Madame la Directrice Académique de l’Education Nationale,

Mesdames et Messieurs les membres de la CAPD,

Nous y sommes. Le confinement acte III, marqué par une nouvelle fermeture des écoles, se déroule en ce moment-même.

Depuis des mois, le ministre de l’Education nationale ne cesse de nous dire que les élèves ne sont pas contaminants, ne sont pas contaminés. Cependant, l’explosion des cas dans les écoles prouve le contraire. La fermeture des écoles et le déplacement des vacances scolaires sont une première réponse faite à la suite de la recrudescence de l’épidémie dans certaines régions depuis quelques semaines. Malgré cela, le manque de dialogue et d’anticipation perdurent. Créant ainsi tensions et stress, que ce soit du côté des personnels, des familles ou encore des élèves.

Une fois de plus, cette nouvelle semaine de travail en distanciel / présentiel a été préparée à la dernière minute. Heureusement que nos collègues sont ingénieux, réactifs. Ils n’en restent pas moins épuisés.

Cette crise aura eu le mérite de mettre en avant des problématiques qui n’avaient jamais été questionnées : nous avons appris à mesurer les distances entre les tables, à penser aération avant de penser surveillance des élèves, … Nous pensons masque à longueur de journée, nous comptons et évaluons les distances entre les enfants, nous désinfectons les surfaces, les objets… Mais cette crise sanitaire aura eu le mérite de mettre en avant une fonction essentielle au sein de notre métier : celle des brigades.

Ces enseignants remplaçants sont corvéables à merci. Ils n’ont pas à se porter volontaires, ils le sont d’office, s’ils n’ont pas d’affectation, comme le stipule le courrier que le service des ressources humaines leur a adressé vendredi soir à 17h19, alors que dans de nombreuses académies, la DSDEN a maintenu le caractère volontaire à l’ensemble du personnel, à raison puisque le volontariat est bien la règle édictée par le ministère. Prévenus tardivement, entraînant certaines difficultés pour des équipes qui pensaient compter sur eux, entraînant des difficultés pour la garde de leurs enfants pour d’autres… Mais ils sont là, présents, toujours sur le front. Ce sont eux qui ont statistiquement le plus de malchance de croiser la maladie depuis septembre. Eux qui vont d’une école à l’autre, rencontrant des collègues potentiellement porteurs, rencontrant un nombre important d’enfants, eux qui doivent découvrir, décliner, appliquer les différents protocoles en un laps de temps dérisoire.

L’objet de cette CAPD – la promotion aux 7^e et 9^e échelons par le biais de l’avancement accéléré – est de nature à interroger la considération accordée à ces personnels en regard de leur investissement. Le Se-Unsa souhaiterait à ce titre savoir combien de personnels remplaçants sont promus via cette campagne de promotion. L’investissement de nos collègues brigades mérite d’être reconnu au-delà d’une rétribution supplémentaire. La spécificité de leurs missions doit être mieux prise en compte dans l’appréciation de leur valeur professionnelle. C’est la raison pour laquelle le Se-Unsa revendique l’élargissement des fonctions éligibles à la classe exceptionnelle aux personnels remplaçants.

Malheureusement, ces collègues d’importance, ceux que l’on voit arriver avec soulagement et bonheur dans les différentes écoles, ceux qui nous manquent depuis le début de l’année, n’ont de cesse de penser que l’administration ne les considère pas. Qu’en est-il de la récupération de leurs heures supplémentaires de l’an passé ? Et de celles de l’année en cours ?

Si la DSDEN de la Manche aspire à une forme d’avant-garde sur la question de la direction d’école, le Se-Unsa revendique une meilleure gestion des personnels remplaçants à court comme à long terme, une prise en compte de leur spécificité dans leur déroulement de carrière, une formation continue adaptée et le respect des droits de ces personnels.

La crise Covid était censée donner naissance aux jours heureux. Il n’est jamais trop tard pour s’en préoccuper.

Je vous remercie.