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SE-UNSA 55


 Par SE-UNSA 55
 Le  jeudi 6 septembre 2018

Ajustement EMC : une morale civique aux ordres du ministre

 

Le ministère a présenté au Conseil Supérieur de l’Education du 12 juillet un projet d'arrêté modifiant les programmes d'EMC des cycles 2, 3 et 4 pour une mise en œuvre à la rentrée 2018.

Nous dénonçons un calendrier aberrant qui méprise le travail des collègues, des modifications idéologiques à visées médiatiques qui mettent à mal l'École de la confiance dont se gargarise le ministre.

Nous dénonçons un texte inutile, les ajustements des programmes envisagés ne modifiant en rien leur objectif déjà fixé par la loi de 2013.

 

Le SE-Unsa dénonce des programmes rédigés sans concertation contrairement à ceux de 2015.

Sans doute pour mieux dénaturer l’esprit des programmes. Car c’est bien d’un changement de philosophie qu’il s’agit.

 

Le SE-UNSA  dénonce une campagne médiatique qui n'a d'autre but que de montrer que le ministre agit.

Il nous a été précisé que ces ajustements avaient pour but de simplifier la tâche des enseignants qui trouvaient, paraît-il, le programme d’EMC complexe à mettre en œuvre.
Or, ces programmes ajoutent à l’existant une entrée en trois thèmes pour afficher les « fondamentaux » chers à notre ministre : « respecter autrui » ; « acquérir et partager les valeurs de la République » ; « construire une culture civique ». On peut douter de l’effet simplificateur de cette « grille de lecture » qui vient se surajouter aux principes organisateurs des programmes.
En outre (et contrairement à la version actuellement en vigueur), aucun accompagnement n'est publié pour aider les collègues, notamment ceux entrant dans le métier, à les mettre en œuvre. On nous promettait ces accompagnements pour le mois de septembre !

Le SE-UNSA dénonce enfin, et surtout, des modifications idéologiques.  

Les programmes d'Enseignement Moral et Civique que nous devrons mettre en œuvre dès la rentrée de septembre considèrent que les valeurs de la République ont vocation à être inculquées pour être ensuite récitées et appliquées. L'élève doit savoir et respecter. Jamais comprendre comment ces valeurs sont construites. Le respect d'autrui, ce mantra ministériel, se réduit à des règles d'hygiène, un contrôle du langage, du comportement, de la tenue vestimentaire. Affligeant.

L'EMC devient une discipline comme les autres, rattachée à l'Histoire/Géographie dans une nouvelle approche qui met l'accent sur des contenus, une trace écrite et une évaluation.

Ces « ajustements » ont évacué toutes les occasions de faire vivre ces valeurs aux jeunes.

La liberté, l’égalité et la fraternité deviennent des normes à respecter sans qu’il soit jamais fait état ni de leur construction par les citoyens, ni des débats qui leur donne leur vigueur. C’est faire bien peu confiance à la jeunesse de notre pays !

Enfin, plutôt que ces programmes bâclés et imposés dans la précipitation, un complément de formation continue et davantage de confiance dans les équipes auraient largement suffit pour ajuster l'Enseignement Moral et Civique !