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SE-UNSA 63


 Par SE-UNSA 63
 Le  lundi 12 mars 2012

Evolution du bac : Sarkozy à contresens

 

Des propositions pour une évolution du baccalauréat exposées dans le rapport des inspecteurs généraux rendu public par le ministre lundi 12 mars, le président-candidat Sarkozy n’aura retenu que les plus polémiques et encore, pour de mauvaises raisons, très éloignées de celles qui ont motivé les auteurs du rapport.

Cédant à la facilité démagogique, il a jugé intéressante la proposition qui consisterait à introduire des notes éliminatoires pour redonner son caractère d’  « excellence au bac ». Une approche malthusienne qui  méconnait la nécessité impérieuse d’élever le niveau de qualification des jeunes Français et de conduire 50% d’une classe d’âge au niveau Bac+3, engagement que la majorité actuelle a pourtant soutenu. La proposition poursuit un tout autre objectif dans l’esprit des rapporteurs, celui de caractériser davantage le bac selon les séries et de contribuer à les rééquilibrer. Au SE-Unsa, nous ne sommes pas favorables à cette approche qui pénaliserait lourdement, d’après les simulations, les élèves de la série L, et n’aurait qu’un impact mineur sur les élèves de la série S. Surtout, elle renchérirait la pression scolaire, dont la France est déjà championne et alimenterait un peu plus le marché des cours privés sans résoudre le problème de fond, celui de la structure de notre lycée en voies et séries étanches, indûment hiérarchisées. Faire payer aux lycéens les défauts structurels du lycée n’est pas acceptable.

Mais le rapport fait bien d’autres propositions et esquisse plusieurs scénarios pour l’avenir, dont l’un des grands mérites est de prendre en compte le contexte international. Il n’y a qu’à voir les difficultés des élèves des lycées français en Espagne pour accéder aux meilleures formations universitaires espagnoles pour comprendre que nous ne pouvons pas rester dans un splendide isolement. Rendre plus lisibles les acquis réels de nos lycéens doit être un objectif de toute réforme du bac.

Le SE-Unsa partage de nombreuses propositions du rapport, comme la nécessité de limiter le nombre d’épreuves écrites terminales à caractère national à quelques disciplines caractéristiques de la série ou la nécessité de diversifier les modalités d’évaluation pour prendre en compte des compétences plus diversifiées (expression orale, planification d’un travail dans la durée, capacité à collaborer dans un groupe,…). L’introduction d’une part plus importante d’évaluation continue ne met pas en péril le caractère national du diplôme si des régulations sont introduites. L’évaluation de l’EPS au bac en est un excellent exemple. La suppression des épreuves de « rattrapage » au profit de l’examen du livret scolaire est aussi une proposition intéressante car elle valorise l’ensemble du parcours du lycéen.

Ces quelques propositions pourraient avoir un impact important non seulement sur la certification mais aussi sur les acquisitions des élèves. En effet, elles permettraient de valoriser des compétences essentielles pour réussir sa poursuite d’études après le bac, compétences insuffisamment travaillées au lycée au profit d’une accumulation de connaissances dont la plupart sont oubliées le lendemain de l’examen.