Analyses et décryptages

Partir plus tard en retraite pénalisera davantage les plus défavorisé∙es

Le gouvernement annonce sa réforme comme une "réforme courageuse, porteuse de justice sociale". Rien n'est plus faux. Décryptage.

Quand on veut faire passer une réforme en force, tous les arguments sont bons, y compris les plus faux… Difficile de ne pas s’insurger en entendant la première ministre annoncer une réforme « courageuse, porteuse de justice sociale ». Le gouvernement veut convaincre ? Nous aussi. A la différence près que nos explications sont honnêtes et s’appuient sur les rapports rendus publics par le COR (Conseil d’Orientation des Retraites).

Au moment de la retraite, nos revenus évoluent-ils de la même façon que nous ayons des revenus confortables ou plus modestes ?

Pour celles et ceux qui partent à la retraite en ayant validé leurs trimestre après une carrière travaillée, effectivement les revenus diminuent au moment de la retraite puisque les pensions sont un pourcentage des revenus.

Mais ce n’est pas le cas pour tout le monde, notamment pour les plus modestes.

En effet, celles est ceux qui sont éloigné∙e de l’emploi touchent les allocations chômage pour les un∙es, le RSA pour les autres, voire une allocation liée à un état de santé dégradé. Pour toutes ces personnes aux revenus plus précaires, le passage à la retraite est au contraire synonyme d’amélioration de leurs revenus. En effet, les montants de l’ASPA (Allocation de solidarité aux personnes âgées) ou du MICO/MIGA (Retraite minimale dans le privé/public) sont très souvent supérieurs à celui du RSA/chômage.

Cela concerne également toutes les personnes qui ont eu une carrière « en cloche » : leurs revenus ont augmenté progressivement pour atteindre un sommet vers 50 ans, puis ont de nouveau diminué car le marché de l’emploi n’est pas tendre avec les seniors (> 55 ans).

Une étude menée sur celles et ceux qui sont parti∙es en retraite en 2013 (publication du COR) illustre bien cette problématique. En comparant leur niveau de vie 3 ans avant leur retraite et 3 ans après leur retraite, le constat est flagrant : les revenus des plus aisé∙es ont augmenté, quand ceux des plus modestes ont diminué.

Reculer l’âge de la retraite, c’est reculer le moment où les revenus diminuent pour certain∙es, mais c’est aussi reculer le moment où le niveau de vie augmente pour les plus défavorisé∙es.

Et concernant la durée de retraite ?

Là aussi, les inégalités du monde du travail vont se reproduire et s’amplifier. Aujourd’hui, l’âge moyen de départ en retraite dépasse déjà 62 ans et atteint 63 ans. C’est la conséquence de la précédente réforme Touraine qui oblige à dépasser cet âge légal pour obtenir le nombre de trimestre cotisés permettant de partir à taux plein.

Ainsi, reculer l’âge légal à 64 ans devrait reculer, factuellement, l’âge de départ d’environ 1 an en réalité.

Mais là encore, les conséquences sont inégales. Car même si la durée de vie est synonyme d’aléas individuels, les statistiques montrent que les métiers les plus pénibles – et les moins bien payés – en traînent une diminution d’espérance de vie.

Ainsi, reculer la retraite d’1 ou 2 ans n’a pas la même signification si on a une espérance de vie de 10 ans ou de 30 ans au moment où l’on prend sa retraite. Et ce sont encore les plus défavorisé∙es qui perdent le plus.

L’UNSA défend l’ensemble des travailleurs et des travailleuses et refuse cette réforme injuste qui aura pour conséquences une aggravation des inégalités sociales.

Rejoignez-nous pour une mobilisation massive le 19 janvier !

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