Depuis la rentrée, nous constatons un nombre croissant de dépôts sur le registre de santé et sécurité au travail (RSST) concernant la prise en charge d’élèves à troubles du comportement (insultes, coups, morsures, violences physiques et morales…).

Tant en élémentaire que dans le secondaire, les enseignants nous alertent sur leur souffrance au travail face à une prise en charge d’élèves relevant de carences éducatives, d’aides médicales. Quelquefois ces élèves ne relèvent pas encore du champ du handicap et n’ont aucune aide. L’enseignant est alors confronté à la solitude, à la gestion d’une classe avec un élève dont il craint les débordements. L’ensemble de l’équipe est souvent mis à mal, on en parle à la pause, pendant les récréations. Ce sujet occupe toute notre vie professionnelle.

Comment faire pour continuer son métier d’enseignant avec la crainte de devoir gérer une situation de crise potentiellement destructrice ?

Les aides existent : conseillers pédas, mise en place d’équipes éducatives… Souvent les IEN soutiennent les professeurs en leur apportant l’écoute nécessaire et une prise en charge efficace. Cependant certains d’entre eux adoptent encore un rôle de censeur remettant systématiquement en cause le travail du collègue qui alerte. On le voit encore dans les suivis des dépôts RSST, les réponses des IEN peuvent mettre à mal l’enseignant tant d’un point de vue professionnel que psychologique.

Face à de telles réponses, les membres du CHSCT de la Manche ont souhaité la tenue d’un comité extraordinaire sur la question de la prise en charge des élèves à troubles du comportement et des conditions de travail des enseignants, rappelant à l’administration son devoir de protection de ses employés. Nous avons insisté sur le fait que les collègues qui déposent sur le RSST ont déjà tout essayé dans la prise en charge de ces élèves. Ils nous alertent car ils ne savent plus vers qui d’autre se tourner. A ce stade, ils attendent un soutien efficient de leur hiérarchie. Régulièrement lors de nos réunions de veille RSST, nous pointons les réponses insatisfaisantes voir humiliantes de certains IEN dont on attendrait plus de bienveillance…

Le Dasen nous a répondu qu’il constatait une augmentation de ces élèves TDC, qu’il allait rappeler à l’ensemble de ses inspecteurs leur rôle d’écoute, insistant sur le fait que l’Education Nationale se devait de scolariser TOUS les élèves, que quelquefois la scolarisation à temps partiel pour certains de ces élèves pouvait être une réponse et qu’il étudierait toutes les demandes étayées.

Vos élus CHSCT quant à eux, ont dit qu’ils allaient être vigilants sur cette question, que le protocole départemental de prise en charge d’élèves TDC mis en place l’an dernier ne suffisait pas en soi, que les collègues attendaient une réelle écoute bienveillante, un soutien efficient et surtout un refus de voir systématiquement leur travail remis en cause.

N’hésitez pas à nous demander conseil pour vos dépôts sur le registre de santé et sécurité, outil de défense de vos conditions de travail.

Corinne Harel et Florence Bernède
Elues CHSCT pour l’Unsa éducation