Retour à l'article normal

SE-UNSA 51


 Par SE-UNSA 51

Action du 12 février ! Votre lettre est remise au Ministre

 

Lors de la journée d'action du 12 février , le SE-UNSA vous avait proposé de rédiger vos doléances au ministre Peillon.

Vous trouverez le courrier ci-dessous (et en téléchargement)

Lors de la visite de Vincent Peillon à Reims le 14 février, nous avons demandé une audience et avons remis ce courrier directement au chef de cabinet du ministre.

L'échange que nous avons eue a été enrichissant et sans langue de bois. il a été à notre écoute. Nous avons insisté sur la nécessite d'associer les enseignants à la réflexion, et en particulier sur la refonte des programmes qui va prochainement arriver.
Il nous a parlé de la Loi et de la rupture qu'elle apportait avec le Ministère précédent et la volonté du Ministre "d'asseoir le changement sur le premier degré , puisque c'est par là que tout commence". Il a indiqué que le texte de la Loi serait présenté aux députés en mars et que les débats autour de l'Ecole seraient très riches.

J'ai ensuite été interviewée par France 3 Champagne Ardenne.

La lettre a aussi été lue en son entier au CDEN.

 

                               Monsieur le Ministre,

 

Le SE-UNSA, comme vous le savez, n’a pas appelé à la grève nationale le 12 février 2013.  

Cependant, pour un certain nombre de nos collègues professeurs des écoles, la grève représente un moyen incontournable d’expression. Nous avons donc proposé à ces collègues de s’exprimer directement en élaborant ce courrier à votre attention. Voici les témoignages de ces enseignants du premier degré de la Marne, concernant la réforme des rythmes scolaires:

« Tout ça pour ça ! C’est pour moi, une grande déception. On a raté une belle occasion pour changer l’organisation du temps scolaire.  On est resté dans les mêmes contraintes. Quel dommage de ne pas avoir osé plus. Une véritable rupture était nécessaire, et pourquoi pas en reprenant du temps sur les grandes vacances, ce qui aurait donné de l’air. »

« Je m’attendais à être associée à une grande réflexion, sur une organisation pédagogique qui vise vraiment à améliorer la qualité de vie des élèves  et je pense qu’on va passer à côté de ça  »

« On a peur que le décisionnel nous échappe. Il nous semble indispensable de repréciser le rôle de chacun. »

« C’est une belle occasion de réfléchir à l’aménagement du temps de l’enfant pour déboucher sur une belle réforme, issue des « gens du terrain ».  Mais c’est une réforme à faire sur la durée. »

« Nous ne ressentons pas toujours les élus en phase avec nous. On a donné un pouvoir décisionnel à d’autres personnes. Les élus de ma commune  ne connaissent pas nos conditions de travail et pourtant ce sont ces élus qui vont décider pour nous. »

L’école élémentaire, l’école maternelle sont différentes des autres «collèges–lycée », ces spécificités seront-elles prises en compte ?

Qu’est-ce qu’on veut mettre dans ces temps périscolaires ? Les temps calmes, tout aussi importants que les temps d’activité pour l’épanouissement des enfants, pourront-ils être proposés ? Les conditions de locaux le permettront-elles ? »

« Trop de flou entoure ce PEDT, sa mise en œuvre, son contrôle, ses objectifs. Il y  a une hypocrisie à vouloir que l’éducation nationale s’empare de ces PEDT qui sont de la compétence des communes, et de  la Jeunesse et des sports. Il manque le lien qui permettrait une articulation école-périscolaire cohérente. »

« J’ai été choquée par l’augmentation des taux d’encadrement des animateurs. Jusque 18 enfants possibles au lieu de 14, cela va dégrader la qualité d’accueil des enfants »

« J’ai l’impression que chacun veut faire SA réforme : la réforme du parent, de l’élu, de l’enseignant ... Chacun y voit midi à sa porte. Comment pourrons- nous lier tout cela ? «   

« On se sent pressés par les communes, par le temps, les dates butoirs »

« Il faudrait pouvoir mutualiser toutes les réflexions et les expériences : il faut s’appuyer sur l’expérience des départements à 4,5 jours depuis longtemps et les bourgs qui ont déjà une organisation du périscolaire expérimentée et bien assise »

« La mairie fera payer le périscolaire. Alors, qu’en sera-t-il de l’APC, si les élèves sont inscrits à une activité périscolaire qu’ils auront payée, il y aura concurrence   Comment  un projet d’APC peut-il être scolairement cohérent puisque le cadre reste le volontariat des familles. »

« Nous avons besoin d’une information plus précise, plus concrète sur le calendrier à venir de la réforme en général :

Les nouveaux programmes : quand seront-ils appliqués ? Aurons-nous notre mot à dire ? Serons-nous consultés ?

Je ne vois pas d’annonce de maîtres supplémentaires dans mon école.

La formation des enseignants ? Nous notons avec  satisfaction la création des nouvelles écoles ESPE mais aurons-nous encore droit à de la formation continue, des congés de formation. Nous nous posons beaucoup de questions sur la formation à distance. »

« Cette auto-formation m’aidera-t-elle dans ma pratique de classe ? J’ai besoin de rencontrer mes collègues pour mutualiser, échanger nos pratiques. Sur quels temps ?  Je n’ai pas non plus envie d’avoir des semaines à rallonge.  Je n’ai pas l’impression de compter mon temps pour l’école, je donne beaucoup de mon temps personnel. »

« Personnellement, j’aurai 60 euros de crèche en plus par mois. J’attends du nouveau gouvernement la prise en compte de cette diminution de mon pouvoir d’achat. Mon salaire a encore baissé ce mois-ci»

« J’entends parler de l’ISOE pour les enseignants du premier degré. Pour moi c’est indispensable. Si je comprends bien que cette nouvelle dépense dans le budget ne peut pas se faire du jour au lendemain, là encore j’attends de mon ministre des annonces « fermes » qui me donneraient des perspectives. »

« Oui, nous avons fait grève aujourd’hui, mais pour tirer le signal d’alarme. Nous ne sommes pas contre cette Loi. Nous avons tellement attendu de changements. Nous voudrions être sûrs que cette réforme atteigne son but au service des élèves. »

 

Monsieur le Ministre, nous espérons que vous entendrez ces paroles, celles des « gens de terrain », professionnels et soucieux des enfants. Elles portent de l’inquiétude bien sûr, mais surtout de l’ambition constructive, dans l’intérêt de nos élèves en tout premier.

Au nom des enseignants de ce département, je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, en l’expression de mes respectueuses salutations,

Aline GEERAERTS