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Retraite : les vrais/faux de la rĂ©forme
Article publié le mercredi 25 janvier 2023.
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MAJ le 25 janvier

Entre approximations parfois de certains commentateurs et "propagande" gouvernementale, il est nécessaire de faire le point sur les différents arguments avancés pour défendre la réforme des retraites.

 

 

Histoire de rétablir les choses :

Ils disent : " les femmes seront un peu pénalisées par le report de l’âge légal "

MĂ J : 24/01/2023

VRAI. Et c’est Franck Riester, ministre des Relations avec le Parlement l’assure (23 janvier sur LCP). Si mĂŞme le gouvernement le dit, autant le croire...
Il est cependant encore en dessous de la rĂ©alitĂ©. Quelques complĂ©ments pour Ă©tayer les propos du ministre :

  • En 2020, les pensions des femmes Ă©taient infĂ©rieures Ă  celles des hommes de 40 %. MalgrĂ© les demandes de l’UNSA, le chantier de l’égalitĂ© salariale femmes/hommes n’a jamais Ă©tĂ© ouvert Ă  l’occasion des diffĂ©rentes consultations. Pourtant, c’est bien ce qu’il faudrait faire : l’INSEE chiffrait l’écart entre salaires des hommes et des femmes Ă  22 % en 2019.
  • La pension minimale serait de 1200 € brut, pour une carrière complète au SMIC. Dit autrement, il faudra avoir connu 43 ans sans aucune interruption et jamais Ă  temps partiel pour bĂ©nĂ©ficier de cette pension minimale.

    Les femmes ont souvent des carrières plus hachées, moins continues que les hommes. Et elles devront quand même travailler 2 ans de plus.
  • Certaines, effectivement, percevront les 1200 € si elles remplissent les conditions exigĂ©es. Ce qui Ă©quivaut Ă  une centaine d’euros supplĂ©mentaire par rapport Ă  une carrière complète au SMIC aujourd’hui. Encore heureux que travailler 2 ans de plus apportent un peu de pension supplĂ©mentaire...

 

Ils disent : l’objectif est de "rétablir un maximum d’égalité".

MĂ J : 24/01/2023C’EST UNE BLAGUE.
L’étude d’impact du projet de loi montre que les femmes seront plus touchées que les hommes par le report de l’âge légal de départ. En effet, elles devront travailler en moyenne 7 mois de plus contre seulement 5 mois pour les hommes.

Dans le détail, pour certaines générations, comme celle de 1980 par exemple, les femmes devront partir en moyenne 8 mois plus tard, contre 4 pour les hommes. Cela s’explique en raison d’un nombre conséquent de femmes qui pouvaient partir dès 62 ans à taux plein grâce aux trimestres acquis lors de la naissance de leurs enfants et qui devront désormais attendre l’âge légal, soit deux ans de plus, pour partir à la retraite.

 

 

Ils disent : il " n’y a pas de perdants"

MĂ J : 24/01/2023FAUX. Ce sont les propos tenus par O. Dussopt dans le JDD du 22 janvier. Et si on regardait de près...

Pour la génération 1966, par exemple, un personne ayant commencé à travailler à 20 ans, pouvait espérer partir avec une retraite complète à 62 ans et un trimestre. Elle pouvait même envisager d’aller au-delà de quelques trimestres supplémentaires (par exemple 63,5 ans) pour bénéficier d’une surcote et améliorer ainsi sa pension. Avec la réforme, les choses changent. Le départ est impossible avant 63,5 ans et 43 années de durée de cotisation seront exigées. Cette personne aura cotisé alors 43,5 ans, elle partira sans décote certes mais aussi sans surcote.

Pour la génération 1968, une durée requise de 172 trimestres (projet de loi gouvernemental) au lieu de 169 (actuel système) induit automatiquement une baisse de 1,8% de la pension en cas de carrière incomplète.

 

 

Ils disent : "cette réforme est faite pour ceux qui triment "

MĂ J : 25/01/2023

BOF. Certes ce sont les propos tenus par G. Attal, le 22 janvier dans le Parisien. Mais cela ne suffit pas Ă  le prouver...
Déjà aujourd’hui, les ouvriers ont une espérance de vie inférieure au reste de la population. Selon l’INSEE, les cadres vivent en moyenne 6 ans de plus que les ouvriers. Cela s’explique par le fait que les ouvriers travaillent plus souvent de nuit et occupent des métiers plus pénibles physiquement et plus usants.
Grâce au "dispositif des carrières longues" les travailleurs ont la possibilité de partir 2 ans avant l’âge légal soit à 60 ans. Cela reste imparfait dans le système actuel, mais la réforme aggrave encore la situation de ces travailleurs.
En effet, ce dispositif est maintenu . Ainsi quelqu’un qui a commencé à travailler avant 20 ans, pourra partir 2 ans avant. Mais deux ans avant, c’est quand même 2 ans de plus... Aggravant encore les inégalités d’espérance de vie entre ouvriers et cadres.

 

 

 

Ils disent : " notre système de retraite est en pĂ©ril "

FAUX. Les Ă©lĂ©ments de langage sont connus : « Le système est dĂ©sĂ©quilibrĂ© Â», « L’enjeu de cette rĂ©forme, c’est de sauver notre système par rĂ©partition Â», « Un trou (immense) de 12 milliards d’euros. Â». Le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) a effectivement Ă©voquĂ©, dans un des scĂ©narios envisagĂ©s, un possible dĂ©ficit de 12 milliards d’euros en 2027.
Pour rappel, le budget des retraites s’élève à 320 milliards d’euros, ces hypothétiques 12 milliards d’euros manquants à l’horizon 2027 représentent qu’un déficit de 3,7%. Par ailleurs, le COR indique aussi dans son rapport qu’ils pourraient finir par se résorber avec le temps.
On peut parier que le ministre de l’Économie et des Finances serait heureux d’annoncer un dĂ©ficit budgĂ©taire de la France Ă  cette hauteur. Il est en 2022 de 5 %, on ne l’a pas entendu appeler au feu et pronostiquer la ruine de la France.

Deux poids, deux mesures ?

 

 

Ils disent : " il n’y a pas d’autres solutions que de travailler plus "

FAUX. Pour maintenir l’équilibre du système, d’autres solutions existent. L’UNSA en a dĂ©veloppĂ© quelques unes : Le taux d’emploi des seniors est un des axes sur lequel on devrait ĂŞtre plus incitatif. En effet, une augmentation de 10 % du taux d’emploi des seniors ( 53,8 % en 2020 contre 60,2 % dans la zone euro) rĂ©soudrait les problèmes de financement. La dĂ©finition d’un index et la crĂ©ation d’un fond spĂ©cifique financĂ© par les entreprises restent insuffisantes. Mais aucune mesure un peu contraignante ne s’impose aux entreprises...

Il faudrait aussi faire le tri dans les allĂ©gements ou suppressions de cotisations qui existent actuellement pour les entreprises. Il y a de bons et de mauvais allĂ©gements (ceux qui ne crĂ©ent ni investissement, ni emplois). On ne peut pas continuer Ă  faire les poches de la protection sociale des salariĂ©s puis leur demander de travailler plus longtemps pour compenser ! Par exemple, exonĂ©ration de charges sociales sur les heures supplĂ©mentaires = 2 milliards en moins pour la sĂ©cu.

 

Enfin, si cela s’avérait nécessaire pour finir d’équilibrer le système durant quelques années, l’UNSA est ouverte à une hausse modérée des cotisations patronales et salariales. Compte tenu des faibles sommes en jeu, cela ne représenterait que quelques euros par mois pour chaque salarié, on peut parier que les salariés préfèreront payer un peu plus plutôt que travailler deux ans de plus.

 

 

Ils disent : " on vit plus longtemps donc il faut travailler plus longtemps "

FAUX. L’espérance de vie a effectivement progressé ces dernières décennies, néanmoins, si on prend en compte l’espérance de vie en bonne santé, les résultats sont beaucoup plus contrastés.
Ă€ la naissance, les femmes peuvent espĂ©rer vivre 65,9 ans sans incapacitĂ© et 77,9 ans sans incapacitĂ© sĂ©vère ; les hommes, 64,4 ans sans incapacitĂ© et 73,8 ans sans incapacitĂ© sĂ©vère (DREES, 2021).

Par ailleurs, ces chiffres ne montrent pas les inĂ©galitĂ©s sociales importantes en matière d’espĂ©rances de vie. Les ouvriers ont une espĂ©rance de vie plus courte, et au sein de cette espĂ©rance de vie plus courte, ils ont Ă©galement plus d’annĂ©es Ă  vivre avec des incapacitĂ©s. De plus, les 5 % les plus pauvres meurent en moyenne treize ans plus tĂ´t que les 5 % les plus aisĂ©s (Ined, 2018).
De plus, en 2019, 104 300 personnes sont parties en retraite pour inaptitude soit 17% des départs (IGAS 2022).

 

 

Ils disent : " les Français partent trop tĂ´t Ă  la retraite "

FAUX. Les efforts des assurĂ©s sociaux pour maintenir notre système de retraite ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© faits. L’âge moyen de dĂ©part en retraite est passĂ© de 60,5 ans Ă  plus de 63 ans en 2021, du fait des nombreuses rĂ©formes prĂ©cĂ©dentes. Il est aussi faux de dire que les Français passent plus de temps Ă  la retraite qu’auparavant. Si la gĂ©nĂ©ration « 1950 Â» pouvait s’attendre Ă  près de 26 annĂ©es de retraite, celle de 1955 est moins chanceuse, avec une espĂ©rance de retraite de 24 annĂ©es.

 

 

Ils disent : " avec la rĂ©forme, 4 Français sur 10 partiront avant 64 ans "

Publicité mensongère Certes, certains ne partiront pas à 64 ans, mais ils devront quand même travailler plus longtemps qu’aujourd’hui. Avec la réforme, 6 Français sur 10 travailleront jusqu’à 64 ans et perdront deux ans de liberté de choix. Pour les autres, c’est "mieux que si c’était pire".

 

 

Ils disent : " dans les autres pays europĂ©ens on travaille plus longtemps "

VRAI mais... Les tenants du recul de l’âge du départ en retraite mettent souvent en avant les exemples allemand, italien ou espagnol, parmi d’autres, affirmant que la France serait la seule à maintenir 62 ans comme âge légal. Ne retenir que ce critère d’âge montre une vision très partielle et très partiale de la réalité des systèmes de retraite dans les pays voisins.
Attention, comparaison n’est pas raison : « la comparaison des systèmes de retraite est un exercice dĂ©licat et doit ĂŞtre effectuĂ©e avec prudence. (…) les paramètres dĂ©crits peuvent renvoyer Ă  des rĂ©alitĂ©s diffĂ©rentes sous couvert de termes identiques (âge, durĂ©e d’assurance, taux plein, etc.) Â». (Rapport du Cor, 2020)
Ainsi, les systèmes sont peu comparables, car « en France, l’âge mis en avant est l’âge lĂ©gal, en dessous duquel on n’a pas le droit de partir, alors que dans les autres pays, c’est l’âge oĂą on peut partir Ă  taux plein Â». (Henri Sterdyniak, OFCE).

De plus, l’espérance de vie sans incapacité des femmes française est inférieure de 6 mois à la moyenne européenne et celle des hommes de 9 mois. La France se situe seulement en 9ème position dans l’UE concernant l’espérance de vie sans incapacité à la naissance. Concernant les espérances de vie à la naissance, la France se situe à la 2ème position de l’UE pour les femmes, mais seulement à la 9ème pour les hommes.

 

 

Ils ne disent pas : " la rĂ©forme proposĂ©e est injuste et inefficace "

Et pourtant ils devraient... Les enjeux prioritaires d’une rĂ©forme des retraites juste et efficace devraient ĂŞtre d’augmenter les minimas de pensions, d’agir pour l’égalitĂ© hommes/femmes, de rendre systĂ©matique un rendez-vous « retraites Â» pour tous les salariĂ©s employĂ©s Ă  temps partiel dès 40 ans, d’amĂ©liorer l’emploi des sĂ©niors, de mieux prĂ©venir l’usure professionnelle et tenir compte de la pĂ©nibilitĂ© afin d’avoir une retraite en bonne santĂ©.

En ce qui concerne le financement du système, l’UNSA considère qu’une mesure d’âge entraînerait des économies sur les retraites, mais induirait des dépenses supplémentaires de chômage et d’invalidité. C’est une proposition dogmatique qui aggraverait les inégalités sans pour autant améliorer le système de retraite en France. La priorité doit donc aller vers le maintien en emploi des séniors avant 62 ans et, si nécessaire, une hausse des cotisations patronales et salariales. Quelques euros par mois suffiraient…

 

 

Ils disent : " de toute façon la rĂ©forme aura lieu "

FAUX

La présentation de la réforme prévue le 15 décembre a été décalée le 10 janvier, puis présentée officiellement en Conseil des ministres le 23 janvier. L’objectif gouvernemental est une entrée en vigueur à l’été 2023. En décalant son annonce, le gouvernement s’est acheté du temps pour faire rentrer tout le monde dans le rang et espère faire porter sur les opposants à sa réforme injuste la responsabilité d’éventuels blocages. C’est aussi la marque d’une certaine inquiétude de l’exécutif, quoiqu’ils en disent.

L’ensemble des organisations syndicales sont unies. C’est une première depuis une dizaine d’années. C’est le signe d’une réforme particulièrement injuste et pénalisante.
La mobilisation sera déterminante pour faire reculer le gouvernement.
Les journĂ©es nationales prĂ©vues par l’intersyndicale seront des moments essentiels pour peser dans le dĂ©bat. Mais au delĂ  de cela, 80 % des Français ne sont pas favorable Ă  cette rĂ©forme. Des actions quotidiennes dans les dĂ©partements (diffusion de tracts, rĂ©unions d’information, initiatives multiples et diverses) doivent se multiplier et montrer la dĂ©termination de toutes et tous.

Unis et mobilisés, nous pouvons gagner, désunis, nous sommes surs de perdre

 

 

 

 

 

 
 
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