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Réforme des retraites : "Le sujet de la lutte contre la désinsertion professionnelle doit être mis sur la table !"
Laurent Escure et Dominique Corona.
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Réforme des retraites : "Le sujet de la lutte contre la désinsertion professionnelle doit être mis sur la table !"

Tribune

Par Laurent Escure et Dominique Corona

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Pour Laurent Escure, secrétaire général de l’Unsa et Dominique Corona, secrétaire général-adjoint de ce syndicat réformiste, il faut aménager les carrières des séniors dès l'âge de 57 ans. Et réfléchir dans les entreprises, les services publics, à une organisation du travail qui ne contraindrait plus les salariés à assumer un métier pénible plus de dix ans.

Parler des retraites, c’est avant tout parler du travail, et donc de l’usure professionnelle ou encore de l'égalité entre les femmes et les hommes notamment. Pourtant dans son projet de réforme, injuste, injustifié et punitif, le gouvernement ne propose qu’une vision comptable étriquée du sujet. Aussi pour l’Unsa (Union nationale des syndicats autonomes), une vraie réforme des retraites devrait d’abord lutter contre la désinsertion professionnelle. La France bénéficie d’un système de protection sociale dont l’origine était de prémunir le travailleur des aléas du travail, en lui garantissant un revenu suffisant. Cette réparation ne suffit plus. Il faut anticiper.

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La question de l’aménagement des carrières des séniors et des travailleurs qui occupent des métiers pénibles nous semble ainsi primordiale et prioritaire. D'abord parce qu’elle permet de préserver la santé des travailleurs et de lutter contre le risque de désinsertion professionnelle. Ensuite, parce qu’un travailleur en bonne santé peut rester en emploi. Il est donc gage de richesses, que ce soit en termes de productivité ou de recettes pour le système de protection sociale, ou encore pour lui-même.

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Aux législateurs, aux employeurs, aux citoyens, nous proposons donc de travailler impérativement sur deux axes. D’abord, aménager les carrières pour les séniors : à partir de 57 ans par exemple, il serait ainsi possible de réduire le temps de travail journalier, hebdomadaire ou mensuel sans perte de rémunération et donc sans perte de droits à la retraite. Cette mesure préventive préviendrait le risque de désinsertion professionnelle et limiterait l’impact de l’usure professionnelle sur les branches maladie, AT-MP (accident du travail et maladie professionnelle) mais aussi sur la prévoyance complémentaire des entreprises.

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Ensuite, limiter la durée d’exposition à un métier pénible, ou à des facteurs de pénibilité : dans un système vraiment protecteur pour le capital humain, il pourrait être décidé qu’on ne peut exercer un métier pénible plus de dix ans par exemple. Cela implique donc une gestion minutieuse des carrières et des compétences afin d’assurer une reconversion professionnelle réussie. Dans ce cadre, la place accordée à une meilleure transmission des savoirs entre les générations devrait être mieux considérée dans les entreprises et les branches, mais également dans la fonction publique. Pour une réforme des retraites juste et équitable, ces sujets doivent être mis sur la table, et plus particulièrement celui de la lutte contre la désinsertion professionnelle.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne