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Scandale au ministère : les rĂ©vĂ©lations du Journal Le Monde
Article publié le mercredi 2 juin 2010.
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 COMMENT DETRUIRE LE SERVICE PUBLIC D’EDUCATION EN 13 LEÇONS ?

Depuis de nombreuses années le SE-UNSA n’a pas cessé de sensibiliser la profession à la mise en péril du service public d’éducation.

De (trop) nombreux collègues n’ont pas pris ces menaces au sérieux, certains nous "accusant" même d’être alarmistes inutilement et de "grossir le trait".

Or, le Journal du Monde vient de révéler l’existence de 13 fiches internes à destination des recteurs et des IA leur expliquant point par point comment "supprimer des postes"

Au delà des méthodes à utiliser, on y trouve des "conseils" pour faire passer la pilule (argumentaire) et des tableaux d’objectifs à remplir précisant "les gains" espérés... Car pour le ministère quand on ferme des postes il s’agit bien d’un "gain".

Vous trouverez l’ensemble des fiches sur sur notre site Internet

Quelques exemples commentés

  Fiche 1 : Augmenter la taille des classes dans le premier degré
Il explique cyniquement comment « contribuer efficacement à une augmentation du nombre moyen d’élèves par classe » ! Le ministère affirme que « les études et expériences les plus récentes indiquent que la diminution des effectifs dans les classes n’a pas d’effet avéré sur les résultats des élèves et que les très petites écoles ne s’avèrent plus toujours performantes ». Il s’appuie sur cette affirmation pour encourager le relèvement effectif du seuil de création de classes dans les départements, le regroupement de structures ou la prise en compte d’entités plus larges que les écoles pour la détermination du seuil. Comment conclure a contrario, comme le fait le ministère, qu’une augmentation des effectifs dans les classes n’a pas d’impact négatif sur les performances des élèves ? Et sur les conditions de travail des enseignants ? La Cour des Comptes pointe précisément dans son rapport que les enseignants du primaire ont en moyenne plus d’élèves que leurs homologues des pays de l’OCDE. Mais la barque n’est pas assez pleine pour le ministère qui la charge encore !

Fiche 2 : Diminuer la formation continue sur temps scolaire pour réduire le besoin de remplacement

Le ministre propose aux académies d’organiser tout ou partie des sessions de formation continue « en dehors du temps scolaire (mercredi après-midi et pendant les vacances scolaires) ». Tiens, il acte donc que
le mercredi matin est du temps scolaire ? A quelques jours de l’ouverture de la Conférence nationale sur les rythmes scolaires, n’est-ce pas en écrire les conclusions par avance ? Par ailleurs, il affirme qu’« une piste d’optimisation du coût en emplois du remplacement réside dans le recours à des non titulaires, en substitution à des titulaires pour assurer une part du remplacement, les non titulaires présentant une ressource plus flexible dont le rendement est proche de 100 % ». Ces non titulaires assurant le remplacement seraient choisis prioritairement parmi les étudiants en master…
 
 
Fiche 3 : Abandonner clairement la scolarisation des moins de trois ans

Le ministre demande aux académies « de mesurer les gains en emplois qui peuvent être générés par une baisse de la scolarisation à deux ans ». Et de s’appuyer sur l’argument suivant : « les études disponibles ne démontrent pas que la scolarisation à deux ans constitue un avantage évident dans toutes les situations par rapport à d’autres modes de garde alternatifs ». Or cet argument est faux !
D’abord parce qu’il est démontré qu’une scolarisation précoce a, globalement et dans certaines conditions, des effets positifs sur la suite de la scolarité (voir les travaux d’Agnès Florin notamment).
Ensuite parce que la scolarisation en maternelle a un coût nettement inférieur pour la collectivité au placement en structure d’accueil type crèche, jardin d’éveil, jardin d’enfant…
D’autant que le cynisme est total : on applique une grille d’analyse économique en parlant « de coût marginal nul » pour l’accueil des enfants de deux ans là où il existait des places disponibles dans une classe dont le maintien ou l’ouverture avait d’ores et déjà été décidée. En revanche, là où la scolarisation des tout-petits avait été pensée et préparée, il y a des moyens à gratter pour le gouvernement qui le dit sans état d’âme : « seules les situations où des classes sont dédiées à l’accueil des enfants de deux ans (…) sont susceptibles de générer une économie » !
Ce gouvernement, qui a déjà fait chuter le taux de scolarisation des moins de trois ans de 35 à 15% en cinq ans, s’en prendra t-il aux enfants de trois ans à la rentrée prochaine lorsqu’il lui faudra encore trouver des postes ? Plus que jamais, le mandat du SE-UNSA qui place le début de la scolarité obligatoire à trois ans, est pertinent.

 Fiche 4 : Supprimer les Rased et traquer les postes jusque chez les conseillers pédagogiques
Au prétexte que la durée de l’enseignement scolaire dans le premier degré est désormais fixée « à vingt-quatre heures hebdomadaires dispensées à tous les élèves auxquelles s’ajoutent deux heures d’aide personnalisée en très petits groupes pour les élèves rencontrant des difficultés dans leurs apprentissages », le ministère déclare que la contribution des enseignants spécialisés des Rased doit évoluer. Il estime que les deux heures d’aide personnalisée représentent l’équivalent de 16 000 postes d’enseignants entièrement dédiés à aider les élèves qui en ont le plus besoin ! Comment comparer le travail d’aide des enseignants ordinaires avec celui, spécialisé et pour lequel ils ont été formés pendant un an, des enseignants des réseaux ? Et le ministre de proposer notamment le scenario suivant : « suppression des maîtres G et des maîtres E ; pour ces derniers, il convient d’estimer quel est le besoin de maîtres E maintenus en surnuméraires dans les écoles, voire dans des structures ad hoc (milieu rural par exemple) ». Un troisième scénario intègre même la mise en extinction des psychologues scolaires !

S’agissant des autres enseignants n’assurant pas la responsabilité d’une classe, conseillers pédagogiques, personnels assurant des fonctions d’animation, de soutien et de coordination pédagogiques… « des marges d’optimisation existent et doivent être mises en œuvre » ! Et le ministre de demander aux IA de veiller à ce que chaque CPC ait bien sa « ration d’enseignants »…

FICHE 5 : Le ministère veut réduire les intervenants extérieurs en langue
 
L’objectif du ministère est « d’examiner dans quelles conditions des emplois d’intervenants extérieurs en langue vivante et d’assistants étrangers peuvent être supprimés sans nuire à la qualité de la formation dispensée aux élèves ». Dans le même temps, il diminue la formation continue. Or, chaque année, des enseignants qui demandent à partir en formation continue pour préparer l’habilitation en langue ne sont pas retenus faute de place. Le système marche sur la tête : comment vouloir assurer un enseignement de qualité en langue vivante sans enseignants formés et habilités et sans intervenants extérieurs ? Encore une fois, ce sont nos élèves qui vont pâtir de l’inconséquence du ministère.

 
Conclusion : dans le document qui accompagne la présentation aux recteurs, le ministère affirme modestement que « les pistes identifiées ne constituent pas une liste fermée : chaque académie peut la compléter par des leviers qu’elle estime être en capacité de mobiliser »… Le 15 juin une synthèse nationale sera faite des économies réalisées… avec distribution de palmes et de tubas académiques pour ne pas aborder la rentrée en apnée ? Les rectorats sont invités à évaluer le degré d’acceptabilité de chaque mesure. Pour le SE-UNSA, c’est du cent pour cent inacceptable. L’école primaire est saignée à blanc. Le SE-UNSA n’accorde aucun blanc-seing à cette politique.


Au SE-UNSA nous allons continuer à nous battre pour lutter contre ces régressions, mais cela n’est possible que parce que nous existons. Sans adhérent, pas de syndicat... et sans syndicat, plus d’espoir. Soutenez notre action, adhérez !


 
 
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