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SE-UNSA 50


 Par SE-UNSA 50
 Le  mardi 26 novembre 2019

Conférence Maths Cherbourg : 0 + 0 = ?

 

Lundi, les collègues de cycle 2 et 3 des 3 circos du Nord-Cotentin étaient conviés à une conférence pédagogique animée par Serge Petit, professeur de mathématiques honoraire de l’IUFM d’Alsace.

Edit : nous publions en fin d'article un droit de réponse rédigé par Annie Camenisch (voir ci-dessous).

 

« Je suis là à titre gratuit donc je vais faire ma pub. » Le décor est planté. Serge Petit, auteur avec Annie Camenisch, de la méthode Je construis les maths avec les NuméRas, jugée « innovante » par le Cnesco, est donc venu « faire sa pub » devant près de 400 collègues à Cherbourg et au vu des retours des collègues, il n’est pas sûr qu’il ait fait recette.

Pour ceux que ça intéresse, une version assez proche du diaporama présenté lundi soir est disponible à cette adresse. Il s’agit du site de l’Enseignement catholique de Paris. Tout un programme.

 

En fait de pub, les collègues ont surtout eu le droit à un festival de jargon estampillé IUFM. « Représentation tabulaire » ? C’est un tableau. « Egalité résolvante » ? c'est une opération permettant de résoudre un problème. Un autre exemple ? Notre brillant intervenant interroge l’assemblée. « Que signifie le préfixe « re- » dans le mot « représenter » ? » Une collègue téméraire tente une réponse. «  Le préfixe « re- » signifie « de nouveau ». Réponse de l’intervenant : « Oui, oui mais en fait Non, pas du tout ! Représenter, c’est présenter avec force, avec conviction ». OK, dont acte. Et si l’on interroge le Littré, dictionnaire qui fait autorité, quelle est la définition de « représenter » ? Sens 1 : « Présenter de nouveau. »

 

Puisqu’il est question de représentation, qu’en est-il du ressenti d’une bonne partie des collègues à l’issue de cette conférence ? « Méprisant », « malaimable », « inutile », « imbuvable ». Il faut dire qu’au-delà du jargon auquel l’ensemble de la profession est habitué, la conception globale de cette conférence dont l’enseignement essentiel réside dans le fait qu’il faut « reformuler » au cycle 2 – quel scoop ! » nous laisse quelque peu interrogatif. Un diaporama diffusé à vitesse grand V, des problèmes piégeux conçus pour que les enseignants présents se plantent, un mépris affiché à l’égard des pratiques enseignantes.

 

La seule réussite de cette conférence pédagogique, c’est d’avoir réuni tous les ingrédients de ce que les enseignants ne veulent pas/ ne veulent plus en terme de formation continue.

Depuis l’IUFM/Espé/Inspé, les collègues sont biberonnés au socio-constructivisme mais au sein de la formation, c’est bien le transmissif qui règne en maître. Cette conception pyramidale de la formation et plus généralement de notre ministère où les chefs décident de ce qui est utile aux collègues est délétère. C’est une perte de temps pour l’ensemble des collègues. Quant au mépris évident, il montre une fois encore que la bienveillance et la confiance ne sont que des mantras ministériels destinés aux seuls élèves. Pour les personnels, on repassera.

 

Nous voulons des formations qui répondent aux besoins exprimés par les collègues. C’est le sens des mandats adoptés par le Se-Unsa lors de son congrès de Perpignan en mars 2017 : « 

Pour le SE-Unsa, il faut dépasser la logique de formation continue pour aller vers la logique de développement professionnel. Cela sous-entend que les personnels sont acteurs de leur projet de formation et que celui-ci s’inscrit dans un temps plus long. On doit ainsi passer de l’action de formation ponctuelle et thématique le plus souvent imposée par l’institution, au parcours de formation construit avec le professionnel lui-même. »

 

Sans cette prise en compte des besoins des collègues, on s’achemine vers une fracture grandissante entre le terrain et la hiérarchie. A ce titre, on peut s’interroger. Quel est le sens de convier 400 collègues à une conférence ? Pense-t-on un seul instant qu’une telle configuration va favoriser le dialogue ? Où est le respect des personnels quand certains reçoivent la convocation à peine deux semaines avant la conférence (on s’organise comment???!!!) ? Où est le respect des personnels quand certains collègues reçoivent des convocations mentionnant comme horaire 17h-19h et d’autres 17h30-19h30 ? Où sont le respect des personnels et le respect de l’articulation vie perso/vie pro quand on propose de tels horaires de réunion ?

Edit : la publication de cet article a suscité de nombreuses réactions. Parmi celles-ci, Annie Camenisch (citée en début d'article) nous a adressé un droit de réponse. Dans la mesure où nous attendons de notre administration qu'elle sache entendre nos critiques, il nous paraît, on ne peut plus légitime, de publier in extenso ce droit de réponse (publication effectuée avec l'accord de l'intéressée).