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SE-UNSA 50


 Par SE-UNSA 50
 Le  dimanche 19 septembre 2021

Ecole bilingue : much ado about nothing (Beaucoup de bruit pour rien) ?

 

Si l’annulation du « Contrat du siècle » fait couler – à raison – beaucoup d’encre, elle est aussi de nature à interroger la pertinence du dispositif mis en place au sein de l’école Gibert-Zola de Cherbourg-en-Cotentin.

C’est que le dispositif initial (1 PMQC + 1 intervenante PLC + 1 locutrice anglaise) s’est enrichi au fil des ans avec notamment une brigade affectée à l’année en qualité de PMQC bis. Cette année, ces deux postes de PMQC ont été transformés en UPE2A spécifiquement affectés sur cette école sans prise en charge extérieure lors même que les deux vraies* UPE2A du secteur sont notoirement débordées.

Sans la vigilance syndicale, sans l’émoi des élus locaux, la DSDEN aurait également doté cette école de deux brigades supplémentaires spécifiquement destinés à l’accueil des élèves australiens. Un surcroît de moyens difficile à accepter quand d’autres écoles font face à un véritable afflux d’élèves originaires de Syrie ou d’Afghanistan**.

En la matière, les vagues d’arrivées massives d’élèves australiens annoncées par la mairie ou la DSDEN ne se sont jamais réellement vérifiées.

En cette rentrée qui a vu la labellisation de l’école en école bilingue, 7 élèves australiens sont ainsi accueillis. De quoi interroger un tel déploiement de force. Dans les faits, il semblerait au vu des réactions relatées par voie de presse que ce soient essentiellement les écoles privées sous ou hors contrat qui aient le plus à pâtir de ce revers industriel. Ce qui ne va pas nous tirer des larmes.

 

Quel avenir pour l’école bilingue ?

Deux hypothèses :

Hypothèse 1 : le dispositif est pérennisé. Ce serait reconnaître l’investissement indéniable de l’équipe de l’école Gibert-Zola qui a dû batailler ferme pour que les cours en langue anglaise soient élargis dans un premier temps à des élèves de langue anglaise – non australiens – puis à tous les élèves de l’école. Et on ne parle pas des changements d’emploi du temps en cours d’année, des réunions multiples, de la pression de notre hiérarchie…

Entre le storytelling du rectorat et la réalité, il y un sacré gap !

 

Hypothèse 2 : le dispositif cesse. Dans la mesure où ce fameux « contrat du siècle » a mis en branle ce dispositif, il ne serait pas scandaleux d’y mettre un terme dès lors que les élèves australiens auront quitté Cherbourg. D’emblée, le fondement éthique d’une telle inégalité de moyens allouée est difficile à assumer. Que les élèves de REP/REP+ soient mieux dotés ne fait heureusement pas débat car on donne plus à ceux qui ont moins. En revanche, donner + à ceux qui ont déjà + nous laisse dubitatif depuis 5 ans. De même que le fait que ces élèves échappent à la sectorisation scolaire.

En bon petit soldat du ministère acquis de gré ou de force à la cause australienne, c’est bien au développement d’une école à deux vitesses qu’a procédé la DSDEN pour s’assurer les bonnes grâces des acheteurs et marchands de canons. Un parti-pris pédagogique pour le moins iconoclaste et contestable.

*Le site développé par les UPE2A de la Manche ne fait aucune mention des UPE2A implantés sur l’école Gibert-Zola.

**En 2017, le département de la Manche accueillait 150 élèves allophones, selon un rapport de l’Assemblée nationale.