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SE-UNSA 51


 Par SE-UNSA 51

CDEN du 24 novembre 2022 : bilan de rentrée

 

Le CDEN est une instance présidée par le préfet, en association avec le Dasen et le président du conseil départemental.

C'est l'occasion d'interpeler le représentant de l'Etat et ceux des collectivités également.

Le CDEN a compétence en la carte scolaire. En novembre, il fait le bilan de rentrée.


Déclaration de l'UNSA Education :

 

Déclaration liminaire CDEN de la Marne du 24 novembre 2022

Monsieur le Préfet,  

Monsieur l’Inspecteur d’académie,

Monsieur le Président du conseil départemental,

Mesdames et Messieurs,

 Le 12 septembre dernier, le ministre de l’Education M. Pap Ndiaye annonçait que la rentrée était bonne. Permettez-nous d’en douter. D’ailleurs, le Snpden-UNSA, membre de notre fédération Unsa-Éducation vient de rendre publique une enquête nationale. Il y dénonce une situation alarmante :

·        35 % des établissements ont au moins 1 poste enseignant vacant depuis la rentrée

·        + 1/3 des EPLE a au moins une absence longue durée non remplacée

·        34 % des établissements sont touchés par une absence de personnel non-enseignant

Ces chiffres sont inquiétants car ils existent malgré un recrutement de contractuels le plus souvent non formé.es. Le manque de personnels est pire que l’année dernière.

Nous souhaitons alerter sur la situation de tension croissante pour nos écoles, nos établissements et nos services. Dans le premier degré, le manque de remplaçants affecte directement les conditions de prise en charge des élèves. Dans le second degré, sur l’ensemble des territoires, elle conduit à des entorses, voire des fractures de la continuité du service public d’éducation.  

L’enquête de la DEPP confirme le baromètre UNSA Education : les personnels sont épuisés.

Cette situation à tous les niveaux de notre système éducatif accroît la pression sur les personnels en postes. Épuisés, ils sont soumis de plus en plus à des situations de dilemmes insolubles. C’est ce qu’ont fait ressortir différentes enquêtes récentes initiées au sein de notre fédération.

Le Projet de loi de finances 2023 prévoit la suppression de 1 985 emplois enseignants en 2023 (public/privé. et de 25 emplois chez les opérateurs (Cned, Canopé, Onisep). Pour le 1er degré, le gouvernement justifie les suppressions de postes par une prévision de baisse démographique de 91 200 élèves. Pour le 2d degré, il prédit une baisse de 5 000 élèves. Ces suppressions dégraderont encore les conditions d’exercice, notamment dans le 2d degré qui souffre déjà d’un trop plein d’heures supplémentaires

A l’heure où les métiers de l’Éducation manquent cruellement d’attractivité, il est impensable que l’État, garant du bon fonctionnement du service public d’éducation ne se saisisse pas pleinement de cette urgence éducative ! Le temps n’est plus aux constats (largement partagés par tous ceux qui s’intéressent au sujet) mais bien à l’action. C’est ce qu’attendent les personnels de l’Éducation nationale.

Tout saupoudrage ou autres mesures en trompe l’œil seraient vécues comme du mépris par celles et ceux qui semaines après semaines, mois après mois et bien souvent années après années s’échinent à faire fonctionner l’École de la République, le mieux possible ou serait-il plus juste de dire « le moins mal possible ».

Aussi l’Unsa-Éducation appelle-t-elle le Ministère de l’Éducation Nationale à se consacrer prioritairement au bien-être de ses personnels, clé de voute fondamentale à la réussite scolaire de nos élèves. Le bien être personnel passant aussi par la reconnaissance et une solide revalorisation.  

 

Réforme de la voie professionnelle :     L’Etat prépare une nouvelle réforme de la voie pro sous statut scolaire, la 3ème en 13 ans. Nous dénonçons le projet de réforme structurelle des LP qui mettrait en grave danger l’avenir scolaire et professionnel des jeunes et engendrerait des suppressions de postes chez les enseignants. L’augmentation de 50% des PFMP va diminuer d’autant les heures d’enseignement dans l’établissement pour les élèves, ce qui compromet gravement leur possibilité de réussir aux examens et de poursuivre leurs études. Pour nous, toutes les disciplines doivent être enseignées car elles jouent toutes un rôle essentiel dans la formation professionnelle et citoyenne des jeunes. Les fermetures et ouvertures de filières dans les établissements seraient décidées uniquement au prisme des besoins locaux de proximité ce qui, pour nos élèves, va considérablement réduire leur choix de formation. Les enseignant.es seront quant à eux sommés de se reconvertir.

Ce projet de réforme constitue un danger pour l’avenir des élèves et une véritable remise en cause d’un des piliers de l’école républicaine, l’égalité entre tous les jeunes.

 

Cette instance est aussi l’occasion pour nous, UNSA Education, de mettre en avant deux points :

·        Le dérèglement climatique qui s’intensifie, appelle à modifier structurellement les bâtiments et les cours des établissements afin de végétaliser davantage et de mieux isoler. Un plan ambitieux est-il prévu au niveau du département ? au niveau des communes ? Les établissements sont confrontés pour la deuxième année consécutive à des factures de fluides toujours plus importantes. Quel est l’accompagnement du conseil départemental dans la prise en charge de ces surcoûts ? 

·        La charge de travail des directeurs d’école : la loi Rilhac prévoit la possibilité de mise à disposition des écoles, d’une assistance administrative par l’ Etat, les communes et regroupement de communes. Pour l’Unsa, cette assistance administrative ne devrait pas être une option, mais bien une obligation. Les directrices et directeurs attendent du concret, et vite. Il est grand temps d’avancer sur ce sujet et que les pouvoirs publics quels qu’ils soient prennent leurs responsabilités.

 

INCLUSION / L’UNSA Education demande des moyens pour l’éducation inclusive

Des problèmes récurrents se posent dans le quotidien des écoles et des établissements, qui peuvent nuire au principe d’inclusion soutenu par l’UNSA Éducation. Pour notre fédération, ce principe, inscrit dans la loi, s’impose au système éducatif, c’est un idéal que nous voulons atteindre, dans le respect des besoins de chacun et chacune. Mais il faut donner au système éducatif les moyens de l’atteindre. A tous les niveaux, il est urgent de prendre en compte les réelles souffrances au travail et les problèmes sans solutions qui se cachent derrière les chiffres affichés de l’inclusion.

Les chiffres connus laissent à penser que l’inclusion est mieux prise en compte, avec 400 000 enfants scolarisés en situation de handicap (+15% par rapport à 2017) et 125 000 Accompagnant·es pour Élève en Situation de Handicap (+35% par rapport à 2017). La présence d’un·e AESH est une modalité de soutien, mais pas la seule. Pour l’UNSA Éducation, l’Éducation doit sortir d’une logique quantitative de l’inclusion pour améliorer qualitativement l’accueil des élèves à besoins éducatifs particuliers avec :

  • Généraliser la formation des personnels en collectifs inter-métiers pour partager les préoccupations de chacun dans ses missions.
  • Des parcours d’inclusion plus variés pour mieux respecter les besoins des enfants, par exemple, en lien avec les structures médico-sociales.  
  • Faire intervenir des professionnel·les du soin dans le milieu scolaire, avec l’installation de plateaux techniques dans les écoles et établissements pour favoriser la présence de spécialistes tels qu’ergothérapeutes, orthophonistes, kinésithérapeutes …
  • Donner un véritable statut aux personnels AESH, les former et les revaloriser
  • Implanter davantage de classes externalisées : une classe IME avec un enseignant·e spécialisé·e, dans une école ordinaire, qui permet alors une inclusion par projet thématique.
  • Rendre possible des loisirs, des vacances collectives comme une présence en colonie ou en centre aéré, qui sont aussi des temps où l’on apprend beaucoup et différemment.

Le milieu scolaire a besoin de soutien, d’une collaboration plus étroite avec le secteur médico-social et avec les familles pour partager les valeurs et les pratiques d’une inclusion réussie. Chaque institution doit jouer sa partition avec un objectif qualitatif. L’école ne peut pas tout, toute seule, même avec les personnels les mieux formés, les plus engagés et passionnés : la société toute entière doit soutenir et permettre la réalisation du principe d’inclusion.

 

Mixité sociale : la publication « nouvelle » des IPS livre un constat accablant de la ségrégation à l’École

L’indice de position sociale (IPS) mesure la composition sociale d’une école ou d’un établissement scolaire.  Ainsi, désormais, chacun peut observer, pour les établissements publics et privés, chiffres à l’appui, les ravages de la ségrégation sociale dans notre système éducatif, notamment liés au rôle de l’enseignement privé – essentiellement religieux – dans l’entre-soi scolaire des plus favorisés. Pour le CNAL, dont le SE-Unsa et l’Unsa Education sont membres, le constat est accablant.

 Au plan national, les tableaux des IPS en écoles et collèges montrent notamment que les établissements privés concentrent un public scolaire favorisé.

 Le rôle central de l’enseignement privé dans la ségrégation scolaire est un secret de polichinelle, dont tous les acteurs du système éducatif ont parfaitement conscience. Désormais, la publication des indices de position sociale vient objectiver cette situation et le constat est sans appel : l’enseignement privé concentre les élèves issus des milieux favorisés. C’est peut-être la principale raison de son existence.

 Or, c’est l’argent public qui le finance à hauteur de 73 % ; à cela s’ajoute le manque à gagner fiscal lié à des dons défiscalisés à des fondations qui n’alimentent que des établissements privés. La question de leur reconnaissance d’utilité publique est posée. À plusieurs  reprises, le CNAL a demandé à la Cour des comptes d’évaluer le montant global de la politique de financement public de l’enseignement privé. Sans réponse.

 Pour l’UNSA, mélanger les enfants et les adolescents quelle que soit leur origine sociale est une condition essentielle de la réussite scolaire de tous. Ce serait aussi favorable à la laïcité, car dans les écoles et collèges ségrégués, la revendication religieuse est plus forte. Il faudra donc beaucoup de lucidité et de courage pour faire Nation à travers l’École. La réussite de tous les élèves et notre avenir démocratique en dépendent.

Quelques exemples dans notre département.

Laïcité encore : nous célébrons cette année les 140 ans de l’École laïque. La loi du 28 mars 1882 portant sur l’organisation de l’enseignement primaire marque en effet une étape décisive pour la définition et l’affirmation de notre laïcité publique, complétée ensuite par la loi de Séparation de 1905 et l’inscription de ce principe dans notre constitution en 1946.
 

Aujourd’hui, le CNAL salue la volonté ministérielle de dénombrer les atteintes à la laïcité à l’École. Nous considérons toutefois qu’il faut aller plus loin.
Constater le nombre d’atteintes à la laïcité ne suffit pas, il faut aussi porter le regard sur les réponses apportées à ces désordres. En 2018, une étude du CNAL a montré qu’en cas d’entorse à la loi, qui interdit le port de signes et tenues manifestant ostensiblement une appartenance religieuse, 98% des situations étaient résolues grâce au dialogue. Il serait donc incomplet et injuste de ne pas mettre en évidence le travail fourni par les personnels pour faire respecter la loi.

 

Par ailleurs, la laïcité à l’Ecole ne concerne pas seulement   l’enseignement public. Le code de l’éducation précise que le partage des valeurs de la République s’applique aussi aux établissements privés sous-contrat et hors-contrat. Or les témoignages faisant état de situations de prosélytisme religieux dans des établissements privés-sous contrat ne sont pas rares. Quant aux établissements privés hors-contrat, notre récente étude sur l’obligation d’instruction a montré que les valeurs de la République, notamment le principe de laïcité, y étaient peu partagées.

 

Le 9 décembre, ce sera l’occasion de fêter la Laïcité. Comme chaque année, l’Unsa Education, le SE-Unsa au sein d’un collectif comportant la Ligue de l’enseignement, l’OCCE, les DDEN, la FCPE le Comité Départemental d’Action Laïque proposeront aux éducateurs, enseignants et non enseignants, un moment de réflexion autour d’une conférence sur la laïcité.  L’intervenant sera cette année Nicolas Cadène, ancien rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité de 2013 à 2021.



 rappel du bilan présenté en CTSD