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SE-UNSA 51


 Par SE-UNSA 51

Formation des enseignants / analyse : retour en arrière de 30 ans !

 
Vendredi 13 novembre, les organisations syndicales UNSA-Education, SGEN-CFDT, FSU, CGT, FO, CSEN, FAEN ont été reçues au ministère par les chefs de cabinets des ministres de l’Education et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Ces derniers ont fait part des décisions du ministre concernant le recrutement et la formation des futurs enseignants.

Vous trouverez en pièce jointe :

- la présentation du ministre
- les analyses des quatre groupes techniques de propositions internes
 

Disons-le sans ambages, nous assistons à la disparition de la formation professionnelle des enseignants. C’est un retour en arrière de trente ans.

Les tenants du tout disciplinaire l’emportent sur toute la ligne. Le SNES ne s’y est pas trompé. Il a été la seule organisation à ne pas prendre la parole pour dire tout le mal qu’elles pensaient des propositions faites. D’ailleurs, son représentant s’est éclipsé à mi réunion ! C’est l’aboutissement logique de l’abstention de la FSU lors du CTPM de mai dernier. Ce ne sont pas les rodomontades de l’appel à la grève du 24 novembre qui pourront faire oublier sa terrible responsabilité dans le sacrifice de la formation professionnelle des enseignants. 

 
Que retenir des décisions du ministre ?
 
LES CONCOURS
Les concours auront désormais deux épreuves d’admissibilité à caractère disciplinaire et deux épreuves d’admission comportant une dimension professionnelle.
- Les épreuves d’admissibilité devront consacrer l’élévation du niveau scientifique, voulue par la réforme, et sélectionner les étudiants ayant le meilleur niveau scientifique dans la ou les discipline(s) (PE, PLP) concernées, car appuyées sur des masters « généralistes ». Elles ne comporteront pas d’évaluations à caractère didactique ou pédagogique, non pertinentes à ce stade.
- Pour le concours de recrutement des professeurs des écoles, les deux épreuves écrites concerneront deux domaines : le français et la culture humaniste, d’une part, les mathématiques et les sciences, d’autre part.
- Les programmes scolaires devront constituer l’univers de référence des savoirs évalués. Les programmes des concours traduiront de manière adaptée cet objectif.
 
- Les épreuves d’admission, au nombre de deux, vérifieront l’aptitude à enseigner − ou à exercer une mission éducative pour les CPE − mais également la capacité à contextualiser son enseignement ou sa mission éducative : connaissances des publics, des degrés d’enseignement, des deux curriculums de formation…
- La première épreuve sera, selon les disciplines, (ou les missions dans le cas des CPE) une leçon . Le cas échéant, elle pourra s’appuyer sur un montage expérimental pour les sciences ou des activités professionnelles antérieures, notamment pour les PLP.
- La deuxième épreuve consistera à analyser un dossier proposé par le jury dans un champ disciplinaire (ou un domaine pour les CPE), comportant des documents (écrits, sonores, iconographiques…). Un temps spécifique d’interrogation sur la maîtrise de la compétence « agir en fonctionnaire de l’État et de façon éthique et responsable » sera prévu.
 

Première surprise, le terme de pédagogie est banni de la présentation. La seule fois où on l’évoque c’est pour dire qu’on ne l’utilisera pas !

Il existe une méconnaissance totale de ce que recouvre la notion de « dimension professionnelle ». Pour nos interlocuteurs, cela se résume à une leçon présentée devant un jury mais… sans élèves. Comment peut-on encore affirmer, en ce 21ème siècle qu’il existerait une « leçon modèle » ?

Avec la prééminence du tout disciplinaire, les PE pourraient vite devenir des enseignants bivalents (français maths). Pour le reste, tout est renvoyé à des « modules complémentaires » qui seront proposés ou pas par l’université ou à des pré-requis (en langue notamment)
 
La ligne directrice de cette réforme est non pas d’offrir une réelle formation professionnelle aux quelques 15000 lauréats de concours mais d’essayer de permettre à ceux qui échoueraient aux concours de pouvoir s’orienter vers « autre chose » grâce au caractère « généraliste » des masters.. Voilà donc le paradoxe d’une réforme qui concernera surtout ceux qui ne veulent ou peuvent devenir enseignant ! Un comble !
L’épreuve de connaissance générale du système éducatif se voit reléguée à la marge.
 
LES STAGES
En ce qui concerne les stages, voici ce que dit le ministre :
- Les stages suivis par les étudiants ne peuvent pas être une condition pour se présenter à une épreuve et ne peuvent lui servir de support.
- Les stages effectués en milieu scolaire, indispensables à la formation progressive au métier, représentent un atout certain pour les épreuves orales d’admission.
- Le recteur est responsable, en liaison avec les établissements, de la répartition de l’offre de stages dans l’éducation nationale et de son adéquation avec les cursus des masters.
En clair, à part gagner 3000 euros, il n’y a aucun intérêt à faire un stage puisque ce ne peut être une condition pour se présenter au concours ! Quant à l’atout pour l’épreuve orale, comme ce n’est pas obligatoire, aucun jury ne pourra s’appuyer sur leur absence pour écarter un candidat !
 
Enfin, tout ce qui concerne des compétences aussi « peu utiles » que la maîtrise de la classe, le retour sur les pratiques professionnelles, la découverte d’autres niveaux d’enseignement, est renvoyé à la première année d’enseignement. Quant on sait ce qu’il en est des plans académiques de formation, on comprend bien que c’est considéré comme extrêmement secondaire.
 
En conclusion, tout le problème se situe au niveau de la place du concours. S’entêter à ne pas le positionner en fin de M1 a conduit au triste résultat que nous voyons aujourd’hui. Le dogmatisme, l’aveuglement ministériel vont conduire les futurs enseignants tout droit dans le mur. Ils seront la seule profession qui pourra se retrouver en situation professionnelle sans jamais avoir eu connaissance des outils. Enseigner sans avoir jamais vu un enfant et un élève, c’est ce que propose aujourd’hui le ministre de l’éducation nationale avec la complicité de la FSU. Nous saurons le rappeler.

En attendant, nous allons reprendre contact avec le ministère pour faire part de nouvelles propositions et tenter d’améliorer le processus.