été entendus et l’intégralité des avis émis par les différent.e.s IEN ont intégralement été maintenus.

Bref, selon que vous serez en fonction ici ou là, vos perspectives de changement de grade seront plus ou moins grandes…

Pour finir, ce qui d’autant difficile à accepter, c’est que l’ensemble des collègues qui n’accèderont pas à la hors-classe cette année, conserveront définitivement les mentions qui leur ont été attribuées, sans aucune perspective de les modifier.

La motivation, l’implication, la persévérance des collègues condamnés à « traîner » une mention défavorable, comme un véritable boulet, durant de nombreuses années, risquent fort de s’amenuiser très rapidement. Le SE-UNSA, tant à l’échelon local qu’à l’échelon national se battra pour dénoncer l’effet démobilisateur des règles en vigueur.