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LaĂŻcitĂ© : une proposition de loi dĂ©cisive
Article publié le mardi 10 janvier 2023.
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Le sĂ©nateur Pierre Ouzoulias a rĂ©cemment dĂ©posĂ© une proposition de loi visant Ă  faire entrer dans la Constitution l’article 2 de la loi de 1905 «  la RĂ©publique ne reconnaĂ®t, ne salarie ni ne subventionne aucun culte  Â».

  Le SE-Unsa lui donne la parole afin que chacun puisse envisager les changements concrets qui pourraient intervenir, si le texte allait au bout du processus lĂ©gislatif.     La laĂŻcitĂ© est un principe inscrit dans le premier article de la constitution française, qui prĂ©cise que la France est une RĂ©publique indivisible, laĂŻque, dĂ©mocratique et sociale.

Selon, vous que pourrait apporter de plus l’ajout de l’article 2 de la loi de 1905 ?  

Beaucoup de choses ! La constitutionnalisation du premier alinĂ©a de l’article 2 de la loi de 1905 nous permettrait d’abord d’aller au bout du processus de sĂ©paration entre les Églises et l’Etat, tel que le voulaient les lĂ©gislateurs de 1905. Dans notre pays, il existe aujourd’hui des rĂ©gimes dĂ©rogatoires Ă  la loi de 1905. Je pense en particulier au concordat qui subsiste en Alsace-Moselle et Ă  l’ordonnance de Charles X qui demeure en Guyane, laquelle permet au culte catholique de bĂ©nĂ©ficier d’un financement public. L’adoption de cette proposition de loi traduirait la volontĂ© sans Ă©quivoque du lĂ©gislateur et du peuple français de mettre fin Ă  toutes ces exceptions au principe de laĂŻcitĂ©. Le Conseil constitutionnel n’aurait dès lors d’autres choix que d’harmoniser le droit en la matière, en revenant de manière plus large sur tout ce qui fait entrave Ă  la sĂ©paration entre les Églises et l’État. Il y a les rĂ©gimes dĂ©rogatoires Ă  la loi de 1905, mais aussi tout ce qui concerne les subventionnements directs et indirects des cultes. Au fond, je considère que l’adoption de ma proposition de loi est un prĂ©alable indispensable Ă  l’édification de la RĂ©publique laĂŻque et sociale que Jean Jaurès appelait de ses vĹ“ux.  

  Votre proposition de loi prĂŞte Ă  penser que la laĂŻcitĂ© n’est pas achevĂ©e dans notre pays. Est-ce vraiment le cas ?

  Oui, si on considère, comme c’est mon cas, que la laĂŻcitĂ© se dĂ©finit de la façon suivante : libertĂ© de conscience et de culte, sĂ©paration de l’Église et de l’État et neutralitĂ© de ce dernier en matière religieuse, ce qui lui impose de ne reconnaĂ®tre aucun culte et de n’en salarier aucun.

En partant de cette dĂ©finition, comment pourrions-nous accommoder de la situation actuelle dans laquelle le principe de laĂŻcitĂ© ne s’applique pas de la mĂŞme manière selon le territoire de la RĂ©publique dans lequel vous vivez ?

Comment prĂ©tendre garantir l’égalitĂ© entre les citoyens dans ses circonstances ? Au moment du vote de la loi de 1905, Georges ClĂ©menceau disait que la sĂ©paration des Églises et de l’État n’était pas achevĂ©e, mais ne faisait que commencer. Force est d’admettre qu’il avait raison et je crois qu’il convient de relancer le dĂ©bat autour de ce principe laĂŻque auquel nos concitoyens sont très attachĂ©s. Je rappelle que l’abrogation des rĂ©gimes dĂ©rogatoires Ă  la loi de 1905 a longtemps figurĂ© dans de nombreux programmes de partis de gauche. C’est encore le cas aujourd’hui et je suis heureux que le parti communiste français incarne ce combat, dans la lignĂ©e de l’action menĂ©e par Étienne Fajon, dĂ©putĂ© communiste qui a introduit, par amendement, le principe de laĂŻcitĂ© dans la Constitution de 1946.     Aujourd’hui, plus aucun groupe politique ne s’oppose frontalement Ă  la laĂŻcitĂ© ; mais ce principe a des faux-amis.

Qui sont-ils et pensez-vous que cette proposition de loi permettra de les dĂ©voiler ?

  Oui, c’est une Ă©vidence. Nous le verrons au moment des discussions entourant la proposition de loi. Mais je ne doute pas que ce dĂ©bat dĂ©voilera au grand jour les diffĂ©rences entre ceux qui demeurent viscĂ©ralement attachĂ©s Ă  la RĂ©publique, Ă  l’hĂ©ritage des Lumières et Ă  celui de la RĂ©volution française et ceux souhaitant inscrire dans notre Constitution que la France est de tradition chrĂ©tienne, tout en se prĂ©tendant les champions de la laĂŻcitĂ© lorsqu’ils pourfendent, injustement, nos compatriotes de confession musulmane.

 
 
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