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ESPE : les stagiaires mĂ©ritent mieux
Article publié le jeudi 4 octobre 2018.
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Mercredi 3 octobre, l'Inspection académique de la Manche proposait - mieux vaut tard que jamais - une demi journée de formation à destination des collègues en poste partagé avec des PES. L'occasion de se poser quelques questions concernant le fonctionnement de l'ESPE et l'organisation de l'année de stage des PES.

Contrairement à ce que prétendent le SRH et l'ESPE, ce n'est pas un poste anodin que de partager son poste avec un PES.

D'abord parce que c'est une expérience enrichissante parce qu'elle nous replonge dans nos propres débuts, parce qu'elle ré-interroge nos pratiques, parce qu'elle nous fait rencontrer nos nouveaux collègues.

Ce n'est pas anodin aussi parce que c'est une expérience chronophage parce que les PES espèrent - et c'est bien normal - pouvoir compter sur leurs collègues normalement plus expérimentés pour gérer la classe dans sa dimension administrative, avec tout ce que cela suppose.

Ce n'est pas anodin parce que ces postes partagés ont une large part d'implicite : on sait que l'ESPE raffole des projets en sciences ou en EPS (les projets en lien avec l'apprentissage de la grammaire sont plus rares), ce qui suppose que leurs binômes prennent davantage en charge l'enseignement des fondamentaux.

Ce surcroît de travail n'est aucunement reconnu par l'administration. Ni financièrement alors que les Maîtres d'accueil temporaire (MAT) reçoivent une compensation financière lorsqu'ils accueillent des stagiaires dans leur classe ; ni en terme de promotion, le fait d'être MAT est pris en considération "pour juger de leur valeur professionnelle" pour un accès plus rapide à la hors classe, pourquoi les collègues partageant une classe avec des stagiaires ne bénéficieraient-ils pas de la même bienveillance ? ; ni en terme de mouvement, des bonifications de barème sont octroyées aux collègues affectés sur des postes qui souffrent d'un déficit de candidats, pourquoi n'en serait-il pas de même dans ce cas précis ?

Dans les faits, le déficit de candidats est tel que la DSDEN affecte désormais des T1 en mi-temps partagé avec des PES. Frustrant, flippant, ingérable. Les mots manquent pour qualifier le ressenti des collègues qui vivent cette situation.

Autre problème : on affecte année après année des PES dans des écoles où les difficultés sont telles que les conditions d'une année de stage réussie n'ont jamais été réunies. Ce qui soulève une autre question : celle du bilan des années de stage. A aucun moment, les équipes de circonscription ne semblent s'interroger sur l'opportunité d'affecter un PES dans une école ? Pire, des écoles découvrent au mouvement que leur école accueillera un PES l'année d'après. Là encore, nous en sommes en droit d'interroger la DSDEN quant à ces dysfonctionnements à répétition.

Et que dire des équipes mises devant le fait accompli qui s'arrachent les cheveux en conseils des maîtres pour délivrer au PES affecté dans leur école un poste compatible avec le cahier des charges imposé par l'administration : éviter le CP, éviter le CM2, éviter les classes trop complexes... Certaines équipes passent l'intégralité de leur mois de juin à proposer différentes organisations à la DSDEN et à leur IEN sans le moindre accompagnement spontané de la hiérarchie.

Plaçons-nous aussi du côté des PES. La carte des affectations de PES est une belle illustration de la déconnexion entre l'administration et la réalité des stagiaires. Où ont été formés les stagiaires ? à la fac de Caen. Depuis la mise en place du recrutement au niveau master, le Se-Unsa observe un accroissement des demandes d'exeat chez les stagiaires, demandes d'exeat qui visent essentiellement le Calvados, où nos jeunes collègues ont fait leur vie. Si, par le passé, une grande partie souhaitait s'installer au nord du département, nombreux sont ceux désormais qui espèrent être nommés à Saint-Lô ou autour de l'A84 pour pouvoir rentrer chez eux le soir, dans le Calvados. Pourtant, la DSDEN continue d'affecter les PES en fonction des lieux d'implantation des PEMF. Parce que ce qui compte pour la DSDEN, ce n'est pas de savoir si les lieux d'affectation permettent aux stagiaires de vivre une année de stage compatible avec leur vie personnelle. Ce qui compte, c'est de limiter l'enveloppe de déplacements kilométriques des PEMF. Résultat : les postes de stagiaires sont essentiellement disposés autour de Cherbourg, Saint-Lô, Granville et Avranches. Et si ces trois dernières villes peuvent convenir à la rigueur, imaginez la tête d'un PES qui habite à Lisieux avec ses enfants et qui se retrouve affecté dans le Val de Saire - n'y voyez aucune connotation péjorative de ma part, j'y ai vécu au siècle dernier.

Ceci, c'est pour la dimension géographique. Mais que dire de la dimension humaine ? L'an passé, le Se-Unsa a rencontré Mme Garncarzyk, directrice de l'ESPE Basse-Normandie, afin de lui faire part des difficultés rencontrées par les stagiaires au cours de leur année de formation, notamment dans leurs relations avec l'ESPE. Principaux sites mis en cause : Alençon et Saint-Lô. A la suite de cette rencontre, nous avons obtenu qu'une cellule psychologique soit mise en place à l'ESPE d'Alençon. Quant au site saint-lois, la pression exercée par les formateurs faisait également l'objet d'une très grande attention de la part de la directrice de l'ESPE Basse-Normandie.

Il faut dire que la pression subie par les stagiaires est d'une rare intensité avec notamment une demande constante d'écrits et de rapports divers qui s'ajoutent à la préparation de classe, chronophage lors de cette première année.

La multiplicité des questionnements exposés ici exige de la part de l'ensemble de la profession et principalement de l'ESPE et de la DSDEN une mobilisation générale pour répondre à ce défi majeur qu'est la formation. Au Se-Unsa, nous sommes prêts à instaurer un dialogue de qualité avec nos interlocuteurs pour que la bienveillance et la confiance ne soient pas de simples mantras médiatiques mais une réalité pour tous les collègues : stagiaires et binômes de stagiaires.

Au vu du compte-rendu de cette journée de formation mercredi, nous sommes malheureusement amenés à douter de la capacité des coordinateurs de l'ESPE de Saint-Lô de mener à bien ce chantier. En effet, lors de ce stage de formation initié par la DSDEN, une coordinatrice de l'ESPE s'est en effet livré à une critique en règle de l'action syndicale. Verbatim : "

Dès qu'il y a un problème, vous pouvez être sûrs, si si, je vous jure, que les syndicats débarquent dans mon bureau dans les 3 minutes", à propos des enseignants et des relations avec les parents d'élèves : "Ils ont peur de se retrouver devant les tribunaux, moi ce sont les syndicats qui débarquent dans mon bureau 3 minutes après un souci au sein de l'ESPE". Une critique en règle qui fait écho à ces propos rapportés par des PES lors de la journée d'accueil des stagiaires à Saint-Lô. Propos selon lesquels l'ESPE aurait délibérément placé les syndicats dans une salle à part "pour ne pas qu'ils vous sautent dessus."

 

Cette conception de l'action syndicale interroge à plus d'un titre : que viennent faire ces considérations personnelles dans une formation placée sous l'égide de la DSDEN ? Qu'attend l'Inspection académique pour rappeler à l'ordre des formateurs qui conspuent ainsi l'action des corps intermédiaires ? Quelles pressions s'exercent au sein de l'ESPE à l'égard des collègues syndiqués ?

Au-delà de cet épiphénomène, nous nous interrogeons sur la capacité de l'ESPE à entendre les difficultés des stagiaires quant à leurs problèmes sur le terrain, alors même qu'eux-mêmes ne sont plus sur le terrain depuis une époque "que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître" ? Nous nous interrogeons également sur les suites que donneront la DSDEN et l'ESPE par rapport à la situation des binômes affectés en complément des PES. Non-affectation des T1 sur des compléments de PES, appels à candidatures sur les postes de compléments de stagiaires.

Une journée de formation ne saurait suffire à répondre à la multiplicité des situations et, n'en déplaise peut-être à la DSDEN mais surtout à une formatrice de l'ESPE, la résolution de ces problèmes exige la participation d'organisations syndicales responsables. L'absence de Table ronde sur cette question ainsi que de Groupes de travail interrogent durablement les responsables syndicaux que nous sommes.

 

 

 

 

 
 
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