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Pourquoi l’Université ne peut être confessionnelle
Article publié le jeudi 1er avril 2021.
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Les mots ont un sens et il est parfois bon de revenir à la racine de ceux-ci pour éclairer le présent depuis leur histoire. Avec le projet de déménagement de la catho (institut catholique pontifical se faisant appeler université catholique) à Laval certains tentent de réduire les défenseurs de l’Université que sont les fondateurs du Collectif d’Organisations pour le Développement de l’Université à Laval (CODUL) à de méchants anticléricaux souhaitant rallumer une désuète guerre scolaire. Pour en être l’un des fondateurs, je tiens à préciser que l’objectif n’est pas là. La catho a sa place à Laval et ses étudiants doivent pouvoir être accueillis dans les meilleures conditions. L’important est de permettre l’accès aux études supérieures à Laval pour tous les étudiants quelles que soient leurs ressources et de réserver les fonds publics à l’Université.

La langue et l’origine des mots nous expliquent pourquoi l’UniversitĂ© ne peut s’adjoindre aucun qualificatif. Si au Moyen-âge, l’universitĂ© est « une institution ecclĂ©siastique jouissant de privilèges royaux et pontificaux et chargĂ©e de l'enseignement Â» (Larousse), la RĂ©volution puis l’Empire ont universalisĂ© et dĂ©mocratisĂ© le concept pour le rendre accessible Ă  toutes les classes sociales et lui rendre son caractère universel. La loi du 10 mai 1806, prĂ©cise le caractère public de l’enseignement : « Il sera formĂ©, sous le nom d'UniversitĂ© impĂ©riale, un corps chargĂ© exclusivement de l'enseignement et de l'Ă©ducation publiques dans tout l'Empire. Â»

Le mot « UniversitĂ© Â» vient du latin mĂ©diĂ©val universitas qui signifie « communautĂ© Â» (« Ensemble des citoyens d'un État, des habitants d'une ville ou d'un village Â» selon Larousse) quand l’adjectif « privĂ© Â» a pour origine latine privatus qui signifie « individuel Â». L’UniversitĂ© ne saurait donc ĂŞtre privĂ©e. Il est ainsi antinomique de vouloir adosser un caractère « privĂ© Â» ou « confessionnel Â» au nom UniversitĂ©. Le substantif se suffit Ă  lui-mĂŞme. Le lĂ©gislateur ne s’y est pas trompĂ©. C’est pour cette raison que le code de l’Education prĂ©cise dans son article L731-14 que « Â« les Ă©tablissements d'enseignement supĂ©rieur privĂ©s ne peuvent en aucun cas prendre le titre d'universitĂ©s Â». En effet, comment peut-on rendre « privĂ© Â», c’est-Ă -dire « intime Â», « loin du regard Â» ce qui a vocation Ă  ĂŞtre universel ? Comment peut-on rendre « catholique Â», « hĂ©braĂŻque Â» ou « musulmane Â» une UniversitĂ© qui par nature s’adresse Ă  tous plutĂ´t qu’à certains?

Quand l’UniversitĂ© rĂ©unit, la religion divise. Depuis la Pax Romana, la majoritĂ© des guerres ont une origine religieuse, chaque religion tentant d’imposer sa vision spirituelle aux autres.  A l’inverse l’UniversitĂ© cherche Ă  unir les individus en permettant Ă  chacun, quelles que soient ses ressources et son origine d’accĂ©der Ă  une culture commune, universelle.

Les philosophes des lumières, puis les politiques de la deuxième moitiĂ© du 19ème siècle et du dĂ©but du 20ème nous ont permis de mettre un mot sur ce qui permet d’atteindre l’universel tout en acceptant le spirituel, il s’agit du concept essentiel de laĂŻcitĂ©. Celui-ci permet de respecter ce qui relève de l’individu (le religieux), tout en visant le commun (voir dans ce mĂŞme article l’étymologie du mot « universitĂ© Â»). De distinguer l’intime, le confessionnel (« qui relève du secret de la confession Â») du public (« qui est commun, Ă  l'usage de tous, accessible Ă  tous Â» selon Larousse). Si la laĂŻcitĂ© permet Ă  chacun de croire ou de ne pas croire, elle permet surtout Ă  tous de savoir.

L’UniversitĂ© ne peut pas ĂŞtre religieuse parce qu’elle transmet la connaissance quand la religion transmet la croyance. Dès lors, donner un caractère religieux Ă  l’universitĂ© c’est la contraindre, la rĂ©duire alors qu’elle vise Ă  s’étendre, Ă  offrir au plus grand nombre notre bien commun : la connaissance.

Cela signifie-t-il que l’enseignement supérieur ne doit être confié qu’à l’Université ? Certainement pas. Mais seule l’Université permet à chacun d’accéder gratuitement au savoir universitaire. Ceux qui croient que la connaissance gagne en qualité parce qu’on a payé pour y avoir accès, que la croyance est l’égale de la connaissance, doivent pouvoir choisir un enseignement supérieur privé qu’il soit catholique ou non, mais celui-ci ne peut et ne doit dépendre que de fonds privés, et surtout il ne peut représenter la seule offre de formation à Laval. L’Université, parce qu’elle est un bien commun et qu’elle doit permettre à chacun quels que soient ses moyens d’accéder au savoir, reste et doit rester accessible à tous et donc bénéficier seule des fonds publics.

LoĂŻc Broussey

Secrétaire Départemental du SE-Unsa et de l’Unsa Education

 
 
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